Un premier Conseil des ministres dominé par les accusations de viol visant Damien Abad
Le premier conseil des ministres se tient lundi matin autour d'Emmanuel Macron et de sa Première ministre Élisabeth Borne avec une attention particulière portée sur la question du pouvoir d'achat. Mais cette question risque d'être mise en sourdine par l'affaire Damien Abad, accusé de viol par deux femmes.
Premier Conseil des ministres un mois presque jour pour jour après la réélection d’Emmanuel Macron. L'équipe de la nouvelle Première ministre Élisabeth Borne doit fouler, lundi 23 mai, peu avant 10 heures, le gravier de l'Élysée pour un Conseil des ministres qui lance véritablement le second quinquennat d'Emmanuel Macron, avec déjà une fausse note : les accusations de viol visant Damien Abad.
Trois jours après la fin de la longue maturation qui a présidé au casting de Matignon comme des ministres, le nouveau gouvernement se réunit au grand complet avec au menu les grandes priorités tracées par le président : école, santé, transition écologique mais aussi lutte contre l'inflation.
"Le premier texte examiné par la nouvelle Assemblée nationale sera donc sur le pouvoir d'achat", a d'ailleurs confirmé Élisabeth Borne dans un entretien au Journal du Dimanche.
La Première ministre a égrené différentes mesures prévues dans ce futur texte, concrètement une loi rectificative du budget 2022 : prolongation du bouclier tarifaire, chèque alimentation, relèvement du point d'indice des fonctionnaires, suppression de la redevance audiovisuelle, etc.
Autant de mesures au goût sucré pour les ménages mais au coût salé pour les finances publiques, alors que se profilent les élections législatives pour lesquelles la majorité est donnée favorite en dépit d'une probable forte poussée de la gauche unie.
Pap Ndiaye et Damien Abad particulièrement scrutés
Ce Conseil des ministres sera l'occasion d'un premier tour de piste pour les nouveaux entrants d'un gouvernement Borne qui compte cependant en son sein une majorité de membres de l'équipe sortante (14 sur un total de 27 membres).
Parmi les nouveaux visages, celui du ministre de l'Éducation nationale, l'universitaire Pap Ndiaye, sera au centre des attentions. Seule véritable surprise du nouvel exécutif, sa nomination a suscité un tombereau de réactions furieuses à l'extrême droite, qui l'accuse de "vouloir déconstruire le pays".
>> À voir, notre diaporama : "En images : Colonna, Ndiaye, de Montchalin... les visages du gouvernement d'Élisabeth Borne"
Mais l'agenda politique de l'exécutif va devoir compter avec l'affaire Damien Abad, révélée pendant le week-end. Nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, l'ancien président du groupe Les Républicains (LR) à l'Assemblée nationale et principale prise de guerre de la macronie depuis la victoire du président sortant le 24 avril, fait face à de graves accusations de viols dans un article publié samedi par Médiapart – accusations qu'il nie "avec la plus grande force".
Selon Mediapart, deux femmes, dont le journal a recueilli les témoignages, accusent Damien Abad de viol en 2010 et en 2011. Un signalement a été effectué la semaine dernière auprès de LR, La République en marche (LREM) et de la justice, qui dit l'analyser. Le parquet de Paris a déjà classé sans suite deux plaintes, en 2012 et en 2017, de l'une des plaignantes.
Élisabeth Borne "pas au courant"
Après les critiques visant l'investiture du LREM Jérôme Peyrat, condamné en 2020 pour des violences envers une ex-compagne, et qui s'est finalement résolu à retirer sa candidature, l'exécutif et la majorité doivent affronter une nouvelle tempête sur le dossier des violences faites aux femmes.
"Pas au courant" de ces affaires avant leur révélation par Médiapart, Élisabeth Borne a promis de tirer "toutes les conséquences" en cas de "nouveaux éléments" et de saisine de la justice, à l'occasion d'un déplacement dans le Calvados où elle brigue un premier mandat de député.
À trois semaines du premier tour des législatives, l'Élysée a d'ailleurs mis la pression sur les quatorze ministres-candidats. Conformément à une règle non écrite datant de 2007, et déjà édictée en 2017 par Emmanuel Macron, ils devront démissionner en cas de défaite à ce prochain scrutin. Une règle qui vaut aussi pour Élisabeth Borne.
Avec AFP