Affaire Damien Abad : la justice n'ouvre pas d'enquête "en l'état" sur les accusations de viols
Le ministre français Damien Abad arrive pour la première réunion ministérielle du nouveau Premier ministre, le 23 mai 2022.
Le parquet de Paris a indiqué, mercredi, qu'il n'ouvrait pas d'enquête préliminaire "en l'état" sur les accusations de violences sexuelles visant le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad. En cause, le manque d'élément "permettant d'identifier la victime des faits dénoncés".
Pas d'enquête ouverte pour le moment. Le parquet de Paris a fait savoir, mercredi 25 mai, qu'il n'ouvrait pas d'enquête préliminaire "en l'état" sur les accusations de violences sexuelles visant le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad, faute "d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés".
"En l'état, le parquet de Paris ne donne pas de suite au courrier émanant de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles", qui lui transmettait le témoignage d'une femme accusant Damien Abad de viol, "faute d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés et, dès lors, faute de possibilité de procéder à son audition circonstanciée", a précisé le parquet.
Cette décision s'inscrit dans la politique pénale mise en place depuis quelques années par le parquet de Paris en matière de violences sexuelles : une enquête est systématiquement ouverte dès lors qu'une victime mineure au moment des faits est évoquée, et même en l'absence de plainte, afin notamment de vérifier s'il n'en existe pas d'autres.
Témoignages
Mais si les faits concernent des majeurs, ce parquet se réserve la possibilité d'ouvrir une enquête uniquement si une plainte est déposée. La communication du parquet de Paris, mercredi, est rarissime lorsqu'il s'agit d'expliquer pourquoi il n'ouvre pas d'enquête.
Le lendemain de la nomination du gouvernement d'Élisabeth Borne, Mediapart a diffusé les témoignages de deux femmes accusant le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées de les avoir violées en 2010 et 2011.
La première, Chloé (prénom modifié), âgée de 41 ans, dénonce des faits qui se seraient déroulés lors d'une soirée à l'automne 2010. Ce sont les faits qu'elle a dénoncés qui étaient au cœur du signalement récent de l'Observatoire, sur lequel le parquet n'a pas souhaité ouvrir d'enquête à ce stade.
La seconde ayant témoigné auprès de Mediapart, Margaux, s'était rendue dans un commissariat pour témoigner en 2012, puis avait déposé une plainte en 2017. Elle a confirmé son récit à l'AFP.
Le parquet avait indiqué dimanche "qu'une première plainte déposée pour des faits de viol a été classée sans suite le 6 avril 2012 du fait de la carence de la plaignante". Une deuxième plainte "pour les mêmes faits a été classée sans suite le 5 décembre 2017" faute "d'infraction suffisamment caractérisée".
Appels à démission
Depuis la parution des articles, Damien Abad a rejeté les accusations. "Je n'ai jamais violé une seule femme de ma vie", s'est-il défendu lundi.
La maladie neuromusculaire congénitale rare dont il souffre, l'arthrogrypose, rend impossibles les faits dont on l'accuse, a affirmé celui qui était jusqu'à il y a peu le patron des députés LR.
À deux semaines et demie des élections législatives, Emmanuel Macron est mis en difficulté par les révélations de violences sexuelles visant Damien Abad, principale prise de guerre de la Macronie post-présidentielle.
Les appels à la démission se sont multipliés ces derniers jours dans les rangs de l'opposition et des associations féministes.
Comportement "lourdingue"
Ces dernières ont notamment manifesté mardi à Paris pour dénoncer "un gouvernement de la honte", à l'appel de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, une association créée en février dans le sillage du mouvement #MeToo et qui n'échappe pas aux critiques sur d'éventuelles motivations politiques.
"Un homme innocent doit-il démissionner ? Je ne crois pas", a indiqué Damien Abad. "La justice est la seule à devoir ou à pouvoir trancher", l'a appuyé lundi, à l'issue du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, sa porte-parole Olivia Grégoire, estimant qu'il revenait à la justice d'"établir la vérité" tout en rappelant la 'tolérance zéro' du chef de l'État et de la Première ministre pour les délinquants sexuels".
Depuis la parution de l'article de Mediapart samedi relayant les accusations de viol, plusieurs témoignages anonymes de membres de LR ont fait en outre état d'un comportement "lourdingue", voire "déplacé", du néo-ministre, supposément bien connu de son entourage politique.
La Première ministre Élisabeth Borne a assuré, de son côté, ne "pas avoir été au courant" de ces affaires lors de la composition de son gouvernement.
Avec AFP