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Le combat des ONG pour faire exister le climat dans la campagne présidentielle

ÉLYSÉE 2022 Des manifestants présents à la marche pour le climat à Nantes, le 19 mars 2021, organisée par le mouvement Youth for Climate. Sujet de préoccupation majeur chez les Français et enjeu planétaire, les questions climatique et environnementale sont absentes de la campagne présidentielle. Pour leur donner davantage de visibilité, les ONG organisent ce week-end des marches et un débat entre candidats. La guerre en Ukraine occupe les esprits et l’espace médiatique. Au milieu des débats sur Vladimir Poutine, sur l’Otan, les sanctions économiques ou la défense européenne, la campagne présidentielle a du mal à exister. Et c’est encore plus vrai pour les questions climatique et environnementale, déjà peu présentes dans les médias avant le conflit, mais qui sont désormais complètement passées à la trappe. Du 2 au 8 mars, les enjeux liés au climat n’ont ainsi représenté que 1,5 % du temps de parole dans les médias, selon le baromètre climat de L’Affaire du siècle, association à l’origine de la condamnation de l’État pour inaction climatique. Pourtant, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), publié lundi 28 février, est des plus alarmants. Les experts onusiens y rappellent que la moitié de la population mondiale est d'ores et déjà "très vulnérable" aux impacts cruels et croissants du changement climatique, et que l'inaction "criminelle" des dirigeants risque de réduire les faibles chances d'un "avenir vivable" sur la planète. "C’est assez fou de constater un tel déni climatique de la part des candidats et des médias, alors qu’il s’agit d’un enjeu primordial", estime Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France (ONG membre de L’Affaire du siècle), ancienne ministre du Logement de François Hollande et ex-patronne d’Europe Écologie - Les Verts (EELV), contactée par France 24. "Une partie des candidats n’a pas envie de parler du climat parce que c’est un sujet complexe. Mais on voit aussi que les journalistes se concentrent sur d’autres thématiques. Le climat et l’environnement ne sont jamais évoqués, ou à peine, de façon marginale à la fin, lors des émissions politiques. Et c’était déjà comme ça avant la guerre en Ukraine." Le climat, un enjeu capital pour 94 % des Français Selon Cécile Duflot, les médias font l’impasse car ils trouvent la question climatique "trop anxiogène" et estiment que "ça n’intéresse pas les Français". Un récent sondage indique toutefois le contraire : 94 % des Français estiment que le dérèglement climatique est un enjeu capital, et même "prioritaire" pour 47 % d’entre eux, selon cette étude Ipsos publiée le 5 février par Le Parisien. Plusieurs appels ont été lancés pour tenter de donner une place plus importante aux questions climatique et environnementale dans la campagne présidentielle. Trois associations de journalistes spécialisés ont appelé à "mieux couvrir la crise écologique" dans une tribune publiée le 14 janvier sur le site Internet Reporterre. Puis 1 400 scientifiques, dont certains membres du Giec comme Valérie Masson-Delmotte, ont appelé les candidats à la présidentielle et les médias, dans une tribune publiée le 1er février sur le site de Franceinfo, à sortir "des discours de l’inaction" pour que les "les candidats et les candidates" puissent "s'exprimer, et donc être interrogés, sur des questions de fond". Enfin, L’Affaire du siècle y est aussi allée de sa tribune, publiée le 17 février dans Le Monde, pour replacer le climat au cœur du débat pour l’élection présidentielle avec un leitmotiv : "Pas de climat, pas de mandat !" >> À lire : Présidentielle : que proposent les candidats pour l’environnement ? "Rétrospectivement, entre la pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine, on voit que se posent dans l’actualité les questions d’indépendance aux fossiles, de délocalisation, de souveraineté alimentaire et de souveraineté énergétique, souligne la directrice d’Oxfam France. Or, débattre du réchauffement climatique et de l’environnement, c’est apporter des réponses à ces questions." À défaut d’obtenir de la part des médias l’organisation d’un débat télévisé entre les candidats – approchées, les principales chaînes de télévision ont toutes refusé – L’Affaire du siècle a fini par se résoudre à l’organiser elle-même. Le débat se tiendra dimanche 13 mars sur la chaîne Twitch de Jean Massiet, journaliste politique indépendant et bien connu des utilisateurs de cette plateforme. Un format "grand oral" avec Emmanuel Macron ? "L’avantage de Twitch, c’est le côté interactif avec les internautes et la possibilité pour n’importe qui de récupérer le flux. On espère que les médias saisiront cette opportunité en choisissant de diffuser le débat et de montrer certains extraits", explique Paloma Moritz, journaliste sur le média en ligne Blast qui coanimera l’émission avec Jean Massiet, contactée par France 24. Tous les candidats ayant un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale ont été invités. Une façon d’exclure à la fois les "petits" candidats comme Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan ou Jean Lassalle, mais aussi les deux représentants de l’extrême droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour. Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel ont accepté l’invitation. À ces quatre s’est ajouté Philippe Poutou dont la demande de participation a été acceptée par les organisateurs. Emmanuel Macron et Valérie Pécresse n’ont pas encore donné leur réponse. "Comme le chef de l’État a indiqué qu’il ne participerait à aucun débat avant le premier tour, ce sera un format 'grand oral', avec une succession d’interviews d’une trentaine de minutes des candidats", explique Paloma Moritz. Ces derniers auront l’occasion, la veille, de se mettre dans l’ambiance du sujet. Plus d’une centaine de cortèges défile, samedi 12 mars, à l’appel de 500 ONG autour d’une "marche #LookUp pour le climat et la justice sociale" dont le but est aussi de replacer les questions climatique et environnementale au centre de la campagne présidentielle. D’autres marches sont programmées les 25 et 26 mars pour la journée mondiale de "grève pour le climat", et le 9 avril, veille du premier tour de l’élection présidentielle.

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