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À la marche pour le climat, les manifestants dénoncent le "zéro pointé" de la loi

Plusieurs milliers de personnes ont défilé dimanche dans Paris et dans plusieurs villes de France pour réclamer une loi climat plus ambitieuse, alors même que la promesse présidentielle d'un référendum pour inscrire le climat dans la Constitution semble avoir pris du plomb dans l'aile. Reportage dans le cortège parisien. "J'ai envie de sauver le monde", lance de bon cœur Camille, 16 ans, venue marcher pour la première fois pour le climat, dimanche 9 mai, à Paris. La jeune fille, lycéenne dans l'Essonne, en région parisienne, a pris conscience de l'enjeu du réchauffement climatique il y a quelques mois. Depuis, elle s'est découvert une passion pour l'écologie, un thème qui a désormais envahi les discussions familiales, au point que sa mère a fini par accepter de l'accompagner à Paris pour défiler avec elle. "Cette loi climat, c'est vraiment de la merde, lance-t-elle. Le gouvernement essaie de faire croire qu'il agit, mais c'est de la communication. C'est pour ça qu'on marche aujourd'hui : il faut leur montrer qu'on n'est pas d'accord et à force de rabâcher notre message, on finira peut-être par faire bouger les choses." Comme elle, plusieurs milliers de Français ont défilé à Paris et dans plusieurs dizaines de villes à travers la France, à l'initiative du collectif "plus jamais ça", qui regroupe Attac, la Confédération paysanne, la CGT, la FSU, Greenpeace, les Amis de la Terre, Oxfam et Solidaires et soutenues par plus de 600 associations, pour réclamer une loi climat plus ambitieuse. Celle-ci a été votée le 4 mai à l'Assemblée nationale et son examen au Sénat doit débuter lundi. "J'attendais beaucoup de la loi climat et, malheureusement, je suis vraiment déçue du résultat", juge Maud, 24 ans. Cette Nantaise avait déjà défilé dans sa ville d'origine lors de la précédente marche, le 28 mars, avant le début de l'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale. Le travail des députés a confirmé ses craintes. Selon elle, "les politiques ne se rendent pas compte de l'importance de l'enjeu". "Loi climat votée. Zéro pointé", "Besoin d'une loi qui claque, pas à côté de la plaque" : les slogans affichés sur les pancartes, dimanche, traduisaient la même déception chez l'ensemble des manifestants au sujet d'une loi climat qui était censée reprendre "sans filtre" les propositions issues des travaux de la Convention citoyenne pour le climat (CCC). La colère était d'autant plus grande que la journée a été marquée par la polémique concernant la promesse d'Emmanuel Macron d'organiser un référendum pour inscrire le climat dans la Constitution. Le chef de l'État s'est engagé devant les 150 citoyens de la CCC à envoyer aux parlementaires leur proposition de modification de l'article 1 de la Constitution mais, face aux réticences du Sénat sur la formulation – le texte doit être voté dans les mêmes termes par les deux chambres pour pouvoir être soumis à référendum –, le président aurait renoncé au scrutin, selon le député LREM Pieyre-Alexandre Anglade, dans le Journal du Dimanche. "Macron, roi du bla bla" De son côté, l'Élysée a assuré que la modification de la Constitution pour y intégrer la protection du climat n'était "en rien enterrée", sans évoquer toutefois le référendum par lequel le président souhaite valider ce changement. "Le président de la République n'a pas à intervenir dans le travail des parlementaires", a ajouté Emmanuel Macron en marge de la conférence sur l'avenir de l'Europe qui se tenait à Strasbourg. "Ça ne m'étonne même plus", réagit, désabusé, Corentin, 26 ans, lui aussi présent à la marche parisienne, au sujet de l'information du JDD. "Emmanuel Macron ne cesse de faire des promesses qu'il ne tient pas. Il est dans l'affichage alors que le texte de loi est clairement trop faible en l'état. Il faudrait aller beaucoup plus loin." "Macron, roi du bla bla", pouvait-on d'ailleurs lire un peu plus loin sur la couronne portée par une effigie géante d'Emmanuel Macron. La manifestation, qui a rejoint la place de la Bastille derrière une banderole "Loi climat = échec du quinquennat", était plus clairsemée que celle organisée le 28 mars dans la capitale. Au niveau national les organisateurs avaient ce jour-là revendiqué 110 000 manifestants partout en France (44 000 selon la police). La marche du 9 mai s'est toutefois déroulée dans la bonne humeur et sous un soleil estival. De nombreux manifestants sont ainsi venus en famille, à l'image de Laure, 35 ans, accompagnée de son mari et de ses quatre enfants. "C'est leur génération qui sera touchée par le réchauffement climatique, donc c'est important de les sensibiliser et de leur montrer que nous nous sentons concernés, explique-t-elle. Mes enfants ont compris les enjeux. Ce serait bien que les politiques en fassent autant."

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