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Arts et People

AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Kazkaz, cette petite fille que la mère tuait à petit feu

Inoubliable pour les proches de la victime, l'affaire Kazkaz ne fait plus la Une mais a marqué la France dans les années 1990. Closer revient sur ce fait-divers hors norme. C'est à Paris, aux urgences de l'hôpital Necker Enfants Malades, que prend racine l'affaire qui a redessiné les contours de la maltraitance en France. Le 28 juillet 1990, la petite Caroline, 9 ans, est admise à l'hôpital parisien pour enfants. D'abord hospitalisée à Wissembourg, en Alsace, puis à Strasbourg, la fillette souffre d'hyperthermie, de vomissements et de régulières crises d'hypoglycémie. Les médecins soupçonnent d'abord une tumeur au pancréas, et décident de lui en retirer une partie. À la surprise générale, l'organe est sain. D'ailleurs, Caroline se porte de mieux en mieux. C'est comme si rien de tout cela n'était arrivé. Mais le 19 août 1990, la petite Caroline replonge. Après plusieurs jours d'accalmie, la fillette fait une nouvelle crise. Les médecins de l'hôpital Necker découvrent que son taux d'insuline est 100 fois supérieur à ceux habituellement observés chez les enfants souffrant d'hyperinsulinisme. Le cas est confié au Professeur Sodubray, qui fait une constatation inquiétante : l'état de santé de Caroline s'aggrave chaque fois qu'elle reçoit la visite de ses parents, Liliane et Haitham Kazkaz. Pour sa propre protection, la fillette est placée en isolement. "C'est une véritable pharmacie ambulante" Dans le même temps, une enquête est ouverte par le juge Frédéric N'Guyen. Le père de Caroline fait alors une drôle de confidence aux policiers : Liliane, "c'est une véritable pharmacie ambulante". Forts de cette information, les enquêteurs épluchent les derniers achats médicaux de Liliane Kazkaz et font une découverte bouleversante : grâce à des ordonnances subtilisées à son mari, médecin d'origine syrienne, la mère de Caroline s'est procurée dans les 5 dernières semaines plus de 400 comprimés d'Euglucan et de Daonil, des médicaments stimulant la sécrétion d'insuline. Le doute n'est plus permis : Liliane est responsable de l'état de santé de Caroline. Mais elle nie. Inculpée pour empoisonnement le 12 octobre 1990, Liliane Kazkaz soutient qu'elle n'a jamais touché à sa fille. Elle prétend avoir envoyé les comprimés illégalement obtenus aux parents de son mari, en Syrie. Mais tout l'accuse. Au domicile familial, les enquêteurs saisissent de l'insuline injectable et des dizaines d'ordonnances vierges volées par Haitham Kazkaz dans les hôpitaux où ils exerçaient. Diplômé en Égypte, le médecin ne possédait pas d'ordonnances à son nom. Finalement, Haitham Kazkaz est mis en examen pour faux et usage de faux et complicité d'empoisonnement. Lui aussi, niera jusqu'à bout. Il sera d'ailleurs le seul à faire face à la justice puisque le 4 novembre 1995, à l'aube de son procès, Liliane Kazkaz décèdera dans des circonstances mystérieuses... L'affaire Kazkaz est connue pour être l'un des premiers cas de syndrome de Münchhausen par procuration. Identifié en 1977 par un pédiatre anglais, ce syndrome est une forme de maltraitance consistant à provoquer des pathologies à un proche pour attirer l'attention et la compassion. Le 13 septembre 2002, Haitham Kazkaz a été acquitté par la cour d'assises de Paris. Caroline est aujourd'hui âgée de 40 ans et poursuit sa vie dans l'anonymat. Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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