AFFAIRES OUBLIÉES. L’affaire Christelle Blétry, le combat d’une mère qui n’a jamais failli
Condamné 18 ans après. Le 2 février 2017, la cour d’assises de Saône-et-Loire a condamné Pascal Jardin, soixantenaire originale de Retjons, dans les Landes, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sureté de 20 ans. Coupable du meurtre de Christelle Blétry, 20 ans, survenu le 28 décembre 1996 à Blanzy (Saône-et-Loire), Pascal Jardin a échappé à la justice durant près de vingt ans…
Tout a commencé le soir du 29 décembre 1996. En constatant que sa fille, Christelle, n’est pas rentrée de soirée, sa mère, Marie-Rose Blétry, alerte le commissariat de police de Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire. La police la somme de ne pas s’alarmer, mais Marie-Rose sait : quelque chose est arrivé à sa fille. Ses craintes se confirment quelques heures plus tard, lorsqu’un facteur découvre le corps de la jeune fille en contrebas d’un chemin forestier, à quelques kilomètres du lieu de sa disparition. Le corps de Christelle porte la trace de 123 coups de couteau. Un massacre, que même la police n’ose pas décrire aux parents…
Marie-Rose Blétry, « la dame aux brioches sur les marchés »
En tout, 27 suspects sont interrogés. La police judiciaire de Dijon s’intéresse d’abord à un garçon ayant, par le passé, menacé Christelle d’un couteau pour la contraindre à fumer du haschich et à avoir un rapport sexuel à trois. Le jeune homme est néanmoins rapidement mis hors de cause par son alibi, et au fil des fausses pistes, l’enquête commence à piétiner. Bientôt, plus personne n’y croit. Personne, sauf Marie-Rose Blétry. Déterminée à identifier le meurtrier de sa fille, Marie-Rose sollicite des expertises, dénonce les manquements de la justice, va même jusqu’à vendre des viennoiseries pour financer les actions judiciaires qu’elle entreprend. « La première fois, c’était au marché des Quatre-Chemins au Creusot. Un succès ! On a vendu 300 brioches en une matinée », indiquera, plus tard, celle qui en a finalement vendu 40 000, au Parisien. Dès 1997, elle crée par ailleurs l’association « Christelle », à laquelle s’unissent bientôt huit autres familles des « disparues de l’A6″… Tout ça en quête d’une chose : la vérité.
Et ses efforts finissent par payer. En 2014, une nouvelle expertise ADN permet l’identification d’un échantillon microscopique prélevé sur les vêtements de Christelle. Grâce au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), les enquêteurs identifient Pascal Jardin, un ouvrier agricole de 57 ans fiché en 2004 après une tentative d’agression sexuelle. Marié, père de deux enfants, l’homme n’a rien d’un meurtrier. Et pourtant, c’est bien lui qui a tué Christelle. Le 9 septembre 2014, Pascal Jardin est placé en garde à vue au commissariat de police de Bordeaux. Il avoue et demande pardon à la famille en pleurant, avant de se rétracter quelques semaines plus tard.
« Notre combat n’est pas terminé »
Rétractation ou pas, Marie-Rose Blétry a « gagné ». Le 2 février 2017, Pascal Jardin est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 20 ans. Une sentence confirmée en appel le 3 octobre 2018 par la cour d’assises de la Côte-d’Or, au grand soulagement de la maman de Christelle, dont le combat est un modèle et dont l’association est aujourd’hui synonyme d’espoir. « Notre combat n’est pas terminé. Nous devons continuer jusqu’à l’aboutissement de tous les dossiers toujours en cours. »