AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Emmanuel Malliart, "le petit garçon que pleure toute la France"
Inoubliable pour les proches de la victime, l'affaire Emmanuel Malliart ne fait plus la Une mais a marqué les années 1960 par la jeunesse de ses protagonistes. Closer revient sur cette affaire hors norme.
Versailles, 4 décembre 1967. Vers 12h45, Madame Maillard pousse la porte du collège Saint-Jean de Béthune, au nord de la ville royale. La jeune femme s'inquiète de ne pas avoir vu rentrer son fils Emmanuel, 7 ans, d'ordinaire très ponctuel à la sortie de l'école. A-t-il été retenu ? Aurait-il fait une mauvaise chute sur le verglas ? Le directeur l'informe qu'Emmanuel a quitté l'école à l'heure habituelle, un peu avant midi. Madame Maillard repart bredouille, sans se douter qu'elle vit les prémices du pire jour de sa vie...
À son retour chez elle, pourtant, Madame Maillart apprend l'inconcevable : "son petit bonhomme a été enlevé". C'est en tout cas ce qu'affirme une note déposée dans sa boîte aux lettres, dans laquelle le ravisseur de son fils réclame une rançon à hauteur de 20 000 francs, à remettre au pied de la statue du général Hoche, sur la place Hoche de Versailles. En France, l'affaire est retentissante. Tandis que la police ouvre une enquête, le ministre de l'Intérieur, Christian Fouchet, délivre un message au kidnappeur. Les médias, eux, font couler l'encre. En Une de Paris Match, Emmanuel est surnommé "le petit garçon que pleure toute la France". Mais cet écho national n'intimide pas le ravisseur. Au contraire, il fait grimper le prix de la rançon à 60 000, puis à 100 000 francs.
Enfant victime, enfant criminel
Il faudra cinq jours aux enquêteurs pour retrouver sa trace. Guidés par les témoignages des camarades de classe d'Emmanuel, qui affirment avoir vu rôder un garçon plus âgé à la sortie du collège, la police met la main sur François M., un adolescent de 15 ans qui nie toutes les accusations portées à son encontre. Dans son pavillon, les enquêteurs font néanmoins la découverte d'un journal dans lequel a été découpée la première lettre expédiée aux Malliart. Ils mettent également la main sur les 60 000 francs de rançon, ce qui confirme la culpabilité du jeune François. Dans la soirée du 11 décembre, il avoue.
Le corps du petit Emmanuel est retrouvé quelques heures plus tard, dans le bois de Fausse-Repose, à l'est de Versailles. Le petit garçon a été abattu à coups de gourdin, après que son ravisseur l'ait appâté en proposant de le tirer dans sa carriole. Lors de son procès, en juin 1970, François M., affirme avoir commis le crime pour imiter Lucien Léger, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1966 pour le meurtre du petit Luc Taron, 11 ans. Il explique aussi avoir agi sous l'impulsion d'idées suicidaires, persuadé que ses actes le mèneraient à la guillotine. En 1970, du fait de son jeune âge, il est finalement condamné à quinze années d'emprisonnement.
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