AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Issei Sagawa, le Japonais cannibale
Inoubliable pour les proches de la victime, l'affaire Issei Sagawa ne fait plus la Une mais a marqué le début des années 1980. Retour sur cette affaire hors norme dans les affaires oubliées de Closer...
Une histoire digne des plus grands films d'horreur japonais. Surnommé "le Japonais cannibale" ou plus sobrement "l'étudiant français", Issei Sagawa est sorti de l'ombre le 11 juin 1981, après avoir tué, violé et dévoré la chair de la jeune néerlandaise Renée Hartevelt, étudiante en littérature comparée à l'Université Paris-III. Aussi sinistre que fascinant, le Japonais cannibale a inspiré nombre d'écrivains et de réalisateurs, et a transformé son vice en sa plus grande force. Depuis son retour au Japon en 1984, celui que Libération qualifiait en 2007 de "piètre artiste mais redoutable pervers" a écrit des livres, joué dans des publicités et films érotiques et même travaillé pour la presse japonaise. Mais alors, comment l'inqualifiable criminel est-il devenu artiste ? Retour sur l'affaire...
Le 13 juin 1981, un couple d'amoureux parcoure les chemins du bois de Boulogne. Ils ont alors la surprise de voir arriver, hors de contrôle, un frêle homme d'origine asiatique poussant devant lui un caddie contenant deux énormes valises. Dans sa course, l'inconnu renverse le caddie, qui répand son contenu suspect sur le sol. Il s'enfuit, laissant derrière lui ses deux bagages dont émane un liquide à la couleur évocatrice... À l'intérieur, la brigade criminelle convoquée sur place fait la découverte de nombreux "morceaux de cadavre". Un appel à témoins est lancé, qui fait l'objet d'un retour rapide de la part d'un chauffeur de taxi parisien. Sûr de lui, l'homme affirme au commissaire Ange Mancini avoir transporté un client asiatique depuis le n°10 de la rue Erlanger, non loin de la porte d'Auteuil.
"Si j'avais eu un congélateur, vous ne m'auriez pas retrouvé..."
Macabres découvertes. Dans l'appartement du 10 rue Erlanger, les enquêteurs saisissent les papiers de Renée Hartevelt, jeune étudiante néerlandaise portée disparue. Ils font la découverte d'une carabine 22 long rifle, une pellicule photo avec 32 photos du dépeçage de la jeune felle, 7 kilos de tissus humains conservés dans de petits sacs poubelle et un dictaphone. Avec celui-ci, Issei Sagawa a enregistré son crime. On entend d'abord l'étudiante réciter des vers, puis le coup de feu et le son de son corps tombant sur le sol. Pris sur le fait, Sagawa met en lumière le côté artistique de son acte et réplique : "Si j'avais eu un congélateur, vous ne m'auriez pas retrouvé..."
L'étudiant japonais est arrêté le 14 juin 1981. D'abord placé en détention préventive, il est soumis à une expertise psychiatrique, qui le juge irresponsable pénalement de ses actes de par son passé difficile. À l'âge de deux ans, Sagawa avait échappé de justesse à la mort après avoir contracté une encéphalite japonaise, qui l'avait laissé maigre et fragile. Après cet évènement, sa mère l'aurait surprotégé et n'aurait eu de cesse de le forcer à manger, ce qui, selon les experts, aurait nourri ses pulsions cannibales. Le 13 août 1985, après avoir été rapatrié au Japon, Issei Sagawa est libéré. Aujourd'hui âgé de 72 ans, le Japonais cannibale n'aurait jamais récidivé, mais a toujours assumé, à travers ses livres, son penchant pour le cannibalisme.
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