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Présidentielle : que proposent les candidats pour l’Outre-mer ?

ÉLYSÉE 2022 Services publics, vie chère, lutte contre le chômage et l'insécurité : France 24 fait le point sur les principales propositions des candidats à l’élection présidentielle concernant l'Outre-mer. Peut-être plus encore que la culture, l’Outre-mer est absent des programmes de plusieurs candidats à l’élection présidentielle (10 et 24 avril). Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) et Jean Lassalle (Résistons!) n’abordent pas cette question dans leurs propositions, tandis que d'autres, à l'image d'Emmanuel Macron (La République en marche) ou Éric Zemmour (Reconquête!) ont ajouté ce chapitre à leur programme dans la dernière ligne droite de la campagne. Pour les autres, les propositions se résument le plus souvent en quelques lignes, à l’exception de Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Tour d’horizon des propositions présentées par les candidats. Un choix qui peut sembler discutable alors que l'Outre-mer a été marqué ces dernières années par plusieurs mouvements sociaux de grande ampleur liés à la vie chère et aux inégalités avec l'Hexagone. >> À lire : Présidentielle : que proposent les candidats en matière d’éducation ? Pas de propositions spécifiques à l’Outre-mer. Le candidat de Debout la France souhaite tout d’abord valoriser l’Outre-mer en faisant du ministre de la Mer et des Outre-mer un ministre d’État et en augmentant sa place dans les programmes télévisés du service public mais aussi dans les manuels scolaires. Nicolas Dupont-Aignan propose de lancer des grands "plans de rattrapage" en remettant à niveau les réseaux d’eau potable, en engageant un plan de construction et de rénovation des écoles primaires ou en luttant contre l’illettrisme (le fait d'être scolarisé mais de ne pas maîtriser le français) – en 2019, 11,8 % des jeunes de 16 à 26 ans rencontraient des difficultés dans le domaine de la lecture dans l’Hexagone, contre 30 % en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, selon un rapport d'information de l'Assemblée nationale. Au niveau économique, le député de l’Essonne souhaite renforcer la défiscalisation pour les investissements réalisés en Outre-mer dans les secteurs d’avenir ou moteurs en matière de développement économique et de création d’emplois. La mer tient une place centrale dans ses propositions : il compte ainsi doter la Marine nationale des moyens nécessaires à la surveillance des zones économiques exclusives et à l’arraisonnement des pirates, augmenter la surface des aires marines protégées (AMP) et engager un programme national de recherche-développement visant à identifier les gisements de création de richesse à partir de la biodiversité marine. Nicolas Dupont-Aignan souhaite enfin mettre en place un programme Erasmus (échanges universitaires) indianocéanique avec Madagascar, l’Union des Comores et les Seychelles et propose de diviser par deux le prix des billets d’avion entre Hexagone et Outre-mer pour tous les ultramarins. >> À lire : Présidentielle : que proposent les candidats en matière de sécurité ? La candidate socialiste souhaite que l’État réinvestisse dans les Outre-mer. "Les défaillances des services publics (éducation, santé, sécurité) et l’investissement dans les infrastructures (eau, énergies renouvelables, routes) feront l’objet d’un plan de rattrapage", affirme son programme. Pour lutter contre la vie chère, Anne Hidalgo propose de réduire l’octroi de mer (taxe applicable sur les produits importés en Outre-mer) sur certains produits essentiels et assure que l’Autorité de la concurrence mènera "une action renforcée". Pour la jeunesse, elle propose la création d’une "agence du retour" pour permettre aux jeunes ultramarins de "revenir chez eux avec des perspectives optimales d’emploi et de vie". La maire de Paris souhaite également mettre l’Outre-mer "à la pointe de l’action écologique" de la France, en lançant un "grand plan de développement des énergies renouvelables pour valoriser le potentiel considérable des Outre-mer dans ce domaine". Elle compte aussi prendre des mesures d’urgence, "dès 2022", concernant le chlordécone (pesticide utilisé pendant presque vingt ans sur les cultures de bananes en Guadeloupe et Martinique, toxique pour l'homme et entraînant une pollution durable des eaux et des sols) en Martinique et les sargasses (en séchant et en s’amoncelant, ces algues dégagent de l'ammoniac et de l'hydrogène sulfuré) dans les Caraïbes : "les frais médicaux engagés pour toutes les personnes confrontées aux conséquences de l’exposition au chlordécone seront intégralement pris en charge par la Sécurité sociale", tandis que "les collectivités du littoral confrontées aux sargasses seront accompagnées financièrement". Comme pour l’ensemble de son programme, Yannick Jadot axe ses mesures visant l’Outre-mer sous le prisme écologique. Il souhaite d’abord garantir "l’autonomie alimentaire en Outre-mer" en renforçant "l’accompagnement des collectivités ultramarines dans la dépollution et la mise en place de plans d’alimentation durable" et en garantissant "l’approvisionnement des régions ultrapériphériques en produits agricoles essentiels". Contre la vie chère, il veut contrôler les prix des produits de première nécessité et des centrales d’achat. Le candidat écologiste compte également renforcer l'indemnisation des victimes des scandales sanitaires d’État dans les Outre-mer liés aux pesticides et l’accès à l’information pour les victimes. Contre les écocides, son programme propose de mettre fin "immédiatement" aux projets de la Montagne d’or et d’Espérance en Guyane et promet d’interdire les projets d’exploitation minière dans les Outre-mer. Yannick Jadot propose enfin d’adapter les structures institutionnelles aux réalités des Outre-mer, grâce à une loi annuelle "d’actualisation du droit Outre-mer", par la transmission au Premier ministre et aux assemblées parlementaires des propositions de modifications législatives ou réglementaires présentées par les territoires ultramarins et en permettant la définition de statuts spécifiques pour ceux des territoires ultramarins qui le souhaiteraient. >> À lire : Présidentielle : que proposent les candidats pour l’environnement ? Pas de propositions spécifiques à l’Outre-mer. La candidate d’extrême droite développe dans son programme de nombreuses mesures spécifiques pour l’Outre-mer et promet une grande loi-programme pour les quinze années à venir. En premier lieu, Marine Le Pen fait de la souveraineté de l’espace maritime français et de la maîtrise des frontières une priorité. Elle propose ainsi d’augmenter les effectifs de la police aux frontières en Guyane et à Mayotte et d’en faire de même pour l’Office anti-stupéfiant aux Antilles. Concernant l’économie, Marine Le Pen propose la nomination d’un haut commissaire à la coopération économique, la création d’une Agence pour les investissements en Outre-mer "qui s’appuiera sur les ressources de Business France pour assurer la promotion de l’économie d’Outre-mer", le développement des filières liées à la mer, la possibilité de mener des opérations de prospection, notamment pour les terres rares, "actifs stratégiques du XXIe siècle", la montée en gamme du secteur touristique ou encore l’instauration d’une taxe sur l’exploitation des ressources minières ou fossiles "dont le produit sera affecté aux collectivités locales". Quant à la vie chère, elle propose de réformer l’octroi de mer (taxe applicable sur les produits importés en Outre-mer). Sur le volet éducation, Marine Le Pen promet une diminution des effectifs des classes de primaire en Guyane et à Mayotte, un renforcement des heures de français à l’école primaire et au collège à Mayotte, la mise en place de cours de français obligatoires et gratuits pour les parents d’élèves ne la maîtrisant pas ou mal, un plan de construction d’écoles et de collèges et davantage d’enseignants. La candidate du Rassemblement national prévoit également de mettre sur pied un comité médical et scientifique chargé de dresser le bilan des pathologies provoquées par le chlordécone, de résoudre le problème des sargasses. Elle promet enfin de mener des discussions pour faire évoluer le statut de la Nouvelle-Calédonie et de mieux faire connaître la culture de l’Outre-mer dans l’Hexagone. >> À lire : Présidentielle : que proposent les candidats en matière d’agriculture ? Le président sortant souhaite encourager les départements et territoires d’Outre-mer qui le peuvent à parvenir à l’autonomie énergétique et alimentaire, notamment en développant les circuits courts et les filières tournées vers l’exportation haut de gamme. Emmanuel Macron promet aussi d’engager la réflexion sur les causes de la vie chère dont souffrent de nombreux ultramarins, citant la stimulation de la concurrence et l’octroi de mer, "impôt hérité du XVIIe siècle et qui doit être profondément repensé pour jouer un rôle nouveau". Il compte également lancer un "plan jeunesse" et, plus particulièrement, un "plan de rénovation du patrimoine" afin de "valoriser la marque 'Martinique'". Le président-candidat entend enfin réaffirmer la souveraineté de la France, que ce soit pour "avancer" en Nouvelle-Calédonie ou pour lutter contre l’immigration clandestine et l’insécurité à Mayotte et en Guyane. Le candidat de la gauche radicale souhaite placer l’Outre-mer en pointe de sa planification écologique et de sa diplomatie universaliste. Sur le premier point, il promet d’instaurer un bouclier douanier via une taxe kilométrique en faveur des productions locales à faible empreinte écologique, d’appliquer une préférence commerciale pour les produits ultramarins vers l’Hexagone et l’Europe, de nouer des partenariats commerciaux équilibrés avec les voisins régionaux, de tendre vers l’autosuffisance alimentaire et de promouvoir des plans d’autonomie énergétique. Sur la diplomatie universaliste, Jean-Luc Mélenchon veut faire des territoires d'Outre-mer des pôles régionaux de codéveloppement qui serviraient à transférer des technologies auprès des pays voisins, à fournir de l’aide logistique et scientifique, à mettre en place une coopération militaire de maintien de la paix et à établir des formations de haut niveau à destination des étudiants ultramarins et à ceux des pays voisins. Le candidat de la France insoumise prévoit également de soutenir l’enseignement des langues et des cultures d’Outre-mer, d’intégrer dans les programmes scolaires nationaux l’enseignement de l’histoire de l’histoire des Outre-mer. Il promet enfin d’annuler pour de bon le projet de la Montagne d’or en Guyane (projet porté par un consortium russo-canadien prévoyant le déboisement total de 1513 hectares). >> À lire : Présidentielle : que proposent les candidats pour la culture ? La candidate des Républicains aborde peu l’Outre-mer dans son programme. Elle propose toutefois la création d’une Banque des Outre-mer pour financer des investissements dans les secteurs porteurs d’avenir (économie de la mer et énergies renouvelables notamment) et créer des emplois. Valérie Pécresse promet également un "plan de lutte contre la vie chère", un "grand plan hôpital" et un "programme de convergence vers l’égalité réelle", sans toutefois les détailler. Elle a enfin évoqué publiquement un "plan sport Outre-mer" pour "compenser le déficit d’équipements". Elle souhaite favoriser "le maintien des champions sur place, tout en facilitant les déplacements dans l’Hexagone et leur participation à des stages ou des compétitions dans les pays proches". Pas de propositions spécifiques à l’Outre-mer. Le candidat communiste, qui souhaite instaurer un jour férié national pour célébrer "l’émancipation humaine et la liberté des peuples" d’Outre-mer, promet d’organiser des conférences dans chaque territoire d’Outre-mer avec les élus et les populations dans le but de mettre fin aux "écarts de salaires, de prestations sociales, de congés payés, de droits économiques et sociaux et culturels avec l’Hexagone". Il promet également une loi spécifique "afin de rattraper les retards de tous les territoires en services publics" et une autre loi pour financer le logement social. Fabien Roussel souhaite par ailleurs impulser une politique "volontariste" de développement industriel et agricole et de développement de l’économie de la mer. Il compte revoir la politique fiscale spécifique à l’Outre-mer "afin d’abaisser les taxes sur les produits de première nécessité". Enfin, le député du Nord candidat à la présidentielle entend aller vers "davantage d’autonomie" pour que chaque territoire puisse "nouer des relations de codéveloppement avec les pays de leur zone géographique". >> À lire : Présidentielle : que proposent les candidats en matière de santé ? Le candidat d’extrême droite promet d’établir un plan santé pour l’Outre-mer et veut faire de la problématique de l’eau une priorité, en développant les infrastructures et l’accès à l’eau. Éric Zemmour souhaite lutter contre le chômage en développant l’agriculture, le tourisme et l’économie de la mer. Dans ce domaine, il propose de sortir les eaux des départements d’Outre-mer de la politique européenne des pêches. Il souhaite enfin préserver la souveraineté de la France en renforçant la présence militaire maritime, le contrôle des frontières pour lutter contre l’immigration illégale et le trafic de stupéfiants, et en mettant "définitivement fin aux référendums d’indépendance".

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