Présidentielle : Emmanuel Macron prêt à "bouger" sur les retraites
Emmanuel Macron a multiplié les bains de foule, au lendemain du premier tour de la présidentielle, le 11 avril 2022.
Assailli toute la première journée de campagne pour le second tour de l'élection présidentielle sur son projet d'âge de la retraite à 65 ans, Emmanuel Macron a lancé un signal fort vers l'électorat populaire en se disant prêt à "bouger" sur ce totem de son programme.
C'était le sujet sur toutes les lèvres. Au lendemain du premier tour, lundi 11 avril,Emmanuel Macron, a été interpellé par les Français sur l'âge de départ à la retraite à 65 ans, une concession inattendue à treize jours du second tour de la présidentielle.
En déplacement dans les Hauts-de-France, à Denain et Carvin, deux villes qui ont voté d'abord pour Marine Le PenetJean-Luc Mélenchon, le président-candidat a fini par glisser, en début de soirée, qu'il était prêt à "bouger" s'il ressentait "trop d'angoisse" auprès des Français alors qu'il veut "rassembler".
Lors d'une interview à BFMTV, dans un bistrot place Jean Jaurès à Carvin, il s'est dit ouvert à une réforme qui s'arrêterait avant 2030, l'échéance annoncée jusqu'ici pour porter progressivement l'âge de départ à 65 ans. Elle pourrait s'arrêter en 2027 et donc se limiter à un âge de départ à 64 ans, a-t-il expliqué.
Avec une clause de revoyure à la fin de son éventuel second quinquennat. Charge à son successeur de gérer alors la suite.
"On ne peut pas dire le dimanche soir +je veux rassembler+ et quand on va écouter les gens dire +je ne bouge pas+. Les 65 ans ne sont pas un dogme", a-t-il souligné ensuite pendant un énième bain de foule.
"J'ouvre la porte très clairement" à un âge de départ à 64 ans (contre 62 actuellement), a-t-il répondu sur BFMTV. "Peut-être que s'il y a trop de tensions, il faut s'arrêter en 2027, et ne pas préempter la suite", afin de "faire un consensus".
Pour Emmanuel Macron, à qui tous les sondeurs promettent un deuxième tour serré face à Marine Le Pen, il s'agit de donner des gages aux électeurs des classes populaires, notamment ceux de Jean-Luc Mélenchon, dont il a besoin pour remporter l'élection du 24 avril.
Un projet critiqué à gauche et à l'extrême droite
Or, son projet de réforme, condamné par tous les syndicats, est conspué à la fois de la gauche, des Insoumis et du Rassemblement national dont la candidate, Marine Le Pen, défend le maintien de la retraite à 62 ans.
S'il l'a inscrite à son programme, lui qui en 2017 était pourtant ouvertement opposé au recul de l'âge de la retraite, c'était initialement un geste envers l'aile droite de la macronie et les électeurs LR. Il ne risquait pas de heurter les électeurs retraités, le gros de ses troupes. Mais il doit maintenant séduire les jeunes et les actifs, qui ont plutôt voté pour ses adversaires.
Durant la journée lundi, Emmanuel Macron a constaté combien ce sujet risquait de phagocyter tous les autres durant la série de déplacements qu'il a prévue dans les jours qui viennent.
Pédagogie, avertissements sur les déficits, assurance que ce sera "pas avant dix ans", citation de "la Bête humaine avec Jean Gabin" pour montrer que les cheminots n'ont plus besoin d'avantages... tous ses efforts se sont heurtés aux protestations de nombreux habitants.
"On en est malade de votre réforme, il faudra un déambulateur pour travailler!", lui a lancé une électrice du RN. "Non il n'y a pas de déficits", a protesté un interlocuteur têtu. Une dame lui a même reproché, à tort, sa future "retraite de président", alors qu'Emmanuel Macron a fait supprimer cette prérogative en 2019.
Lui a passé de longs moments à détailler un système "individualisé", qui ressemble fort à la retraite à points qu'il avait essayé en vain de faire accepter en 2019. Son projet avait déclenché les plus longues grèves de transports depuis la guerre.
Emmanuel Macron s'était résigné à enterrer ce que la Macronie appelait la "mère des réformes" au moment de la pandémie début 2020.