"On ne laisse pas tomber un homme à terre" : dix ans après l'affaire DSK, Anne Sinclair sort de son silence
A l'occasion de la publication de ses mémoires, la journaliste s'est confié à "Elle" dans un entretien publié lundi. Elle revient notamment sur l'affaire DSK, lors de laquelle son ex-mari avait été accusé de viol.
Elle parle. Dix après les faits, Anne Sinclair a décidé pour la première fois de livrer son "ressenti" sur "l'affaire DSK", qui a entraîné la chute de celui qui était alors son époux, Dominique Strauss-Kahn, dans un entretien à l'hebdomadaire Elle mis en ligne lundi 24 mai. Ce "séisme" avait été déclenché en mai 2011 par l'arrestation à New York de son mari, accusé de viol.
"Cela tient peut-être à lui, mais peut-être aussi à moi, j'ai reproduit le schéma de dépendance qui me liait à ma mère. (...) J'étais avec lui dans la hantise du désaccord et la crainte de lui déplaire. Alors, était-ce de l'emprise, je ne sais pas, mais en tous les cas, de la soumission et de l'acceptation", raconte-t-elle, quelques jours avant la sortie de ses mémoires, Passé composé (Grasset). Dans ce livre, l'ancienne journaliste star de TF1 a choisi de raconter "uniquement (son) ressenti". "Je ne me sens pas autorisée à parler d'actes qui ne sont pas de mon fait", déclare-t-elle.
"Je ne savais rien des comportements de mon mari"
Anne Sinclair insistent sur "deux choses qui (lui) importent". "Contrairement à tout ce qu'on a dit, je n'avais pas envie d'aller à l'Elysée, lui (DSK) non plus n'avait pas très envie d'ailleurs, c'était un enchaînement de circonstances...", assure-t-elle. Deuxièmement, "je veux que l'on comprenne que je ne savais rien des comportements de mon mari". "Je sais que c'est très difficile à admettre, j'avoue que moi-même, si on me racontait cela, je ne le croirais pas, mais pourtant, c'est vrai", insiste la journaliste. A l'époque Dominique Strauss-Kahn exerçait "un pouvoir de persuasion très fort", jusqu'à ce que l'affaire du Carlton de Lille lui ouvre les yeux, explique-t-elle à Elle. Le couple s'est séparé en 2012.
"On ne laisse pas tomber un homme qui est à terre, dit-elle. Je pense que j'ai compté pour lui, mais j'étais au bout. Nous n'avons jamais eu d'explication de fond". Le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn, alors patron du FMI et favori pour l'élection présidentielle de 2012, était arrêté puis incarcéré après des accusations de tentative de viol par une femme de chambre du Sofitel, où il avait passé la nuit. Si cette affaire s'est finalement soldée par une transaction financière confidentielle, elle a coûté sa carrière politique à DSK, plus tard mis en cause dans un autre scandale sexuel, celui du Carlton de Lille.
Dans cet entretien, Anne Sinclair révèle également que François Hollande, en fin de quinquennat, lui avait proposé "de devenir son ministre de la Culture". "C'était un grand honneur que j'ai évidemment décliné", déclare la journaliste, compagne aujourd'hui de l'historien Pierre Nora.