Nicolas Bedos : son grand regret vis-à-vis de son parrain Jean-Loup Dabadie
Nicolas Bedos revient derrière la caméra avec une nouvelle comédie grinçante, Mascarade. Si le film permet la rencontre de plusieurs générations, le cinéaste aurait rêvé d'une collaboration avec son parrain Jean-Loup Dabadie.
Il y a du Martin Scorsese, du Orson Welles et du Henri-Georges Clouzot dans Mascarade, le nouveau film écrit et réalisé par Nicolas Bedos. En salles depuis le 1er novembre, cette comédie de moeurs particulièrement grinçante a été tournée sous "le soleil brûlant de la Côte d'Azur", comme l'indique son synopsis. Pierre Niney incarne Adrien, un gigolo aux crochets d'une star fantasque et vieillissante, Martha (Isabelle Adjani). Le jeune homme commence à flirter avec les embrouilles lorsqu'il s'éprend de Margot, une ravissante arnaqueuse avec qui il conçoit un plan machiavélique "pour s'offrir une vie de rêve, quitte à sacrifier celle d'une ancienne gloire du cinéma et d'un agent immobilier", campé par François Cluzet. Passion, crimes et trahisons ponctuent ce film long d'un peu plus de 2h nourri des rêves cinéphiles et littéraires de Niolas Bedos, de Casino de Scorsese à La Dame de Shanghai de Welles, en passant par L'Enfer de Claude Chabrol(un film dans lequel joue d'ailleurs François Cluzet), Chambre obscure de Vladimir Nabokov et les nouvelles de Somerset Maugham. Mascarade n'a définitivement pas la même ascendance que les autres longs-métrages de Nicolas Bedos.
"Dans mes films précédents, je m'étais beaucoup intéressé au couple, au plaisir quasiment éternel, confie le cinéaste en interview avec Les Échos week-end. Là on est dans le désir qui vous tombe dessus, comme un couteau dans le coeur." Un film noir, certes, mais une oeuvre qui donne "envie de vivre" selon Marine Vache, une actrice d'ordinaire réservée que Nicolas Bedos a pris beaucoup de plaisir à diriger. Si le registre romanesque lui colle tant à la peau, c'est que le fils du célèbre comédien et humoriste y trouve toujours une "part d'intime". Il explique : "S'il n'y a que du vrai, les histoires ne sont pas suffisamment intéressantes pour que je les filme. Quand il n'y a que du faux, j'ai l'impression d'être un imposteur." Ce goût du cinéma, Nicolas Bedos révèle le devoir aussi bien à des dizaines de metteurs en scène qu'il "idolâtre", comme Milos Forman ou Joseph L. Mankiewic, qu'à la grande époque du cinéma italien dont il raffole. "Je ne me reconnais pas dans l'esprit parisien qui a régi toute une mode du cinéma français [comme la Nouvelle Vague]", note l'auteur et réalisateur. Pudique, Nicolas Bedos confie l'un de ses plus grands regrets de cinéma : une collaboration avec un Académicien qui a fait ses armes grâce à l'écriture de romans, de chansons et de scénarios : Jean-Loup Dabadie, son parrain disparu il y a deux ans. "Il est pour beaucoup dans le début de ma vocation d'auteur et je trouve que l'on ne s'est pas assez parlé ces dernières années."
Nicolas Bedos rend un autre hommage touchant à une grande star française
Mardi dernier, Nicolas Bedos était invité à ouvrir les portes de son univers dans l'émission En Aparté sur Canal+. Au cours de sa conversation à bâtons rompus avec Nathalie Lévy, le cinéaste s'est laissé aller à une douloureuse confidence sur Mélanie Laurent, à qui il confie devoir beaucoup, malgré un froid entre eux. Nicolas Bedos a croisé pour la première fois le chemin de la comédienne en 2010 lorsqu'il la mettait en scène dans la pièce Promenade de santé, son plus grand triomphe au théâtre. A 20 ans, le jeune homme traversait une période compliquée, une épreuve qu'il a surmontée grâce à Mélanie Laurent. "Je dois énormément à cette jeune femme, énormément, confie Nicolas Bedos sur Canal +. La vie a fait qu'on s'est plus ou moins fâchés depuis, mais je dois beaucoup, beaucoup à cette fille ultra douée, ultra séduisante, que j'ai aimée tout court, que j'ai aimée comme artiste." Il ajoute : "Elle a déplacé des montagnes et elle m'a sorti d'un chemin qui allait tout droit vers l'ivrognerie et vers l'auto-dénigrement et vers la nullité d'un 'fils de' désespéré. Une belle histoire comme on en trouve au cinéma.