JO de Pékin : le boycott diplomatique américain divise les grandes puissances
Des militants se rassemblent devant le consulat de Chine à Los Angeles, en Californie, pour appeler au boycott des Jeux olympiques d'hiver de 2022 à Pékin, le 3 novembre 2021.
Les États-Unis ont annoncé lundi qu'ils n'enverraient aucun représentant du gouvernement aux Jeux olympiques ou paralympiques d'hiver qui auront lieu en février Pékin. Cette décision a provoqué la colère de la Chine, qui a immédiatement été soutenue par la Russie. La France, de son côté, va se coordonner au niveau européen.
La Chine a affirmé, mardi 7 décembre, que les États-Unis "paieront le prix" de leur décision d'envoyer leurs athlètes, mais aucun représentant diplomatique aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin de 2022 en raison des violations des droits humains en Chine. D'autres pays ont réagi au boycott annoncé lundi par la Maison Blanche, dont la France et la Russie.
Depuis des mois, le gouvernement américain cherchait la meilleure façon de se positionner à l'égard des Jeux d'hiver, un événement populaire et planétaire organisé du 4 au 20 février 2022 par un pays qu'il accuse de perpétrer un "génocide" contre les musulmans ouïghours du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.
La Chine avait prévenu plus tôt lundi qu'elle prendrait des "contre-mesures" si les États-Unis appelaient à un tel boycott, le qualifiant de "fanfaronnade". Le Comité international olympique a lui déclaré "respecter" la décision américaine. Il s'est aussi réjoui que la décision "politique" de Washington ne remette pas en cause la participation des sportifs américains.
En colère, Pékin menace Washington
Interrogé sur de possibles représailles de Pékin, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, n'a pas souhaité s'étendre. "Les États-Unis paieront le prix de leur mauvais coup. Restez à l'écoute", a-t-il dit devant la presse.
Dans la nuit de lundi à mardi, Liu Pengyu, porte-parole de l'ambassade de Chine aux États-Unis, avait déclaré que les politiciens appelant à boycotter les Jeux le faisaient "pour leurs propres intérêts et postures politiques". "En fait, personne ne se soucierait de savoir si ces personnes viennent ou non, et cela n'a aucun impact sur le succès de #Pékin2022", a-t-il écrit sur Twitter. "Franchement, les Chinois sont soulagés d'apprendre la nouvelle, car moins il y aura de responsables américains, moins il y aura de virus", a tweeté le tabloïd d'État chinois Global Times.
Invité à réagir lors d'un point de presse, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian, a accusé les États-Unis d'avoir violé le principe de la neutralité politique du sport. "La tentative des États-Unis de perturber les Jeux olympiques d'hiver de Pékin, fondée sur un préjugé idéologique, des mensonges et des rumeurs, ne fera qu'exposer aux yeux de tous les intentions malveillantes des États-Unis", a-t-il dit.
Zhao Lijian a de nouveau qualifié les accusations des pays occidentaux sur la situation au Xinjiang de "mensonge du siècle" mais il n'a pas précisé quelles mesures de représailles Pékin prendrait contre Washington, comme il l'avait annoncé lundi.
La Russie soutient Pékin, la France en discussion avec les autres pays de l'UE
"Nous préconisons que les affaires olympiques restent libres de toute politique", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en notant que "l'essentiel (...) est que les athlètes (américains) ne soient pas concernés" par le boycott.
Accusée depuis 2015 d'avoir mis en place un système de dopage institutionnel, la Russie est, elle, suspendue des grandes compétitions internationales jusqu'en 2022, son hymne, son drapeau et même son nom étant bannis. Les sportifs russes propres sont toutefois autorisés à participer à ces compétitions en tant qu'athlètes neutres.
Les responsables russes, y compris Vladimir Poutine, se sont également vu interdire d'assister aux compétitions internationales, sauf s'ils sont invités par le chef d'État du pays hôte.
La France a "pris bonne note" de l'annonce par les États-Unis d'un "boycott diplomatique" des Jeux olympiques d'hiver de Pékin et va "se coordonner" avec les autres pays de l'Union européenne sur ce dossier, a indiqué mardi l'Élysée. "Lorsque nous avons des préoccupations sur les droits de l'Homme, nous le disons aux Chinois" et "nous avons pris des sanctions sur le Xinjiang en mars dernier", a souligné l'Élysée.
Le gouvernement britannique n'a, quant à lui, pas pris de décision sur la participation de hauts représentants aux cérémonies de ces Jeux olympiques d'hiver, a déclaré mardi un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson. "Nous arrêterons notre position en temps voulu", a-t-il dit.
Avec AFP et Reuters