L'Australie a fait une "énorme erreur" diplomatique, estime l'ambassadeur de France
Le président français, Emmanuel Macron, et l'ancien Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, sur le pont du HMAS Waller, un sous-marin de classe Collins exploité par la Marine royale australienne, à Sydney en mai 2018.
Au lendemain du rappel par la France de ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie pour consultations dans le cadre de la crise des sous-marins, l'ambassadeur français en Australie a déclaré que Canberra a commis une "énorme" erreur diplomatique. De son côté, l'Australie a dit regretter le rappel de l'ambassadeur de France et comprendre la déception de Paris.
L'Australie a commis une "énorme" erreur diplomatique, a déclaré, samedi 18 septembre, Jean-Pierre Thébault, l'ambassadeur de France en Australie, qui a été rappelé à Paris pour consultations après l'annulation par Canberra du contrat de fourniture de sous-marins français au profit d'un partenariat stratégique avec Washington et Londres.
"Je pense que cela a été une énorme erreur, une très, très mauvaise gestion du partenariat – parce que ce n'était pas un contrat, c'était un partenariat qui était censé être basé sur la confiance, la compréhension réciproque et la sincérité", a affirmé à la presse Jean-Pierre Thébault à Canberra.
L'annonce, dans la nuit de mercredi à jeudi, de l'annulation de la commande de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle passée auprès de Naval Group, qualifiée de "contrat du siècle", a provoqué la stupeur et la colère des dirigeants français.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé un "coup dans le dos" de la part de l'Australie, estimant que la relation de confiance avec Canberra avait été "trahie".
"Je suis très triste d'être contraint de partir"
À la suite de l'annulation de la commande, la France a rappelé vendredi ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie pour consultations, provoquant une crise diplomatique sans précédent.
"J'aimerais entrer dans une machine à remonter le temps, si possible, et me retrouver dans une situation où nous ne nous retrouvons pas dans une situation aussi incroyable, maladroite, inappropriée et non australienne", a aussi dit l'ambassadeur de France.
"Je suis très triste d'être contraint de partir, bien qu'il faille procéder à une réévaluation (de la situation, NDLR)", a-t-il ajouté.
L'Australie a dit regretter le rappel de l'ambassadeur de France et comprendre la déception de Paris.
La ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, a indiqué qu'il ne faisait "aucun doute" que la France était un allié de valeur aux yeux de Canberra.
À Washington, un responsable de la Maison Blanche a déclaré que les États-Unis s'emploieraient ces prochains jours à régler leurs divergences avec Paris.
Les relations entre la France et l'Australie sont du coup tombées à leur plus bas depuis 1995. À cette époque, Canberra avait dénoncé la reprises des essais nucléaires français dans le Pacifique Sud et rappelé son ambassadeur en France.