Coupe du monde de rugby : Antoine Dupont, le feu follet qui fait briller les Bleus
Portrait
Les Bleus comptent dans leurs rangs une star mondiale du rugby, le demi de mêlée Antoine Dupont. Ce joueur quasiment inarrêtable est à la fois puissant et créatif. Il a pris une dimension exceptionnelle ces dernières années, en dehors et sur les terrains. Au point de devenir le capitaine incontesté de l’équipe de France.
Si le personnage de Superdupont n’avait pas été créé voilà 50 ans dans les pages du magazine de bande-dessinée Pilote, le nom aurait parfaitement collé au capitaine du XV de France de rugby. Un joueur hors norme dont le parcours est raconté dans la BD "Je serai rugbyman" (éd. Marabulles) récemment publiée.
Âgé de seulement 26 ans, le demi de mêlée français possède déjà un palmarès exceptionnel. Il a gagné trois fois le championnat de France (en 2019, 2021 et 2023) et une Champions Cup (2023). Il a commencé en mars 2017 en équipe de France, à seulement 20 ans, dans le Tournoi des Six Nations. Depuis, il a glané 49 sélections avec les Bleus, inscrit 12 essais et remporté un Grand Chelem en 2022. Un palmarès impressionnant qui lui a valu en 2021 le titre de meilleur joueur du monde décerné par World Rugby. Avant lui, seuls deux Français avaient obtenu cette récompense décernée depuis 2001 : l’actuel sélectionneur des Bleus Fabien Galthié (2002) et Thierry Dusautoir (2011), ancien capitaine des Bleus.
Antoine Dupont s’est vu confier le capitanat de l’équipe de France en novembre 2021, alors qu’il n’avait que 24 ans. D’un naturel réservé, il est un meneur d’hommes par l’exemple, aussi bien capable de gestes défensifs de grande classe que de fulgurances en attaque. Un joueur au caractère bien trempé qui, malgré sa taille modeste (1 m 74), aime le combat et s'est forgé un physique pour pouvoir défier les plus costauds.
Le talent de surdoué a éclos très tôt. Dès ses débuts à l'âge de 6 ans au Magnoac FC (MFC), un club des Hautes-Pyrénées. Il étonne ses entraîneurs par sa détermination et ses qualités physiques. "ll avait toujours un temps d’avance", confie ainsi Sébastien Bonis, éducateur au lycée Beaulieu d'Auch, doté d'une section rugby, dans le documentaire "Dupont, naturellement" diffusé sur Canal+ à l’occasion de la Coupe du monde.
Terroir, mode et musique
Recruté en 2014 par le club de Castres, il n’est pas encore majeur lorsqu’il est titularisé pour la première fois avec l’équipe professionnelle. Sa mère est même obligée de signer une dérogation pour lui permettre de jouer. "On voyait bien qu’il était différent. C’était un joueur qui comprenait les choses très vite. Il pouvait faire basculer seul une action ou un match", se souvient Rodrigo Capo Ortega, qui était alors son capitaine du Castres olympique. Il lui arrive de le croiser et affirme qu’il n’a pas changé, affichant toujours la même simplicité malgré son statut de star mondiale du rugby.
Après trois saisons dans le Tarn, Antoine Dupont fait partie des joueurs les plus convoités du championnat. Il opte en 2017 pour le Stade toulousain, le club qui le faisait rêver plus jeune, conciliant le rugby avec des études en management du sport. Il faut peu de temps à cette pépite pour trouver ses marques dans le club le plus titré de France, qui sort alors d’une période délicate. Antoine Dupont marque les esprits par sa puissance et ses crochets dévastateurs. Jusqu’à ce qu’une grave blessure au genou vienne interrompre sa progression en février 2018. Huit mois plus tard, le demi de mêlée insaisissable retrouve le terrain en signant trois essais contre Perpignan.
Si sa renommée et sa popularité ne cessent de croître, Antoine Dupont n’en oublie pas pour autant ses racines gasconnes. Il reste très attaché au village de Castelnau-Magnoac, où il a découvert le ballon pendant ses jeunes années avec son frère, ses cousins et ses copains. Il a ainsi contribué à ce qu’il soit sélectionné village-départ du Tour de France en 2022. Il y retourne fréquemment et a même droit chaque année à une journée spéciale, baptisée le "Dupont Day", qui réunit plusieurs centaines de convives. Elle est organisée par le MFC, qui finance ainsi une bonne partie de son budget.
"Toto" au musée Grévin
L’horizon de cet amoureux du monde rural ne se limite cependant pas à ses terres natales. Amateur de musique et de mode, il fait preuve de curiosité et n’hésite pas à sortir de la sphère traditionnelle du rugby. Comme lorsqu'il pose en peignoir jaune pour la une du magazine GQ ou bien en participant à des séances photo vêtu de pièces de haute couture. Il possède une collection à son nom créée par la marque Ami. Il apparaît dans des émissions éloignées du rugby, participe à la campagne 2022 des Enfoirés et n’hésite pas à faire des apparitions sur scène avec ses copains rappeurs Bigflo et Oli.
Ambassadeur du rugby français, Antoine Dupont devient l’égérie de différentes marques et prend notamment la relève de Zidane dans une publicité de Volvic. Il a également prêté sa voix à la SNCF, qui lui a confié des annonces en vue de la Coupe du monde. "Que vous soyez joueur, supporteur ou simple voyageur, je vous souhaite de très beaux moments dans nos gares qui vont vibrer au rythme de la compétition", déclare le capitaine des Bleus dans un message. Un joueur emblématique qui a aussi fait son entrée au musée Grévin en mai dernier.
Il manque à sa statue de cire une réplique de la coupe Webb Ellis, remise au vainqueur de la Coupe du monde. Antoine Dupont rêve de la décrocher avec ses coéquipiers du XV de France. Il entrerait ainsi dans l’histoire du rugby français puisque les Bleus ne l’ont encore jamais gagnée. Le demi de mêlée - élu meilleur joueur du Tournoi des Six Nations en 2020, 2022 et 2023 - est l’une des armes les plus redoutables de la sélection française. "C’est de la dynamite", explique Serge Blanco, arrière légendaire des Bleus, dans le documentaire de Canal+. Et d’ajouter : "On attend qu’à un moment donné, il soit capable de prendre un ballon puis de créer un exploit."
Ses qualités d’explosivité sont bien connues de ses adversaires, qui s’efforcent de le museler à chaque rencontre, souvent en vain. Antoine Dupont sera très surveillé par les grandes nations de ce sport, à commencer par les All Blacks que les Bleus affronteront le 8 septembre au Stade de France. Il tentera malgré tout de faire parler son génie rugbystique au service du collectif tricolore, en montrant la voie à une équipe de France très attendue à l’occasion de cette Coupe du monde. Dans le sillage de celui que ses coéquipiers surnomment "Toto", les Bleus espèrent bien jouer une mauvaise blague aux autres favoris de cette compétition.