Coupe du monde de rugby : les Bleus passent au révélateur sud-africain
France - Afrique du Sud
Les Français affrontent dimanche, au Stade de France, les Springboks, champions du monde en titre. Ils pourront compter sur leur capitaine Antoine Dupont, titularisé en 9, pour tenter de battre les Sud-Africains dans ce quart de finale de Coupe du monde de rugby qui s’annonce brutal. Les Bleus se disent prêts pour ce combat très attendu qu’ils livreront à domicile, devant un public surchauffé.
L'arrière français Thomas Ramos (à gauche) et l'ouvreur sud-africain Manie Libbok seront chargés d'inscrire des points au pied pour leur équipes, le 15 octobre, en quart de finale de Coupe du monde.
Revenu juste à temps pour pouvoir disputer la Coupe du monde de rugby avec le groupe France après six mois de blessure, Anthony Jelonch sait que le quart de finale contre les Sud-Africains, le 15 octobre, n’aura rien d’une partie de plaisir. Juste après les avoir affrontés et battus en novembre dernier au Stade Vélodrome à Marseille (30-26), il avait déclaré n’avoir "jamais affronté des avants aussi costauds". Et les Springboks ne s’annoncent pas plus légers ou tendres au Stade de France.
Cette rencontre donnera lieu à un affrontement entre deux équipes très solides physiquement. La France et l’Afrique du Sud s’appuient sur deux puissants paquets d’avants qui vont se livrer un rude combat pendant toute la rencontre, notamment dans le secteur crucial de la mêlée. Les Bleus vont défier une référence en la matière et ils espèrent bien réussir à prendre le dessus, en s’appuyant notamment sur leur puissante première ligne composée du talonneur Peato Mauvaka encadré par les piliers Uini Atonio et Cyril Baille.
Les Coqs français risquent bien de perdre quelques plumes dans la bataille. Cela avait été le cas à Marseille où trois joueurs français avaient dû quitter le terrain au cours des 33 premières minutes de jeu. Le premier avait été le centre Jonathan Danty, victime à la 12e minute d’une fracture du plancher orbital à la suite d’un violent coup de tête asséné par le Sud-Africain Pieter-Steph du Toit. Un geste sanctionné d’un carton rouge. Le deuxième ligne français Thibaud Flament était sorti vingt minutes plus tard sur commotion cérébrale, tandis que le pilier Cyril Baille quittait le terrain après avoir reçu un coup à l’aine.
Charles Ollivon avait, lui, réussi à disputer les 80 minutes de cette rencontre qu’il qualifie de "match violent". "C'était le terme approprié, il y avait d'ailleurs eu pas mal de KO. Dimanche (15 octobre), on s'attend à un match du même style. On connaît la tradition sud-africaine. Ils sont bien préparés pour marquer physiquement l'adversaire. Ils vont rester fidèles à eux-mêmes", a déclaré le troisième ligne, vendredi 13 octobre, après l’annonce de la composition des Bleus contre les Springboks.
Le jeu d’échec de Fabien Galthié
Se disant impatient de les affronter en quart, Charles Ollivon livrera le prochain combat avec pratiquement les mêmes coéquipiers au sein du pack, seul le talonneur Guillaume Marchand manque à l’appel par rapport au match de novembre 2022. Antoine Dupont sera, lui aussi, bien au rendez-vous. Trois semaines après son opération de la mâchoire, il retrouve sa place de titulaire et ses galons de capitaine. "Je suis en pleine capacité de mon jeu, de mes moyens physiques ou techniques pour dimanche", a assuré Dupont, qui portera un casque face aux Springboks au Stade de France. Et il espère cette fois ne pas voir rouge contre les Sud-Africains, l’arbitre l’ayant expulsé la dernière fois à Marseille en raison d’une charge dangereuse sur Chelsin Kolbe à la 48e minute.
Son retour dans cette Coupe du monde fait le bonheur de l’encadrement et des joueurs français. "Antoine nous donne beaucoup de confiance. Il est très important dans notre système défensif. En attaque, il est capable de faire de grandes différences. Il suscite de la crainte chez l'adversaire, qui essaie de le contrer", a expliqué l’ouvreur Mathieu Jalibert, qui composera la charnière des Bleus avec le demi de mêlée toulousain.
Semblant soulagé d’avoir Antoine Dupont assis à ses côtés en conférence de presse, le sélectionneur français Fabien Galthié a insisté, vendredi, sur l’aspect "merveilleux" de ce quart de finale. Il a expliqué avoir beaucoup suivi et étudié au cours des derniers mois cette équipe sud-africaine dotée d’une "approche tactique très pointue". Sourire aux lèvres, il a avoué prendre beaucoup de plaisir dans la préparation de ce "jeu d’échecs" qui implique "un niveau de stratégie et de réflexion poussé à son paroxysme".
Trois heures avant les Bleus, les Springboks avaient dévoilé leur composition pour ce quart de finale. Ils ont notamment choisi de titulariser face à Antoine Dupont un demi de mêlée assez imprévisible, Cobus Reinach, et de maintenir leur confiance au demi d’ouverture Mannie Libbock, plus tourné vers le jeu de mouvement que l’expérimenté Handré Pollard. "Si nous regardons les minutes compilées par Handré Pollard sur l'année, ça ne fait qu'un match. Il revient de blessure, tout doucement", a expliqué le sélectionneur sud-africain Jacques Nienaber au sujet de ce joueur arrivé en renfort pendant la Coupe du monde.
Un défi majeur pour les Springboks
Avec ces choix, les Sud-Africains semblent désireux de proposer un rugby un peu plus ouvert et moins axé sur le défi physique. Alors qu’ils avaient placé sept avants et un seul trois-quart sur le banc des remplaçants lors de leur match de poule perdu contre l’Irlande (8-13), ils misent cette fois sur une option plus équilibrée avec trois joueurs des lignes arrières, dont le demi de mêlée Faf de Klerk. Il était le titulaire indiscutable lors de l’édition 2019 de la Coupe du monde qui a vu les Springboks remporter le trophée Webb Ellis.
Les Sud-Africains se préparent depuis plusieurs années à cette affiche qui se dessinait depuis le tirage de la Coupe du monde début 2020. Le troisième ligne Siya Kolisi confiait ainsi à l’Équipe, en novembre 2021, avoir déjà en tête cette rencontre au Stade de France. “On sait comme c’est dur de l’affronter chez elle, dans un stade plein, bruyant, avec un public qui la soutient. Ce sera un grand défi de battre la France chez elle en 2023”, anticipait alors l’emblématique capitaine sud-africain, qui rejoindra le club français du Racing 92 après cette compétition.
Les Springboks avaient déjà connu un scénario semblable en 2019, puisqu’ils avaient affronté en quart de finale à Tokyo l’équipe du pays hôte de la compétition, le Japon. Ils avaient alors nettement battu les vaillants Japonais (26-3) avec une charnière constituée par De Kerk et Pollard. Cette fois, la marche s’annonce bien plus haute étant donné que la France est un rival bien mieux coté que la sélection nippone. Et les Sud-Africains savent que les Bleus sont déterminés à accrocher, sur leurs terres, un trophée de Springboks à leur tableau de chasse.