news-details
Arts et People

AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Laëtitia Perrais, cette adolescente massacrée "née à l'instant où elle est morte"

Laëtitia Perrais, 18 ans, a été tuée dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011 à Pornic (Loire-Atlantique). Closer revient sur cette bouleversante affaire. Jeudi 6 octobre 2022, France 3 donnera le coup d'envoi de Laëtitia, mini-série de Jean-Xavier de Lestrade inspirée de l'affaire Laëtitia Perrais. Constituée de six épisodes, déjà diffusés en septembre 2020 par France Télévisions, elle explore les différentes étapes d'une enquête surmédiatisée, de la disparition de l'adolescente au matin du 19 janvier 2011 à la découverte de son corps meurtri, dans un étang de la region de Pornic. Mais qui était donc la jeune Laëtitia et comment son meurtre est-il devenu l'un des faits-divers les plus célèbres du début des années 2010 ? Closer revient sur l'affaire. Le 19 janvier 2011, Jessica Perrais, 18 ans, trouve le scooter de sa sœur jumelle, Laëtitia, couché à une cinquantaine de mètres de la maison de sa famille d'accueil. Les clés sont toujours sur le contact, et les chaussures de l'adolescente traînent sur le bitume... Sans attendre, l'adolescente signale la disparition de sa sœur, et la gendarmerie de Pornic ouvre une enquête pour disparition inquiétante. Les enquêteurs ne tardent pas à découvrir que la veille, Laëtitia a été vue en train de quitter son service à l'hôtel de Nantes, à La Bernerie-en-Retz, avec un homme prénommé Tony Meilhon... Quelques heures plus tard, Laëtitia a envoyé son dernier SMS à son meilleur ami et confident, lui expliquant avoir été violée. "Ton petit corps, ça vaut trente ans de prison" Meilhon est aussitôt suspecté. Déjà condamné à 13 reprises pour des faits allant du vol au viol, le jeune homme de 31 ans est arrêté au lieu-dit Le Cassepot à Arthon-en-Retz. Sur place, les enquêteurs font la découverte d'un caddie carbonisé. À l'intérieur, un couteau, une gache, une scie à métaux et une boucle d'oreille appartenant à Laëtitia. Des photos de l'adolescente, prise la veille lors de sa rencontre avec Meilhon sur une plage, sont également découvertes dans le téléphone portable du suspect, et des traces de sang sont identifiées dans le coffre de sa voiture. Toutefois, aucun de ces éléments à charge ne fait plier Meilhon. En cellule, le jeune homme nie toute implication dans la disparition de Laëtitia et chante à tue-tête : "Oh Laëtitia, qu'est-ce que t'étais bonne, je me suis pas ennuyé oh la la, ton petit corps, ça vaut trente ans de prison..." Mais l'indifférence de Meilhon ne suffit pas à cacher la vérité. Fin janvier, son ex-petite amie guide les gendarmes vers le Trou Bleu, un étang de Lavau-sur-Loire où Meilhon aimait pêcher. Dans l'eau, les plongeurs mobilisés trouvent une nasse au contenu macabre ; la tête, les bras et les jambes de Laëtitia se trouvent à l'intérieur. Acculé, Meilhon passe aux aveux. Il prétend avoir accidentellement renversé l'adolescente avec sa voiture et s'être débarrassé de son corps pour "maquillé cet accident en crime". Une version invraisemblable, ce que Meilhon lui-même finira par reconnaître. Après les aveux de Meilhon font entrer l'affaire sur la scène politique. Le 3 février, lors d'une visite à Saint-Nazaire, le président de la République, Nicolas Sarkozy, pointe du doigt le système judiciaire français : "Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable, sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés" déclare-t-il. Une déclaration qui provoquera la colère des magistrats, et provoquera une grève dans 170 tribunaux français. Le corps de Laëtitia Perrais retrouvé démembré Le 9 avril 2011, le buste de Laëtitia Perrais est découvert par une promeneuse à la surface de l'étant de Briord, à Port Saint-Père. Une quarantaine de blessures au couteau sont comptées sur la peau de l'adolescente, preuve que le meurtre a été particulièrement violent. Mais à l'épouvante générale, il est révélé que cette effroyable fin de vie n'est peut-être pas le seul traumatisme auquel Laëtitia a été confrontée... Le 8 août 2011, deux jeunes filles portent plainte pour agressions sexuelles contre Gilles Patron, le père d'accueil de Laëtitia et Jessica, chez qui elles avaient été placées par l'Aide sociale pour l'enfance (ASE) en 2001. Jessica révèle avoir elle-même été violée plusieurs fois par Patron depuis 2006, mais n'est pas en mesure de dire si sa sœur a également subi des sévices. La meilleure amie de Laëtitia, Léa, révèlera néanmoins plus tard que Patron s'en était également pris à Laëtitia. En mars 2014, Gilles Patron est condamné à 8 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur cinq victimes, dont Jessica, mais pas Laëtitia, dont l'agression n'a jamais pu être prouvée. L'homme, décrit par les experts comme un pervers capable de "n'éprouver ni regret, ni culpabilité, ni affect" est depuis sorti de prison sur remise de peine. Il fait néanmoins l'objet d'un suivi socio-judiciaire. Tony Meilhon, lui, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans en 2013. Une décision confirmée en appel en 2015, après que l'avocat général ait déclaré : "Ce n'est pas un meurtre, c'est un massacre." Enfin, Jessica Perrais a refait sa vie loin de Pornic. "Elle a fait le choix intelligent de quitter la région, dévoilait Me Cécile De Oliveira, son avocate, en janvier 2021. Il était impossible pour Jessica de continuer à vivre dans une région qui était autant marquée par ce procès, par cette médiatisation, par les lieux de découvertes macabres des restes du corps de sa sœur jumelle." Une soeur jumelle sans histoire devenue tristement célèbre, qui demeure bien malgré elle le visage d'un faits-divers ayant marqué la France entière. En 2016, dans son livre Laëtitia ou la fin des hommes, l'historien Ivan Jablonka déclarera, au sujet de l'adolescente : "Aux yeux du monde, elle est née à l'instant où elle est morte".

You can share this post!