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AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Violette Nozière, le monstre en jupons parricide

L'affaire Violette Nozière ou l'affaire de l'empoisonneuse parricide, ne fait plus la Une mais a marqué les années 30 par les nombreuses polémiques qu'elle a suscitées. Retour sur l'affaire hors-norme dont certains aspects résonnent curieusement dans l'actualité... "L'Ange noir", "l'empoisonneuse parricide", "le monstre en jupons"... Violette Nozière a marqué les années 1930 par ses crimes monstrueux et son impact phénoménal sur la société française. En l'an 1933, cette jeune fille de 18 ans issue de milieu modeste a défrayé la chronique après avoir assassiné son père, Baptiste Nozière, par empoisonnement au Soménal. Dans une atmosphère familiale délétère, Violette Nozière est passée à l'acte le 21 août 1933, administrant à ses parents Baptiste et Germaine Nozière une dose létale de médicaments avant d'allumer le gaz pour dissimuler son crime en suicide. Le relevé du compteur à gaz et l'autopsie de son père (sa mère ayant survécu) ont toutefois raison de son mensonge, et Violette Nozière est arrêtée le 28 août 1933. Jugée en assises, elle est condamnée à la peine de mort pour parricide et empoisonnement le 12 octobre 1934. Il s'agit néanmoins d'une peine symbolique, la France ne guillotinant plus les femmes à l'époque. D'abord graciée par le président Albert Lebrun, qui transforme sa peine capitale en peine de travaux forcés à perpétuité, la criminelle obtient une réduction de peine de 12 ans du maréchal Philippe Pétain, en 1942. Elle est libérée le 29 août 1945, avant d'être graciée à nouveau par Charles de Gaulle, en novembre de la même année. Violette Nozière, une affaire à la portée inimaginable Si cette affaire semble s'apparenter à de nombreuses autres, elle a en réalité marqué l'histoire de France par son retentissement dans les médias et dans la société. Décrite comme paresseuse, sournoise, dévergondée et dépensière, celle que l'on surnomme "le monstre en jupons" avait renié ses origines et racontait à qui voulait bien l'entendre que ses parents n'étaient pas les gens modestes qu'ils étaient en réalité. En constatant qu'un crime d'une telle férocité s'est déroulé derrière les volets d'un foyer qualifié de respectable, c'est toute la société française qui s'en voit bouleversée. Et l'impact sociétal de l'affaire Nozière va encore bien plus loin. Au cours de ses interrogatoires, la jeune femme révèle avoir été violée à de nombreuses reprises par son père, dès l'âge de douze ans et pendant environ six ans. "En courtes phrases haletantes, brèves, elle nous raconta comment un jour son père avait odieusement abusé d'elle, pendant un voyage de sa mère", écrit le journaliste Marcel Guillaume dans le quotidien Paris-Soir, en 1937. L'inceste, sujet alors tabou dans une société dominée par les hommes, donne alors une toute nouvelle dimension à l'affaire. Tandis que lors du procès, le jury ignore l'accusation d'inceste pour établir son verdict, les surréalistes prennent la défense de l'accusée et font même d'elle une égérie poétique, symbole de la lutte contre le patriarcat. Dans la presse, les journalistes survolent les détails et ne mentionnent jamais le viol et l'inceste dont Violette Nozière dit avoir été victime. Mais ses seules déclarations suffisent à libérer la parole des victimes d'inceste, et à mettre en lumière un sujet jusqu'alors soigneusement dissimulé par la société. Des évènements qui ne sont pas sans rappeler ceux survenus il y a seulement quelques mois après la publication de La Familia grande et les accusations de Camille Kouchner contre le politologue Olivier Duhamel... Si Violette Nozière a fini par se rétracter quant aux accusations d'inceste portées contre son père, son histoire a eu un impact indéniable sur la société française. Encore aujourd'hui, le poème de Paul Eluard, et ses vers "Violette a rêvé de défaire / A défait / L'affreux nœud de serpents des liens du sang" reste encré dans les mémoires. Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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