AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Lucien Léger, "L'étrangleur n°1" et ex-plus ancien détenu de France
Inoubliable pour la famille de la victime, l'affaire Lucien Léger ne fait plus la Une mais a défrayé la chronique au milieu des années 1960. Closer revient sur cette affaire hors norme.
Il était surnommé "L'étrangleur". Le 7 mai 1966, Lucien Léger est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est déclaré coupable du meurtre du petit Luc Taron, 11 ans, disparu le 26 mai 1964 après une bête dispute avec sa mère, Suzanne Taron. Mais en plus d'avoir assassiné un enfant, Lucien Léger est connu pour s'être joué de longues semaines de la police et de la presse à travers des lettres manuscrites signées "L'étrangleur n°1". Il y revendique ouvertement le crime et en annonce d'autres, plongeant la région parisienne dans une véritable psychose... Retour sur ce fait-divers bouleversant.
Le 27 mai 1964, dans les bois de Verrières-le-Buisson, dans l'Essonne, un ouvrier découvre le corps sans vie d'un petit garçon. Luc Taron, 11 ans, avait quitté le domicile familial la veille à la suite d'une dispute avec sa mère, qui lui reprochait de lui avoir volé 15 francs. Mutilé, le garçonnet est mort par strangulation. L'annonce de sa mort émeut la France entière, d'autant que quelques heures plus tard, vers 23h50, le meurtrier sort du silence. Sur les ondes d'Europe 1, un homme revendique l'assassinat du garçonnet. Il informe les policiers qu'une lettre manuscrite les attend sur le pare-brise d'une voiture. Le texte, qui décrit le meurtre dans ses moindres détails, est signé "L'étrangleur n°1".
L'expéditeur n°1
En tout, la police, la presse, les parents de Luc Taron et même le ministre de l'Intérieur recevront plus de 55 lettres. Aucune d'entre elle ne permettra aux enquêteurs de remonter jusqu'au criminel... jusqu'au 27 juin 1964. Un mois après le crime, le commissariat des Invalides enregistre la plainte d'un certain Lucien Léger, qui affirme que sa 2 CV a été volée. Quatre jours plus tard, il revient sur celle-ci et explique avoir retrouvé sa voiture grâce à un coup de téléphone de l'étrangleur. Sceptiques, les enquêteurs consacrent leurs investigations à ce curieux personnage. Dans sa chambre d'hôtel, ils mettent la main sur plusieurs coupures de presse en lien avec l'affaire Taron, ainsi que sur un manuscrit intitulé Le Journal d'un assassin. L'écriture de Léger est finalement comparée à celle des lettres de L'étrangleur, ce qui permet à la police d'incriminer définitivement son suspect.
Après de premiers aveux, Lucien Léger se rétracte et clame son innocence durant tout son procès. Il affirme que le crime a été commis par un certain Monsieur Henri, qui aurait assassiné le garçonnet par vengeance contre son père. Mais personne n'y croit. Le 7 mai 1966, Lucien Léger écope d'une peine de prison à perpétuité. En 2005, il est le plus ancien détenu de France lorsqu'il est finalement libéré, après 41 ans d'emprisonnement. Il meurt à son domicile de Laon au début du mois de juillet 2008, sans ne jamais avoir livré sa vérité.
Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités