Présidentielle : pour Valérie Pécresse, un premier meeting pour relancer une campagne moribonde
La candidate du parti Les Républicains, Valérie Pécresse, le 13 février 2022, lors de son premier grand meeting de campagne au Zénith de Paris.
La candidate du parti Les Républicains, Valérie Pécresse, a tenu son premier grand meeting, dimanche à Paris, au terme d’une semaine marquée par les défections et les critiques. Elle espère relancer sa campagne.
Valérie Pécresse, seule sur scène, debout devant trois grandes bâches bleue, blanc, rouge. Le message est limpide : la candidate Les Républicains à l’élection présidentielle souhaitait, dimanche 13 février, au Zénith de Paris, pour son premier grand meeting de campagne, incarner la France.
Il lui était reproché en interne de passer trop de temps sur ses propositions dans ses interventions médiatiques, de trop donner dans le discours technique, de ne pas assez exposer sa vision du pays et de ne pas suffisamment inspirer l’électorat de droite. Alors Valérie Pécresse a tenté de rectifier le tir et de transmettre de l’émotion, un peu moins de deux mois avant le premier tour de l’élection présidentielle (10 avril).
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"Je veux porter un nouvel espoir. Celui d’une nouvelle France que nous devons reconstruire ensemble. France, car notre pays est éternel. Nouvelle, car notre histoire reste à écrire. Nouvelle France, car c’est elle qui se nourrit de ses racines et qui se donne des ailes. La France des cathédrales et celle des satellites. La France de Péguy et celle de Marie Curie. La France qui s’assume et qui se réinvente. La voilà ma France !", a-t-elle lancé aux 7 000 personnes réunies dans la salle du Zénith, dans le nord-est parisien.
Mais Valérie Pécresse a surtout dressé le portrait d’une France à reconstruire et dont la souveraineté serait menacée. "Serons-nous une nation unie ou une nation éclatée ? Face à ces questions vitales, pas de fatalité. Ni au grand déclassement, ni au grand remplacement", a-t-elle affirmé, reprenant une nouvelle fois à son compte la théorie complotiste portée depuis le début de la campagne par le candidat d’extrême droite Éric Zemmour (Reconquête !).
Identité, laïcité, industrie, éducation, santé, frontières, poids de la France à l’international : pour la présidente de la région Île-de-France, tout est à reconstruire. La candidate LR a toutefois insisté sur les valeurs chères à la droite que sont le mérite, la liberté et la valeur travail, évoquant la "belle intuition" de l’ancien président Nicolas Sarkozy sur le "travailler plus pour gagner plus".
Le soutien de Nicolas Sarkozy attendu
Une référence tout sauf anodine au terme d’une semaine délicate. marquée notamment par les départs de plusieurs personnalités de son camp. L’ancien ministre Éric Woerth, figure du parti de droite, a annoncé mercredi qu’il soutenait Emmanuel Macron, tout comme la maire de Calais Natacha Bouchart et l’ancienne secrétaire d’État Nora Berra.
Il y a aussi eu jeudi les propos de l’ancienne garde des Sceaux, Rachida Dati, qui a étrillé le directeur de campagne de Valérie Pécresse, Patrick Stefanini, le qualifiant de "loser" et de "déserteur".
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Enfin et surtout, des propos prêtés à Nicolas Sarkozy dans un article du Figaro ont nourri les spéculations : "Valérie part dans tous les sens", "elle est inexistante" et "n’a rien compris à la campagne", "il n’y a pas de dynamique". Une rencontre a eu lieu vendredi avec l’ex-chef de l’État, mais ce dernier n’a toujours pas apporté son soutien officiel et semble décidé à se faire désirer.
Au Zénith, les militants LR restaient toutefois convaincus que Nicolas Sarkozy restera fidèle à sa famille politique. "Peu importe si son soutien arrive plus tard dans la campagne, l’important est qu’il se prononce pour faire revenir des électeurs partis chez Emmanuel Macron ou pour convaincre des électeurs encore hésitants", juge Arnaud, 52 ans, qui a eu Valérie Pécresse comme enseignante lorsqu’il était étudiant à Sciences-Po.
Ce meeting parisien aurait été une belle occasion d’afficher le soutien de l’ancien président, mais Valérie Pécresse a dû faire sans. Alors à défaut de faire monter Nicolas Sarkozy sur scène, c’est l’ensemble des personnalités du parti Les Républicains qui étaient présentes aux premiers rangs : le patron de LR, Christian Jacob, bien sûr, mais aussi, le président du Sénat Gérard Larcher, la vice-présidente de l’Assemblée nationale Annie Genevard, le chef du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, son homologue du Palais Bourbon Damien Abad, l’ancien patron du parti Laurent Wauquiez, la tête de liste aux européennes Françoios-Xavier Bellamy, l’ancien ministre François Baroin et même Rachida Dati – toutefois assise à bonne distance de Patrick Stefanini.
L’unité du parti affichée
La photo de famille était belle, mais consigne avait été donnée de ne pas voler la vedette à Valérie Pécresse. Ainsi, les perdants de la primaire LR – Philippe Juvin, Xavier Bertrand, Michel Barnier, Éric Ciotti – ont tous pris le micro avant l’arrivée de la candidate pour s’adresse tour à tour au Zénith. Mais ils ont dû rester au pied de la scène.
Tous ont joué le jeu. Tous tenaient à montrer l’unité des Républicains derrière leur candidate et minimiser les défections de la semaine. "Peu importe. Ce n’est pas parce qu’une petite poignée d’individualités s’en va que notre mobilisation va s’arrêter. On fait front", insiste Hamza, 46 ans, une élue venue de Caluire-et-Cuire, dans la banlieue de Lyon.
Valérie Pécresse n’a d’ailleurs prononcé aucun mot sur le sujet, préférant dérouler sa vision et, une première, parler d’elle-même. Poussée par son entourage à s’ouvrir et à fendre l’armure, la présidente de la région Île-de-France est revenue en fin de meeting sur son parcours, sa famille, et ses mentors en politique : Jacques Chirac, Simone Veil et Nicolas Sarkozy.
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Mais c’est bien sûr avec la France que Valérie Pécresse a conclu son discours : "Nous sommes là, ensemble, pour affirmer, haut et fort, que la nouvelle France arrive. La France de toujours et du futur. La France éternelle et nouvelle qui renoue avec son épopée. Ce nom de ‘France’, je veux qu’il résonne de nouveau. Je veux qu’il étonne. Je veux qu’il tonne !"
Le public du Zénith, conquis d’avance, agitait ses drapeaux tricolores, espérant que ce meeting redonnerait un nouveau coup de fouet à la campagne de leur championne. Valérie Pécresse reste à la lutte pour accéder au second tour de la présidentielle, les sondages la plaçant régulièrement dans un mouchoir de poche avec Marine Le Pen (Rassemblement national) et Éric Zemmour.