news-details
Actualités

Présidentielle : comment Hidalgo et Jadot utilisent la crise ukrainienne pour attaquer Mélenchon

La candidate socialiste, Anne Hidalgo, et le candidat écologiste, Yannick Jadot, ont profité de la crise ukrainienne pour accuser Jean-Luc Mélenchon de "complaisance" à l’égard de Vladimir Poutine, quitte à flirter avec les "fake news". L’occasion était trop belle. Confrontés à des difficultés dans leur campagne présidentielle et à des sondages qui ne décollent pas, Anne Hidalgo (Parti socialiste) et Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts) ont saisi la crise ukrainienne pour attaquer celui qui fait la course en tête à gauche, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise). "J’observe avec la plus grande des inquiétudes, dans notre pays, et je le regrette, de l’extrême droite à l’extrême gauche, des responsables politiques qui trouvent en toute circonstance des excuses à Vladimir Poutine. L’extrême droite française, de concert avec Jean-Luc Mélenchon, oubliant de condamner l’agression de Poutine, se relaie pour dénoncer la prétendue atteinte de l’Otan à la sécurité russe", a affirmé Anne Hidalgo, mercredi 23 février, lors d’une conférence de presse. "Le Pen, Zemmour, Mélenchon renversent les rôles et se font les complices des nationalistes agressifs et des impérialistes. Il faut dénoncer ces discours qui n’ont que pour but de transformer les agresseurs en agressés", a-t-elle poursuivi, mettant ainsi dans le même panier son concurrent de gauche avec les candidats de l’extrême droite. >> À lire : Ukraine : appel à la fermeté chez la plupart des candidats à la présidentielle Une ligne identique à celle adoptée la veille par Yannick Jadot. "La complaisance de la classe politique française vis-à-vis de Vladimir Poutine est insupportable. (…) Jean-Luc Mélenchon prétend défendre la démocratie en France, tant mieux, mais il est prêt à sacrifier les Ukrainiens, l’Ukraine, dans un délire anti-américain qui consiste à dire que 150 000 soldats russes qui rentrent en Ukraine, c’est la faute de l’Otan, c’est la faute des États-Unis", a-t-il déclaré mardi soir sur le plateau de C à vous sur France 5. S’en prendre à l’image de présidentiable Anne Hidalgo et Yannick Jadot espèrent ainsi récupérer des électeurs de gauche tentés par un vote Mélenchon. "Leur discours a pour but de décrédibiliser l’image de présidentiable de Jean-Luc Mélenchon qui est connu pour être un leader extrêmement critique de ce que l’on pourrait appeler le camp occidental", souligne le politologue Pascal Perrineau, contacté par France 24. "Et même si les enjeux de politique étrangère restent marginaux lors de l’élection présidentielle française, cela peut jouer sur une petite partie de l’électorat", juge-t-il. Problème : la position de Jean-Luc Mélenchon décrite par Anne Hidalgo et Yannick Jadot n’est pas tout à fait honnête. Le candidat LFI a condamné dès lundi soir, dans un communiqué, la reconnaissance par la Russie des deux républiques auto-proclamées du Donbass. >> À lire : Crise en Ukraine : les positions très divergentes des candidats à l'Élysée "La reconnaissance des républiques russophones du Donbass par Poutine est une très mauvaise affaire pour les Français. Le respect des frontières, quelles qu’elles soient, est une condition de base d’une vie internationale où la diplomatie et l’ONU tranchent plutôt que les armes et les coups de force", affirmait le candidat insoumis dans son communiqué, qualifiant cette reconnaissance d’"escalade", avant d’ajouter : "La Russie en porte la responsabilité et il faut la condamner". Jean-Luc Mélenchon a également tenu une conférence de presse, mardi 22 février, pour préciser sa position. Le choix du Kremlin de reconnaître l'indépendance des régions séparatistes pro-russes est "une violation de l'intégrité territoriale de l’Ukraine" et est "inadmissible", a-t-il répété. "Nous ne pouvons pas comme Français accepter une violation des frontières" par la force, a-t-il ajouté. "Toucher à la carte, toucher aux frontières, c'est créer un risque de guerre généralisée", a-t-il encore mis en garde. Mélenchon pour une position de non-aligné Toutefois, Jean-Luc Mélenchon défend pour la France une position de non-aligné – il prône notamment la sortie de l’Otan – et fait preuve de nuances dans son analyse de la situation, expliquant le contexte qui a pu, selon lui, pousser Vladimir Poutine à agir de la sorte. "Poutine a dû comprendre que la décision [d’intégrer l’Ukraine à l’Otan, NDLR] était déjà prise et qu’il ne pourrait jamais obtenir de garantie sur ce sujet. Il a vu que les États-Unis ne lui cédaient rien sur ce point depuis le début de la crise. La reconnaissance des républiques du Donbass est donc sa prise d’avantage dans le nouvel ordre qui s’installe dans cette région. Il l’a fait avant que la nouvelle frontière de l’Otan ne lui interdise de le faire", pouvait-on lire dans son communiqué diffusé lundi soir. Un point de vue assez proche de celui défendu par l’ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin, Hubert Védrine, qui déclarait mardi soir sur LCI que Vladimir Poutine "représente quelque chose d’assez vrai dans le sentiment des Russes d’avoir été complètement négligés et entourés d’armes nucléaires américaines partout". Par conséquent, le leader insoumis n’avait pas jugé "agressive" l’attitude russe consistant à masser des troupes à la frontière ukrainienne. "Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil, un pays lié à une puissance qui les menace continuellement ?", interrogeait-il dans une interview au Monde le 18 janvier. Il a également manqué de clairvoyance quant aux intentions de Vladimir Poutine. "La menace n’existe pas", affirmait-il ainsi, le 30 janvier sur France 5, au sujet d’une éventuelle entrée des troupes russes en Ukraine, s’appuyant sur les déclarations du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui se voulait rassurant. Il a reconnu s’être trompé à ce sujet, mardi après-midi, lors de sa conférence de presse. Autre divergence entre Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon : contrairement aux deux premiers, le candidat LFI n’est pas favorable aux sanctions économiques. Celles-ci "n'ont jamais mené à rien", a-t-il affirmé mardi lors de sa conférence de presse. "Ce sont les Français qui vont en faire les frais", a-t-il ajouté, en rappelant les conséquences du précédent train de sanctions contre la Russie, Moscou y ayant répondu par un embargo sur les produits agricoles européens et américains. Jean-Luc Mélenchon propose, lui, une conférence des frontières sous l’égide de l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui réunit notamment États-Unis, Europe et Russie. Celle-ci permettrait, estime-t-il, "de fixer des règles et de gérer avant la crise les autres situations de tensions frontalières qui murissent sur notre continent".

You can share this post!