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Présidentielle : malgré la main tendue d’Anne Hidalgo, l’union de la gauche fait encore flop

Anne Hidalgo a proposé à ses concurrents de gauche, le 8 décembre 2021, de participer à une primaire. Si Arnaud Montebourg est dans une démarche similaire, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon y sont opposés. Alors qu’elle semblait enterrée, l’union de la gauche a été remise au centre des débats, mercredi, après l’appel d’Anne Hidalgo à une primaire et la proposition d’Arnaud Montebourg de retirer sa candidature en faveur d’un programme et d’un candidat communs. Mais Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Fabien Roussel ont déjà fermé la porte. Certains veulent y voir un acte courageux et responsable. Pour d’autres, il ne s’agit que d’une tentative désespérée d’exister dans une campagne présidentielle bien mal engagée. Une chose est sûre : si en appelant à une primaire et à une candidature unique, mercredi 8 décembre, Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg ont créé une lueur d’espoir chez les électeurs de gauche, le temps d’une soirée, les réactions des autres candidats de cette famille politique ont eu vite fait de doucher leurs aspirations. Par la voix de son lieutenant Éric Coquerel, député La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis, Jean-Luc Mélenchon a rapidement refusé toute main tendue, soulignant que les différences de programme étaient trop profondes entre chaque candidat. Refus également du côté de Fabien Roussel, candidat du Parti communiste (PCF). "Une primaire permet seulement de régler un problème de casting. Or le problème de la gauche aujourd'hui, c'est qu'elle ne parle plus aux classes populaires. Fabien Roussel est candidat et le restera", a assuré son entourage à l'AFP. Enfin c’est aussi non pour le candidat d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), Yannick Jadot. "Je ne participerai pas à une primaire de la gauche", a-t-il affirmé jeudi matin sur Europe 1, voyant dans l’appel d’Anne Hidalgo une "volonté de sortir de l’impasse par une idée surprise". Les propositions faites la veille avaient pourtant de quoi remettre la question de l’union de la gauche au centre des débats. Après un entretien publié mercredi matin dans Libération dans lequel il appelait à "l'unification des forces autour d'un candidat commun", Arnaud Montebourg, dans une "adresse au peuple de gauche" publiée en fin d’après-midi, a souligné le danger que représente la montée de l’extrême droite et s’est dit "prêt à offrir sa candidature à un projet et à un candidat communs". "Heureux que les choses bougent enfin" Puis est intervenu le vrai coup de théâtre, au 20 h de TF1, lorsque la candidate du Parti socialiste (PS), Anne Hidalgo, a invité l’ensemble des candidats de sa famille politique à participer à une primaire pour aboutir à une candidature unique de la gauche. "Organisons une primaire de la gauche, que viennent participer à cette primaire les candidats qui veulent gouverner ensemble", a-t-elle déclaré, jugeant que "cette gauche fracturée, qui désespère beaucoup de nos concitoyens, doit se retrouver, se rassembler pour gouverner". Un virage à 180 degrés pour celle qui déclarait encore le matin même sur France 2 qu'une union à gauche "ne fonctionnerait pas" et "serait perçue comme artificielle" car "il y a des candidats qui sont déclarés depuis très longtemps". L’initiative d’Anne Hidalgo a toutefois rapidement été saluée par les organisateurs de la "primaire populaire". Ceux-ci militent depuis des mois pour faire émerger un candidat commun sur la base d’un socle de dix propositions sur lesquelles s’accordent en principe le PS, EELV, LFI et le PCF. Soutenue par plus de 240 000 signataires, la primaire populaire revendique une dynamique susceptible de créer les conditions du rassemblement à gauche. Et même si la maire de Paris n’a pas prononcé les mots "primaire populaire" mercredi soir et qu’elle n’a reçu que des réponses négatives, son appel a été vécu comme une première victoire pour ce mouvement citoyen. >> À lire aussi : "Forte de sa dynamique, la primaire populaire espère toujours rassembler la gauche" "Nous sommes heureux que les choses bougent enfin avec deux candidats qui acceptent de mettre leur candidature en jeu. Maintenant, on invite les autres candidats à prendre leurs responsabilités et à participer à cette primaire populaire qui peut, à l’image de la primaire Les Républicains avec Valérie Pécresse, créer une dynamique à gauche", lance Mathilde Imer, porte-parole de la primaire populaire, contactée par France 24. "On n’est pas dans n’importe quelle élection" Malgré ce volontarisme affiché, la réalité de la campagne présidentielle et de la vie politique offre moins de perspectives d’union. Les raisons qui ont poussé Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg à faire bouger les lignes, mercredi, tiennent davantage à leur situation personnelle qu’à leur soudaine prise de conscience de la nécessité d’un rassemblement. Dans un sondage Elabe publié mardi 7 décembre, la maire de Paris est ainsi créditée de seulement 3 % d’intentions de vote, tandis que l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande plafonne à 2 % – deux scores sous la barre du seuil de 5 % permettant d’être remboursé des frais de campagne par l’État. À l’inverse, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, à la lutte pour le leadership à gauche, espèrent encore faire une percée dans les prochaines semaines qui leur permettra d’apparaître comme le vote utile à gauche et ainsi rassembler. Une sorte de primaire sauvage basée sur les sondages et pour laquelle Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg reconnaissent désormais être hors jeu. "Le problème, c’est qu’aucun d’entre eux n’est à plus de 10 % dans les sondages, déplore Mathilde Imer. Et on n’est pas dans n’importe quelle élection : le risque, c’est de poursuivre avec Emmanuel Macron ou d’avoir à l’Élysée Marine Le Pen ou Éric Zemmour ou Valérie Pécresse. Bien sûr, les différences existent, mais on considère que ce qui nous rassemble est beaucoup plus grand que ce qui nous divise." Les prochaines semaines seront décisives. Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot finiront-ils par faire le même constat qu’Anne Hidalgo et Arnaud Montebourg s’ils ne décollent pas dans les sondages d’ici janvier ? La primaire populaire est censée avoir lieu du 27 au 30 janvier. De quoi laisser encore un peu de temps pour la réflexion.

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