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Présidentielle : forte de sa dynamique, la primaire populaire espère toujours rassembler la gauche

Les militants de la primaire populaire poursuivent leurs actions de terrain dans le but de convaincre les partis de gauche de s'unir. Malgré les refus d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon d’y participer, les organisateurs de la "primaire populaire", initiative citoyenne visant à réunir la gauche, ne désespèrent pas de les convaincre de changer d’avis et espèrent même une surprise de taille. "On passe d’une primaire populaire à une investiture populaire." Alors que les principaux candidats de gauche à l’élection présidentielle ont refusé de participer à la primaire populaire, les organisateurs de cette initiative citoyenne comptent bien organiser un vote, du 27 au 30 janvier, pour désigner celui ou celle "capable de rassembler pour faire gagner l’écologie, la démocratie et la justice sociale". Lancée il y a six mois par des citoyens engagés, la primaire populaire avait commencé par fixer un socle commun composé de dix propositions "de rupture" nettement marquées à gauche, puis s’était donnée pour but de permettre aux électeurs de choisir eux-mêmes leur candidat à l’élection présidentielle. Une première phase de parrainage a permis de faire émerger, sans qu’elles ne le demandent, dix personnalités : Anna Agueb-Porterie, Clémentine Autain, Gaël Giraud, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise, Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin et Christiane Taubira. Celles-ci avaient jusqu’au 30 novembre pour faire savoir si elles acceptaient de participer à la primaire populaire en se soumettant à un vote prévu à l’origine du 13 au 16 janvier. >> À lire : Primaire populaire : un projet citoyen utopique pour réunir la gauche et les écologistes Mais seuls la militante associative Anna Agueb-Porterie, le député européen Pierre Larrouturou et l’ancienne élue locale Charlotte Marchandise ont répondu par l’affirmative, tandis que les gros poissons, déjà lancés en campagne sous les couleurs de leur parti respectif, n’ont pas donné suite. Les militants de la primaire populaire ont pourtant tout fait pour convaincre Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon d’adhérer à leur initiative. Durant plusieurs semaines, ils ont organisé des sit-in devant les sièges du Parti socialiste (PS), d’Europe Écologie-Les Verts ( EELV) et de La France insoumise (LFI), scandant à leurs fenêtres des slogans comme "Zemmour au second tour, à qui la faute ?" ou "L’urgence, c’est maintenant". "Malgré nos appels, nous n’avons pas obtenu de réponse de leur part. Nous en prenons acte. Pour autant, nous lançons sans attendre l’organisation d’un vote en leur disant que la balle est dans leur camp et la dynamique avec nous", affirme Mathilde Imer, porte-parole de la primaire populaire, contactée par France 24. Plus de 210 000 soutiens Car si les candidats à la présidentielle campent pour le moment sur leur position, les citoyens de gauche sont eux de plus en plus nombreux à rejoindre le mouvement. L’appel à une candidature commune lancé sur la plateforme de la primaire populaire a ainsi été signé, au 1er décembre, par près de 215 000 personnes. Soit largement plus de signataires que les 20 000 adhérents du PS ayant choisi Anne Hidalgo, que les 120 000 électeurs de la primaire écolo ayant désigné Yannick Jadot et presque autant que les 260 000 militants ayant jusqu’ici fait acte de soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon. "On sent qu’il y a une dynamique qui est forte, avec 5 000 bénévoles très actifs sur tout le territoire et dix antennes locales supplémentaires qui se créent chaque semaine, souligne Mathilde Imer. Le mouvement est clairement en train de prendre et, désormais, le regard des partis politiques a changé. Au début, ils se moquaient de nous, maintenant ils nous surveillent." Car au-delà du refus officiel des candidats de participer à la primaire populaire, certains membres du PS ou de EELV plaident en interne pour considérer une initiative qui aurait le mérite, selon eux, de relancer une campagne présidentielle dominée depuis des mois par les thèmes de l’extrême droite. Même s’ils soutiennent Jean-Luc Mélenchon, les députés LFI François Ruffin et Clémentine Autain, notamment, ont apporté un appui symbolique à la primaire populaire, tandis que l’ex-candidate à la primaire écologiste, Sandrine Rousseau, s’était engagée à y participer en cas de victoire chez les Verts. Cependant, ni Anne Hidalgo, ni Yannick Jadot, ni Jean-Luc Mélenchon, à l’heure actuelle, ne s’imaginent s’effacer derrière un autre candidat et encore moins au sein d’un processus qui se ferait en-dehors des partis. "Le camp du non l’a emporté chez nous comme chez les autres, regrette Sandrine Rousseau, contactée par France 24. Il y a des effets de structure qui semblent difficiles à surmonter car les partis veulent garder la mainmise." La surprise Taubira ? "Je ne comprends pas", peste Charlotte Marchandise, qui s’était fait connaître pour avoir été une "candidate citoyenne" lors de la dernière présidentielle, et l’une des dix personnalités présélectionnées lors de la phase de parrainage de la primaire populaire, contactée par France 24. "Depuis le départ, les partis sont associés à notre initiative. Il y a énormément de gens en interne qui y sont favorables et, malheureusement, la voix des leaders politiques ne représente pas la voix des militants des partis." Alors qu’il y a actuellement sept candidats de gauche à l’élection présidentielle pour un total de 25 % des intentions de vote seulement, selon les sondages, les sympathisants de gauche sont, eux, 70 % à souhaiter une candidature unique de la gauche en 2022, selon une récente étude Ifop publiée dans le Journal du Dimanche. >> À lire : Candidats à la présidentielle recherchent parrainages d’élus, désespérément Cette donnée en tête, les organisateurs de la primaire populaire ont donc décidé d’aller de l’avant. Ils organiseront un vote fin janvier pour départager, parmi les candidats présélectionnés, ceux encore engagés dans la course à l’Élysée au 15 janvier, y compris si ceux-ci refusent toujours d’adhérer à l’initiative. "Il y aura, quoi qu’il arrive, un candidat désigné à l’issue du vote et on poussera alors pour que le rassemblement se fasse autour de ce vainqueur, explique Mathilde Imer. Nous mettrons notre capacité de mobilisation à son service." Les soutiens de la primaire populaire risquent donc de voter et de soutenir un candidat qui les aura pourtant peu considérés. À moins qu’une candidature surprise, en la personne de Christiane Taubira, ne vienne perturber le jeu. L’ancienne ministre de la Justice et candidate à la présidentielle de 2002, qui fait partie des dix personnalités présélectionnées, a laissé entrevoir une ouverture ces dernières semaines. "Contrairement au début où elle fermait complètement la porte, elle est désormais dans une posture qui consiste à dire ni oui ni non, juge Mathilde Imer. Dans les discussions que nous avons avec elle, on sent bien qu’elle se pose la question de comment être utile. Elle nous a demandé un peu de temps. L’histoire n’est pas tranchée." De quoi entretenir encore un peu l’espoir chez les sympathisants de gauche.

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