Meurtre de Lola : pourquoi le RN renonce à manifester aux côtés de Zemmour
Une partie de la droite et de l’extrême-droite manifestera jeudi soir en mémoire de Lola, cette fillette de 12 ans assassinée la semaine dernière à Paris. Le RN avait prévu d’y participer avant de brusquement changer d’avis. Un revirement politique et stratégique.
Ils devaient être vingt-cinq du Rassemblement national à cette manifestation pour Lola. Une délégation emmenée par Jordan Bardella, des élus en écharpe, dans le calme et le recueillement, une manière de marquer leur indignation. "Il se passe quelque chose dans l’opinion, cette affaire doit être un électrochoc", justifiait encore mercredi matin un proche de Marine Le Pen.
Mais ça, c’était avant. Avant que cette manifestation ne devienne encombrante. Le Rassemblement national fait marche arrière pour éviter le faux pas. Cette manifestation est censée être apolitique, mais elle est organisée par le très droitier think-tank "Institut pour la Justice". Officiellement, une association qui vient en aide aux victimes de violences. En réalité, leur site internet est clair, liant immigration et délinquance. L’abominable affaire Lola, c’est de l’eau à leur moulin.
En pleine campagne interne, Jordan Bardella veut éviter une photo avec Eric Zemmour
Cette association n'est pas la seule à manifester. Et depuis le début, le RN savait qu’il se retrouverait aux côtés de Zemmour et de Reconquête. Le parti avait même perçu le risque politique : un membre du bureau national du RN avait confié hier matin à franceinfo que sur place, ils ne se mélangeraient pas avec les autres participants.
In fine, le RN renonce. Officiellement pour "respecter la volonté et la douleur de la famille" mais Jordan Bardella dénonce tout de même dans Le Figaro "une captation partisane de la mobilisation." En coulisses, le RN, toujours en quête de respectabilité, veut éviter d’avoir l’air d’être dans la roue de Reconquête ou pire qu’une photo Bardella/Zemmour fasse la Une. Cela ferait mauvais genre en pleine campagne interne pour la présidence du RN.
Qu'est-ce que ce revirement nous dit de l’extrême droite ? Que l’union des droites voulue par Eric Zemmour n’arrivera pas de sitôt. Que Marine Le Pen s’évertue à garder un cordon sanitaire avec le polémiste, méthode qui lui a permis de l’ostraciser pendant la présidentielle. Enfin, que le Rassemblement national préfère capitaliser sur ses 89 députés et son action au parlement plutôt que sur les polémiques et l’émotion. Ce jeudi soir, c’est devant l’Assemblée nationale que le RN observera une minute de silence pour Lola.