Marche contre l'antisémitisme : le Crif s'oppose à la présence de l'extrême droite
Le parti d'extrême droite a été rappelé à son passé par le Crif jeudi. Le Conseil représentatif des institutions juives de France a demandé que le Rassemblement national ne soit pas présent lors de la manifestation pour dénoncer la multiplication d'actes antisémites en France, en raison de l'héritage du RN "fondé par des anciens collaborateurs", a déclaré le président du Crif.
Rassemblement en soutien aux Israéliens après l'attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas, place du Trocadéro à Paris, le 9 octobre 2023.
Le passé du Rassemblement national (RN) revient le hanter. Le Crif "ne souhaite pas" que le parti d'extrême droite participe à la marche contre l'antisémitisme dimanche à Paris, a déclaré jeudi 9 novembre son président, Yonathan Arfi.
"Nous ne souhaitons pas que des personnes qui sont héritières d'un parti fondé par des anciens collaborateurs soient présentes", a déclaré le président du Conseil représentatif des institutions juives de France.
"En annonçant qu'il participerait à cette manifestation, le Rassemblement national savait qu'il créerait la polémique, qu'il détournerait la manifestation de son objet principal qui est la lutte contre l'antisémitisme", a-t-il accusé, critiquant "une forme d'instrumentalisation de cette marche qui est indécente".
"La décence aurait voulu qu'ils s'effacent dans un moment comme celui-là car ils savaient que leur présence créerait la polémique", a insisté Yonathan Arfi.
Le Rassemblement national gêné par son passé
De son côté, le député RN Jean-Philippe Tanguy a laissé entendre que son parti ne défilerait pas au premier rang de la manifestation : "C'est pas plus mal finalement qu'on ne soit pas en tête de cortège", a-t-il affirmé sur BFMTV et RMC.
"Nous, on sera avec les Français de confession juive ou non, et on espère qu'il y aura beaucoup de personnes qui justement ne sont pas de confession juive pour dire que tout le monde est concerné", a ajouté Jean-Philippe Tanguy.
Au sein du RN, la nouvelle génération paraît divisée sur la position à adopter vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen, exclu du parti en 2015 par sa fille Marine Le Pen.
"Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite" a déclaré Jordan Bardella la semaine dernière. Pourtant, Le Pen père avait refusé de qualifier Philippe Pétain de "traître", et a réitéré ses propos sur la Shoah, selon lui un "détail" de l'Histoire.
Des "dérapages" inscrits dans une carrière continuellement jalonnée de provocations antisémites jamais reniées. En 1958, le jeune député Jean-Marie Le Pen lance à l'ancien chef du gouvernement Pierre Mendès France : "Vous n'ignorez pas que vous cristallisez sur votre personnage un certain nombre de répulsions patriotiques et presque physiques".
Celui qui fut condamné à la fin des années 60 pour apologie de crime de guerre après avoir édité un disque de chants du IIIe Reich s'était par ailleurs entouré d'un ancien Waffen-SS, Pierre Bousquet, pour fonder en 1972 le Front national qu'il a présidé jusqu'en 2011
À l'extrême droite dimanche, en plus du RN, Éric Zemmour et Marion Maréchal (Reconquête!) ont aussi fait savoir qu'ils seraient présents pour cette marche.
LFI accusé d'"amitiés avec des antisémites assumés"
Yonathan Arfi a pour sa part répété sa conviction que "le RN et LFI sont des acteurs qui se situent en dehors du champ républicain".
"La France insoumise cultive des amitiés avec des antisémites assumés, ils manifestent avec des islamistes, cultivent des liens avec les mouvement indigénistes, ils sont dans un soutien quasi assumé au Hamas, nous avons là le bal des incendiaires", a-t-il dénoncé.
"Ce serait bien que le président de la République soit là", a-t-il encore affirmé, alors que la présence de la Première ministre, Élisabeth Borne, est confirmée aux côtés du président du Sénat, Gérard Larcher, et de la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
Deux ans d'actes antisémites en quatre semaines
Plus de mille actes antisémites ont été enregistrés en France depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre, selon le ministère de l'Intérieur.
"En quatre semaines nous avons eu l'équivalent de deux ans d'actes antisémites en France. Il y avait dans la communauté juive un sentiment de solitude. Cette marche, parce qu'elle témoigne de l'engagement de l'ensemble de la société française sur l'antisémitisme, vient un peu rompre ce sentiment de solitude", a expliqué Yonathan Arfi. "Nous avons besoin de la solidarité de tous", a-t-il répété.
Avec AFP