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Marche contre l'antisémitisme : l'impossible union de la classe politique française

Depuis son annonce, la "grande marche civique" contre l'antisémitisme, prévue dimanche à Paris, suscite de vives tensions au sein de la classe politique française. L'initiative se heurte au boycott de LFI et à la participation du RN jugée encombrante à gauche et dans la majorité et empêchant l'unité nationale souhaitée. Rassemblement en solidarité avec Israël, place du Trocadéro à Paris, le 9 octobre 2023. La marche se voulait consensuelle : "une mobilisation générale" contre la recrudescence des actes antisémites en France – plus de 1 000 en un mois, un record. Mais le défilé contre l'antisémitisme entre l'Assemblée nationale et le Sénat voulu par leurs présidents Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher a été aussitôt rejeté par Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise. Pas question pour Marine Le Pen de renoncer. "J'y participerai" et "j'appelle l'ensemble de nos adhérents et de nos électeurs à venir se joindre à cette marche", a-t-elle lancé mercredi. "Plus il y aura de monde et mieux ce sera", a ajouté la cheffe de file des députés RN, assurant être prête à défiler "en queue de cortège" puisque sa présence dérange. "À mon sens, le Rassemblement national n'a pas sa place dans cette manifestation", mais "c'est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer" y compris "chacun des membres du gouvernement", a relevé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, après le Conseil des ministres. Élisabeth Borne, dont le père, de confession juive, a été déporté, y "participera", a ajouté Olivier Véran. À gauche, le malaise domine. Le numéro un du PCF Fabien Roussel a affirmé qu'il "ne défilera(it) pas aux côtés" du RN, héritier du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen "plusieurs fois condamné pour propos antisémites" et par "des hommes qui ont collaboré" avec l'Allemagne nazie. Le patron des communistes a précisé qu'il marcherait "peut-être à un autre endroit mais pas avec eux". Emmanuel Macron pas encore décidé Même embarras chez les socialistes pour qui "la présence du RN à cette marche est illégitime" au vu notamment des propos tenus dimanche par son président Jordan Bardella pour qui Jean-Marie Le Pen n'était pas antisémite. Le PS appelle néanmoins "tous les Français, quelle que soit leur position sur la guerre au Proche-Orient, à se joindre à la manifestation". Mais les patrons des sénateurs PS Patrick Kanner et écologistes Guillaume Gontard ont réclamé que Gérard Larcher "clarifie" le fait que "l'extrême droite n'a pas sa place dans cette marche". Le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, a également émis les plus grandes réserves quant à la présence du RN. "J'appelle solennellement les organisateurs ainsi que les partis politiques qui y participeront à ne pas être les complices de la banalisation d'un parti fondé par des antisémites", a-t-il dit. D'autres ont moins d'état d'âme : à droite, Éric Ciotti (LR), à l'extrême droite Éric Zemmour et Marion Maréchal (Reconquête!) ont immédiatement fait savoir qu'ils en seraient. Emmanuel Macron de son côté s'interroge sur son éventuelle participation. Le chef de l'État pourrait dévoiler ses intentions en début d'après-midi devant les responsables franc-maçons. Mardi soir, lors d'un dîner avec les ténors de son camp à l'Élysée, il n'avait pas encore tranché, selon des participants. Boycott de Jean-Luc Mélenchon Seule La France insoumise n'ira pas. "On ne lutte pas contre l'antisémitisme et le racisme dans la confusion", a-t-elle estimé dans un communiqué mercredi. "L'ambiguïté des objectifs de cette démarche permet les soutiens les plus insupportables", dit le parti qui refuse de défiler aux côtés du RN. Déjà la veille, Jean-Luc Mélenchon avait provoqué une nouvelle polémique en déclarant que "les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous" dimanche, "sous prétexte d'antisémitisme". Les massacres du 7 octobre, qui ont fait plus de 1 400 morts côté israélien, ont déclenché une guerre dévastatrice entre le Hamas et Israël qui, depuis, pilonne la bande de Gaza. Selon le mouvement islamiste, les opérations militaires israéliennes y ont fait plus de 10 300 morts. Depuis un mois, La France insoumise est critiquée de toutes parts, y compris par certaines voix dissidentes en son sein, pour le refus de ses dirigeants de qualifier l'organisation palestinienne islamiste Hamas de "terroriste". Dans son communiqué, elle répète vouloir "réunir autour des objectifs de paix pour exiger clairement un cessez-le-feu et la libération des otages". Avec AFP

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