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Loi Climat : jeunes et militants, ils défient la préfecture pour défendre l'"urgence climatique"

Des défenseurs de l'environnement manifestent pour une "vraie loi Climat", le 14 avril 2021 sur la place du Président-Édouard-Herriot à Paris, devant l'Assemblée nationale. Un groupe de jeunes défenseurs de l'environnement se rassemble depuis plus de deux semaines devant l'Assemblée nationale pour réclamer une loi Climat "à la hauteur de l'urgence climatique". La préfecture de police a interdit leurs manifestations, mais la justice leur a donné raison mardi. Alors qu'à l'Assemblée nationale, les débats sur le projet de loi "Climat et Résilience" touchent à leur fin, sept jeunes activistes pour le climat font parler d'eux. Depuis le 29 mars, date de l'ouverture de l'examen du projet de loi Climat, ils se rassemblent devant le Palais Bourbon pour interpeller les élus et les pousser à mettre en œuvre un texte "à la hauteur de l'urgence climatique". Près de trois semaines de mobilisation cahotiques... Avec en point d'orgue, le 12 avril, un arrêté de la préfecture de police de Paris pour leur interdire de manifester. Mais ils étaient de retour, mercredi, sur la place du Président-Édouard-Herriot, après y avoir été autorisés par la justice. L'occasion d'échanger avec des élus sensibles à leur cause. "Aujourd'hui [mercredi 14 avril], on a reçu la visite de députés français, comme Jean Lassalle, et d'eurodéputés tels que Manon Aubry (La France insoumise), Raphaël Glucksmann et Pierre Larrouturou (Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen)", rapporte Hugo Viel, activiste pour le climat et l'un des organisateurs du mouvement, contacté par France 24. Et le militant d'ajouter : "On a discuté des débats en cours sur la loi Climat. Le projet de loi actuel touche seulement les enjeux climatiques du bout des doigts. Les mesures proposées, c'est ce qu'il aurait fallu faire il y a dix ans. On leur a dit que les propositions de la Convention citoyenne pour le climat avaient été édulcorées voire supprimées. Même si on n'est pas toujours d'accord avec les élus, c'est une chance de pouvoir évoquer ces sujets avec eux." >> À lire aussi : "Publicité, 'passoires thermiques', transport... Les points de discorde du projet de loi Climat" Une chance qui a bien failli leur filer entre les doigts. Leur élan citoyen a pris du plomb dans l'aile mardi 6 avril : une semaine après le début de leur mobilisation, la préfecture de police demande de mettre un terme au mouvement. "Nous n’avons pas le droit de manifester ? Très bien. Nous avons le droit de promener nos chiens, faire nos courses, pratiquer une activité physique", répond sur Twitter Camille Étienne, l'une des organisatrices du mouvement et l’un des visages connus de la jeunesse mobilisée pour le climat. Des baskets, joggings et vélos pour se faire entendre  Le lendemain, les jeunes sont à nouveau réunis sur la place Herriot, vêtus de tenues de sport. Des agents de police débarquent et menacent de verbaliser des activistes ainsi que des députés, dont certains de la majorité. Le président de l’Assemblée nationale demande jeudi 8 avril au préfet Didier Lallement des "éclairages" après que "de nombreux parlementaires ont manifesté leur émotion et (lui) ont demandé des explications", affirme Camille Étienne sur Twitter. Les activistes décident alors d'enfourcher vendredi leurs vélos et pédalent pendant plus d'une demi-heure autour de l'Assemblée. La préfecture de police de Paris lève l'interdiction. Mais lundi 12 avril, elle prend un arrêté qui interdit pour toute la semaine leurs rassemblements, invoquant notamment des considérations sanitaires liées à l'épidémie de Covid-19 et un manque de forces de l'ordre pour encadrer la manifestation. >> À lire aussi : "Marche pour le climat : à Paris, les manifestants dénoncent la 'trahison' de l'exécutif" Les organisateurs font alors appel à l'ONG Notre affaire à tous, qui promeut les actions en justice en faveur du climat, pour les aider à contester cette interdiction en procédure d'urgence (référé) devant le tribunal administratif de Paris. Dans un jugement rendu mardi, le juge des référés leur a donné raison. Il a notamment estimé que le nombre de militants présents, "au maximum une vingtaine de personnes (...) qui se sont engagés à respecter l'ensemble des gestes barrières" et le fait qu'ils "se réuniront de façon statique" sur une place de taille suffisante ne permettait pas d'interdire leur rassemblement "en retenant le motif de l'impératif de protection de la santé publique". Il a également estimé que la préfecture n'avait pas démontré d'éventuels motifs de "sécurité publique". "Cette blague entre amis s'est transformée en une mobilisation" Cette bande d'amis, tous engagés pour l'environnement, étaient au début loin d’imaginer la tournure qu’ont pris les choses. "On avait envoyé des centaines de mails aux députés. On les avait interpellés sur Twitter. Sans recevoir de réponse", raconte Hugo Viel.  Et finalement, à leur grande surprise, le mouvement a pris de l'ampleur. Ils ont été rejoints, jour après jour, par d’autres jeunes. "On pensait être seulement quelques uns sur un banc. Cette blague entre amis s'est transformée en une mobilisation", explique-t-il.  Les manifestants ne comptent pas s'arrêter là. Hugo Viel assure que "la mobilisation se poursuit jeudi et vendredi" et qu'une "grosse mobilisation" organisée par plusieurs associations se prépare pour le 9 mai. Les sept jeunes militants planchent aussi sur une action prévue le 4 mai, jour du vote en première loi de la loi climat. "On veut aller jusqu'au bout", commente Hugo Viel, pour qui "c'est déjà une petite victoire de faire vivre ce lien avec les élus".

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