news-details
Actualités

Le parquet requiert 2 millions d'euros contre Ikea France pour avoir espionné ses salariés

Le parquet a demandé une peine "exemplaire" de 2 millions d'euros d'amende mardi à l'encontre d'Ikea France, soupçonné d'avoir espionné plusieurs centaines de ses salariés. Un an de prison ferme a été requis contre l'ex-dirigeant du groupe dans l'Hexagone, le directeur de la sécurité et un ancien policier des Renseignements généraux. Après cinq jours d'un procès fleuve parfois houleux, le parquet de Versailles a requis mardi 30 mars une peine "exemplaire" de 2 millions d'euros d'amende contre Ikea France. La firme est accusée d'avoir espionné plusieurs centaines de ses salariés. Un an de prison ferme a été requis contre l'un de ses anciens patrons. "L'enjeu" de ce procès est celui "de la protection de nos vies privées par rapport à une menace, celle de la surveillance de masse", a déclaré la procureure Paméla Tabardel devant le tribunal correctionnel, en demandant que la réponse pénale soit un "message fort" envoyé à "toutes les sociétés commerciales". L'avocat d'Ikea France, Emmanuel Daoud, a précisé qu'il plaiderait jeudi la relaxe de la filiale française de l'enseigne d'ameublement suédoise. Un an ferme requis contre l'ex-patron d'Ikea France Révélée par Le Canard Enchaîné et Médiapart, puis instruite en 2012, cette affaire a mis au jour un système de surveillance des salariés et de certains clients bien rôdé, de leurs antécédents à leur train de vie ou leur patrimoine. Outre Ikea France, quinze prévenus sont poursuivis dans ce dossier, anciens dirigeants de l'entreprise, directeurs de magasins, fonctionnaires de police ou le patron d'une société d'investigations privée. Mardi, la procureure a demandé la relaxe de deux dirigeants, dont l'ancienne directrice des ressources humaines Claire Héry et Stefan Vanoverbeke, PDG d'Ikea France de 2010 à 2015, contre qui il n'y avait "pas d'élément matériel". En revanche, elle a requis trois ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis, pour son prédécesseur, Jean-Louis Baillot (1996-2009). "Je souhaite une peine qui marque la vie de Jean-Louis Baillot", a expliqué la procureure, affirmant que la "politique initiée" par l'ancien responsable avait affecté la vie de près d'au moins 400 salariés ayant fait l'objet d'"enquêtes privées". Un an ferme requis contre un ancien policier des Renseignements généraux L'ancien "Monsieur sécurité" d'Ikea France, Jean-François Paris, est le seul des dirigeants à avoir reconnu à la barre des "contrôles de masse" d'employés. Il a répété avoir suivi une consigne formulée par l'ex-PDG Jean-Louis Baillot, des dires formellement contestés par l'intéressé. Le parquet a requis trois ans de prison à son encontre, dont deux avec sursis. Directeur de la gestion des risques d'Ikea France de 2002 à 2012, Jean-François Paris transmettait des listes de personnes "à tester" à Eirpace, dirigée par Jean-Pierre Fourès. Le patron de cette entreprise spécialisée "en conseil des affaires" est notamment accusé d'avoir, par l'entremise de policiers, eu recours au Stic, le Système de traitement des infractions constatées, ce dont il s'est défendu. Cet ancien policier des Renseignements généraux (RG) avait provoqué l'hilarité de la salle lors de son interrogatoire, quand il avait expliqué avoir simplement usé "d'imagination et d'ingéniosité" pour se renseigner. À son encontre, le parquet a requis une peine d'un an de prison ferme. Avec AFP

You can share this post!