La controversée réforme des retraites est officiellement entrée en vigueur
Depuis ce vendredi, l'âge légal de départ à la retraite en France est officiellement passé à 62 ans et trois mois pour les personnes nées à partir du 1er septembre 1961. Il sera progressivement relevé de trois mois chaque année, pour atteindre 64 ans en 2030.
La réforme des retraites relève l'âge légal de départ à 64 ans.
Après l'intense bras de fer entre l'exécutif et les syndicats, la contestée réforme des retraites, qui relève l'âge légal de départ à 64 ans, est officiellement entrée en vigueur vendredi 1er septembre, sans droit à l'erreur pour les administrations chargées de sa mise en œuvre.
Entre la promulgation de la loi mi-avril et le 1er septembre, administrations et caisses de retraite ont dû mettre les bouchées doubles pour rédiger, intégrer ou transcrire les nouvelles règles du jeu.
Et si l'ouverture des droits à la retraite représente une étape importante dans la vie de chaque travailleur, la mobilisation sociale inédite de l'hiver et du printemps n'autorisera aucune fausse note.
Une "probable" hausse des appels à la rentrée
"Nous sommes prêts", a assuré le ministre du Travail Olivier Dussopt. "Nous avons publié l'intégralité des décrets nécessaires", et les quelques textes manquants ne doivent s'appliquer qu'en "2024, 2025", a-t-il affirmé.
Le directeur de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), Renaud Villard, s'est réjoui mardi auprès de l'AFP : "On est dans le calendrier prévu. Les dossiers sortent à un bon rythme, les stocks sont même plus bas" qu'anticipé et "environ 70 %" auront été traités fin août pour les départs imminents.
"Les équipes ont été formées, accompagnées", "renforcées", a-t-il rappelé, anticipant une "probable" hausse des appels des assurés "en septembre-octobre".
Des agents "stressés"
"Nul ne peut dire si ça va bien ou très mal se passer", juge pourtant Florence Puget, représentante de la CFDT Protection sociale. "Très politique", l'échéance du 1er septembre est "mal choisie" pour les caisses de retraite qui, en sous-effectif pendant les vacances, ont dû absorber "une masse d'informations et de travail énorme".
Handicapées par les dysfonctionnements d'un nouveau système informatique, elles avaient déjà "accumulé du stock" de dossiers en retard l'an dernier.
"Les agents sont très stressés". Outre des réunions ou webinaires, "ils n'ont pas eu de réelle formation, sont livrés à eux-mêmes sur certaines situations", pour lesquelles des décrets ou fiches techniques "sont encore en train d'être rédigées", abonde Karim El Hachmi, représentant de l'Unsa.
Le logiciel n'étant "pas fiable", les agents "travaillent un jour par semaine sur l'ancien", avec un "risque d'erreur accru", témoigne aussi François Belloir, délégué CFDT à la Carsat (Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail) de Bretagne.
Perdus face aux nouvelles règles, "certains assurés sont désemparés". Et des agents épuisés "craquent", alerte-t-il, pointant "une hausse des arrêts maladie".
À la Cnav, Renaud Villard assure "ne pas mésestimer la charge mentale" pour les agents. Mais ne constate "aucune augmentation" des arrêts.
Objectif des 64 ans pour 2030
Près de trois mois après la 14e et ultime journée de mobilisation, en demi-teinte, les syndicats, qui projetaient en juin "d'attaquer" les décrets, semblent avoir renoncé. "Difficile de trouver la faille juridique", glisse un responsable. La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, comme la gauche, réclament aujourd'hui "un référendum". Mais tout en critiquant "l'application à marche forcée" d'une réforme "injuste", l'intersyndicale se tourne désormais vers un autre combat : les salaires.
Aussi dès vendredi, l'âge légal de départ passe donc à 62 ans et trois mois pour les personnes nées à partir du 1er septembre 1961, puis sera progressivement décalé de trois mois chaque année, pour atteindre 64 ans en 2030.
La réforme comprend aussi l'allongement à 43 ans dès 2027 de la durée de cotisation pour accéder au taux plein, l'extinction de la plupart des régimes spéciaux, et crée de nouveaux droits, concernant notamment le cumul emploi-retraite ou les carrières longues.
Certaines petites pensions sont revalorisées, de 100 euros par mois maximum, pour les nouveaux retraités et 1,7 million de retraités actuels. "Un demi-million", aux carrières linéaires, le verront sur leur pension d'octobre, mais beaucoup d'autres, aux parcours fragmentés, attendront quelques mois voire jusqu'à l'été 2024, avec "effet rétroactif", selon Renaud Villard.
Avec AFP