Incendies en Gironde : on vous explique pourquoi ces feux sont si difficiles à éteindre
Les pompiers doivent composer avec des températures extrêmes, qui s'ajoutent à la sécheresse, au vent et à un terrain favorable aux incendies.
Les flammes continuent de faire rage. Malgré tous leurs efforts, les pompiers n'ont pas encore réussi à maîtriser les incendies qui ont déjà dévasté plus de 7 500 hectares de forêts en Gironde depuis le mardi 12 juin, selon le dernier point de situation de la préfecture. Près de 1 000 pompiers étaient mobilisés sur les feux de La-Teste-de-Buch et de Landiras, jeudi 14 juillet, jour où le département est passé en vigilance rouge pour risque de feux de forêt.
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Ces incendies, les pires connus par le département de la Gironde depuis au moins 30 ans, sont particulièrement compliqués à contrôler. En cause : un terrain compliqué, mais surtout un ensemble de conditions météorologiques défavorables, dont certaines sont favorisées par le changement climatique.
Les températures sont caniculaires
"On savait que ce serait des feux difficiles parce que la chaleur est là", a expliqué la préfète de Gironde, Fabienne Buccio, mercredi 13 juillet. Le département du Sud-Ouest est l'un des plus durement touchés par la vague de chaleur qui déferle sur l'Hexagone depuis lundi 11 juillet. Il fait d'ailleurs partie des 11 départements en vigilance orange en raison de la canicule qui sévit.
Selon les prévisions de Météo France, les températures dans le département ne devraient pas descendre en-dessous de 30 °C dans l'après-midi de vendredi et de 20 °C la nuit jusqu'à dimanche au moins. Elles pourraient même dépasser 40 °C localement ce week-end. "La chaleur suffit à réactiver [les incendies] et les faire progresser", a expliqué la préfète lors d'une conférence de presse mercredi 13 juillet.
Un aperçu inquiétant des étés à venir. Météo France explique qu'à cause du réchauffement climatique, les vagues de chaleur vont devenir "plus fréquentes, plus précoces", causant des étés "de plus en plus chauds, où 35 °C sera la norme." "Au-delà de 35°C par exemple, la végétation peine à réaliser la photosynthèse, les forêts ne nous rafraîchissent plus mais peuvent rapidement s'enflammer", décrivait le climatologue Davide Faranda, interrogé par TF1.
"Cette nuit, nous avons bénéficié de températures plus basses donc le feu a été moins virulent ce qui nous a permis d'accéder et d'agir efficacement contre les lisières du feu", s'est toutefois réjoui le commandant Sébastien Castel, chargé de la communication des sapeurs-pompiers, vendredi 15 juillet, sur BFMTV.
La sécheresse rend la forêt inflammable
L'absence de pluie complique la tâche des soldats du feu. Les forêts frappées par les incendies présentent une "végétation extra-sèche" particulièrement favorable aux flammes, décrit le commandant Matthieu Jomain à l'AFP. D'après un communiqué de la préfecture, la Gironde n'avait pas connu aussi peu de précipitations entre le mois d'août 2021 et le mois de mai 2022 depuis 1959. Une situation favorisée, là aussi, par le dérèglement climatique.
Et le salut ne viendra pas d'orages éventuels, en tout cas pas tout de suite. "Nous n'aurons pas de pluie avant sûrement plusieurs jours", a expliqué le sergent-chef Jean-Baptiste Demoures, pompier dans le Val-d'Oise, sur BFMTV le 14 juillet. Trois Canadair et un avion Dash sont mobilisés en attendant les précipitations.
Le vent attise les flammes
Un autre responsable de la violence des incendies, c'est le vent. En attisant les flammes, le vent encourage leur propagation et favorise les reprises de feu. "Les feux eux-mêmes produisent du vent qui les auto-alimente", ajoute Fabienne Buccio. La situation pourrait encore empirer, selon le commandant Sébastien Castel interrogé par BFMTV vendredi 15 avril : "On nous annonce un vent d'est, ce qui est mauvais signe pour nous, car il vient de la terre. Il est donc beaucoup plus sec qu'un vent qui viendrait de l'océan."
Le vent complique également la tâche des soldats du feu par son caractère changeant, ce qui "oblige à réévaluer tout le temps le dispositif", explique le commandant Matthieu Jomain. En poussant les flammes vers les zones habitées, il oblige à organiser des évacuations. Les 4 000 habitants du bourg et de la base militaire de Cazaux ont ainsi dû être évacués en début d'après-midi jeudi 14 juillet dans un nuage de cendres et de fumée transporté par le vent.
Le terrain est difficile
Les pompiers doivent également composer avec un terrain peu propice à la lutte contre les incendies. "A La Teste, c'est du sable, c'est complexe en terme de circulation", souligne le commandant Matthieu Jomain. La communication est également rendue plus difficile par l'absence de réseau téléphonique près de Landiras, selon des élus cités par le journal Sud Ouest.
Les forêts du secteur, déjà particulièrement inflammables, comptent de nombreux "pins-bouteilles". Ces pins, qui ont été creusés pour récolter leur résine, s'effondrent donc plus facilement, ce qui facilite la propagation du feu aux alentours. L'incendie se propage également par les cimes des pins, selon le directeur départemental du Sdis 33 interrogé par LCI. Problème : celles-ci sont plus difficiles à atteindre pour les pompiers.