Escrime : l'Ukrainienne Olga Kharlan disqualifiée après avoir refusé de saluer son adversaire russe
L'escrimeuse Olga Kharlan a livré, mercredi, le premier duel entre une sportive ukrainienne et russe (hors tennis) depuis le début de l'invasion de son pays par la Russie, en février 2022. Sa disqualification pour avoir refusé de se plier au salut rituel en fin de match montre que même si Kiev assouplit sa politique, le chemin sera long avant de voir les sportifs ukrainiens aux JO de Paris-2024.
Olga Kharlan a refusé de saluer son adervsaire russe Anna Smirnova à Milan, le 27 juillet 2023.
C'était une première depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, en février 2022. Une sportive ukrainienne allait affronter une ressortissante russe. L'escrimeuse Olga Kharlan a ainsi eu l'autorisation de se mesurer à la Russe Anna Smirnova, jeudi 27 juillet, suite à un assouplissement de la politique de Kiev.
Si elle a surclassé son adversaire, elle a ensuite refusé de se plier au fair-play en la saluant en fin de match, ce qui lui a valu une disqualification. Une décision "absolument scandaleuse", selon la présidence ukrainienne.
Malgré cet incident, le Comité international olympique (CIO) voit dans ce premier duel un motif d'espoir concernant la participation de l'Ukraine aux JO : si Kiev les autorise "à participer aux compétitions internationales", cela "leur permettra de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris-2024".
Jusqu'à présent, à l'exception du tennis où les joueurs concourent à titre individuel et ne représentent pas leur pays, les Ukrainiens étaient purement et simplement interdits de prendre part à des compétitions où s'alignaient des ressortissants russes ou biélorusses.
Ce décret a été modifié mercredi. L'interdiction s'applique désormais aux compétitions où s'alignent des sportifs "représentant la Fédération de Russie ou la République de Biélorussie". En clair, si ceux-ci s'alignent sous bannière neutre, l'objection est levée.
Cette disposition est conforme à la recommandation du CIO, prise en mars et mise en œuvre par plusieurs fédérations internationales, dont l'escrime (FIE), pour réintégrer Russes et Biélorusses dans le sport mondial, sous plusieurs conditions dont celle de la bannière neutre. Cette inflexion est de nature à dissiper la menace d'une absence de l'Ukraine aux JO de Paris-2024, une hypothèse qui prenait de plus en plus corps avec les absences de sportifs ukrainiens dans plusieurs compétitions qualificatives pour les prochaines Olympiades.
Une disqualification en question
Mais la route est encore longue, comme le montre la journée des Mondiaux d'escrime : après sa facile victoire, rythmée par les "Slava Ukraïni" (Gloire à l'Ukraine) descendus des tribunes, Olga Kharlan a refusé de saluer son adversaire. Celle-ci est longuement restée assise sur la piste en signe de protestation, le refus de saluer étant passible d'une disqualification.
De fait, la FIE a exclu de la compétition l'Ukrainienne de 32 ans, quadruple championne du monde et médaillée de bronze à Londres et Rio (2012 et 2016).
"Nous, les athlètes ukrainiens, nous sommes prêts à affronter les Russes sur le terrain sportif mais nous ne leur serrerons jamais la main", a livré la sabreuse, qui pensait "être à l'abri" de toute disqualification après avoir eu la "parole" du président grec de la FIE, Emmanuel Katsiadakis.
La disqualification a suscité la colère de Mikhaïlo Podoliak, proche conseiller du président Volodymyr Zelensky. Podoliak a tweeté une photo non datée de Smirnova faisant un V de la victoire en compagnie d'un homme vêtu d'un treillis militaire : "Comme vous pouvez le voir, elle (Smirnova) admire ouvertement l'armée russe, qui tue les Ukrainiens et détruit nos villes."
Mais les Ukrainiens ont reçu le soutien du CIO qui a appelé à faire preuve de "sensibilité" envers les sportifs ukrainiens.
L'Ukraine n'a officiellement pas pris de décision sur un boycott ou non des Jeux. "Nous attendons la décision finale et de savoir si (les Russes et Biélorusses) seront autorisés à participer ou non", avait indiqué au Monde mardi le ministre ukrainien des Sports et président du comité national olympique, Vadym Gutzeit.
La Russie et la Biélorussie, non invitées à Paris
Le CIO n'a pas inclus Russes et Biélorusses dans l'invitation rituelle aux sportifs du monde entier à prendre part aux Jeux, faite mercredi à Paris. Son président Thomas Bach n'a pas donné de calendrier sur sa décision sur ce point.
De nombreux sportifs ukrainiens expriment de plus en plus ouvertement leur désir d'être aux Jeux. "Je suis vraiment fière de nos joueurs de tennis et je m'imagine à leur place, affronter les gens dont le pays bombarde et tue nos compatriotes", avait livré il y a quelques semaines Olga Kharlan à l'AFP, plaidant pour obtenir l'autorisation d'affronter les Russes.
L'escrime a été le premier sport à rouvrir la porte aux Russes et Biélorusses en mars. Tennis de table, canoë-kayak ou encore aviron lui avaient notamment emboité le pas suivant les recommandations du CIO.
En escrime, 30 Russes et 51 Biélorusses se sont vus accorder en avril le statut d'"athlète individuel neutre" après examen de leurs dossiers par une société d'e-réputation, puis par un cabinet d'avocats avant l'approbation de la FIE.
Mais aucun grand nom de la discipline parmi eux : a été retoquée, par exemple, la championne olympique en titre de sabre Sofia Pozdniakova, par ailleurs fille de Stanislav Pozdniakov, lui-même ex-champion de sabre et président du comité olympique russe.
Avec AFP