Covid-19 : Olivier Véran "préoccupé" par la situation épidémique en Ile-de-France
Le ministre de la Santé Olivier Véran s'est dit "préoccupé" par la situation épidémique et sanitaire en Ile-de-France, lors d'une conférence de presse hebdomadaire donnée jeudi. Il a souligné que "toutes les 12 minutes, un Francilien est admis en réanimation".
Situation sanitaire "inquiétante" en France, et plus précisément dans la région francilienne. Olivier Véran, le ministre de la Santé, a prévenu jeudi 11 mars que "la situation épidémique et sanitaire en Ile-de-France nous préoccupe tout particulièrement", a-t-il reconnu lors de sa conférence de presse hebdomadaire, en soulignant que "toutes les 12 minutes, un Francilien est admis en réanimation".
"Des dizaines, voire des centaines" de patients bientôt transférés, des déprogrammations d'opérations et un "seuil critique" qui se rapproche pour la réa : l'épidémie de Covid-19 est particulièrement inquiétante en Ile-de-France.
Transferts en région
Le virus circule à un niveau élevé dans la région la plus peuplée de France, avec 350 cas pour 100 000 habitants en moyenne chaque semaine contre 220 au niveau national.
"Ce soir, 1 080 patients y sont pris en charge : presque le pic de la deuxième vague. Si le rythme continue à être le même, nous dépasserons 1 500 à la fin du mois de mars, ce qui correspond à un seuil critique", a-t-il poursuivi.
Pour éviter que les services de réanimation débordent, "nous préparons des transferts importants de patients vers les autres régions", a dit Olivier Véran. "On parle là de dizaines, voire de centaines de patients".
Autre mesure pour éviter la saturation, "des déprogrammations importantes, et demain massives, des soins chirurgicaux programmés", afin de libérer des lits "qui pourront être mobilisés pour accueillir des patients Covid en réanimation".
Déprogrammation massive d'activités médicales
L'Agence régionale de santé (ARS) avait donné mardi "l'ordre ferme" aux hôpitaux et cliniques franciliens de déprogrammer 40 % de leurs activités médicales et chirurgicales les moins urgentes pour augmenter les capacités d'accueil.
"Nous irons encore plus loin en termes de déprogrammation si la situation devait l'imposer", a assuré Olivier Véran.
Si le niveau de l'épidémie diffère selon les régions, la situation nationale est globalement "tendue et inquiétante", a-t-il prévenu, en pointant, outre l'Ile-de-France, les Hauts-de-France et la région Paca.
Dans tout le pays, 3 918 malades étaient en réanimation, selon les chiffres de mercredi soir. Ce niveau est certes éloigné des pics de la première (7 000 au printemps) et de la deuxième vague (4 900 à l'automne), mais le rythme des admissions s'est nettement accéléré depuis la mi-janvier.
"La pression sanitaire atteint désormais des niveaux similaires à ceux qu'on constatait quand on approchait du pic de la deuxième vague", a relevé le ministre. Selon lui, cela peut être dû à la progression du variant britannique, qui représente désormais plus de 67 % des cas positifs.
Fragilité des approvisionnements en vaccins
"Le variant serait responsable de davantage de formes graves. Ceci expliquerait pourquoi les réanimations se remplissent plus vite", a-t-il avancé. Une étude anglaise publiée mercredi concluait en effet que le variant anglais était non seulement plus contagieux mais aussi 64 % plus mortel que le coronavirus classique.
Pour autant, après sept semaines de couvre-feu à 18 h en métropole et plus de quatre mois de fermeture pour les restaurants, bars, lieux culturels et salles de sport, l'exécutif veut tout faire pour éviter un confinement strict de l'Hexagone comme au printemps. Il préfère pour l'heure des confinements locaux le week-end, comme dans les Alpes-Maritimes ou à Dunkerque et dans le Pas-de-Calais.
Les considérations économiques jouent, alors qu'en un an la pandémie a coûté 360 000 emplois, et que l'État a déboursé plus de 300 milliards d'aide l'année dernière.
Pour contrer l'épidémie, les autorités parient sur une accélération de la campagne de vaccination, avec un objectif de 10 millions de premières injections d'ici mi-avril. Mais cette campagne reste tributaire d'une régularité des approvisionnements toujours fragile, de la coordination entre les acteurs et des réticences à se faire vacciner.
"Pas lieu de suspendre la vaccination" avec AstraZeneca
De ce point de vue-là, la défiance risque d'être nourrie par la décision du Danemark, de l'Islande et de la Norvège de suspendre par précaution l'utilisation du vaccin AstraZeneca à cause de craintes liées à la formation de caillots sanguins.
"À ce stade, il n'y a pas lieu de suspendre la vaccination" avec AstraZeneca, a estimé Olivier Véran, en soulignant que "le bénéfice est jugé supérieur au risque".
En effet, le risque de troubles de la coagulation qui a motivé la décision des pays nordiques n'est statistiquement pas plus fort chez les patients vaccinés avec AstraZeneca que chez les autres, a-t-il expliqué. C'est aussi ce qu'a estimé l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui a conseillé de poursuivre les injections.
Pour l'instant, 4,5 millions de personnes en France ont reçu au moins une injection d'un des trois vaccins disponibles, et 2,2 millions ont eu leurs deux doses.
Et à terme, la France disposera d'un quatrième vaccin, après l'autorisation européenne accordée jeudi à celui de Johnson & Johnson.
Avec AFP