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Covid-19 : à une semaine de la rentrée scolaire, l’inquiétude des enseignants persiste

Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, lors de sa conférence de presse de rentrée, le 26 août 2021 à Paris. Malgré les propos rassurants tenus jeudi par le ministre français de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le principal syndicat des enseignants du premier degré s’inquiète du protocole sanitaire et des futures contaminations liées au variant Delta. "Nous pouvons être tout à fait sereins sur cette rentrée scolaire. Bien sûr, nous rencontrerons des difficultés, bien sûr, il y aura des problèmes, mais nous nous mettons en situation de les gérer", a affirmé lors d’une conférence de presse, jeudi 26 août, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Alors que 12,4 millions d’élèves doivent retrouver le chemin des écoles, collèges et lycées, jeudi 2 septembre en France, le ministre de l’Éducation nationale a estimé que la circulation actuelle du coronavirus, et en particulier du variant Delta, ne justifiait pas davantage de mesures que celles prévues par le scénario 2 (sur quatre) du protocole sanitaire mis en place par le ministère. Selon ce scénario, tous les élèves pourront être accueillis en présentiel dans les établissements scolaires. Un cas de Covid-19 dans une classe du secteur primaire entraînera une fermeture de la classe, tandis qu’au collège à partir de la cinquième – les élèves de sixième n'étant pas vaccinés – et au lycée, seuls les élèves cas contacts non vaccinés devront s'isoler une semaine en cas de contamination dans une classe. "Je reste inquiète parce que le ministre n’a pas évoqué de changement de protocole comme nous le demandions et est toujours dans le flou sur plusieurs points", juge Guislaine David, la secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, contactée par France 24. Difficultés pour acheter des capteurs de CO2 Aux côtés d’autres enseignants et de médecins, dont les épidémiologistes Dominique Costagliola et William Dab, la syndicaliste a cosigné une tribune, publiée le 19 août dans Le Monde, appelant le gouvernement à protéger la santé des élèves face à un variant Delta beaucoup plus contagieux et circulant fortement chez les enfants et les adolescents. En cette fin août, 57 % des 12-17 ans ont reçu une première injection de vaccin anti-Covid et 34 % sont totalement vaccinés. Les moins de 12 ans, eux, ne sont pas éligibles à la vaccination et risquent donc davantage une contamination. "Il nous apparaît aujourd’hui impensable, pour la majorité des départements français, d’envisager une reprise au 'niveau 2' du protocole sanitaire, alors que le taux d’incidence chez les 0-19 ans est cinq fois supérieur à celui de la rentrée 2020", écrivaient-ils alors. >> À lire aussi : "Covid-19 : dans les entreprises, l'avenir du télétravail en débat" Guislaine David reproche notamment à Jean-Michel Blanquer de ne pas avancer franchement sur la nécessité d’installer des capteurs de CO2 permettant de mesurer le besoin d’aération des salles de classe. Le ministre en a fait la promotion jeudi matin, mais laisse la responsabilité de leur achat aux collectivités territoriales. Or, de nombreuses communes n’ont pas les moyens d’investir dans ce type d’équipement. "Il y a clairement les communes qui peuvent et celles qui ne peuvent pas", estime Jean-Michel Morer, de l’Association des petites villes de France, cité par Franceinfo. "On aura sans doute dans quelques semaines un beau document du ministère pour montrer aux collectivités locales que les capteurs de CO2 sont importants, mais le ministre est resté évasif sur les aides financières", regrette la secrétaire générale du Snuipp-FSU. Les tests sont également pointés du doigt. Jean-Michel Blanquer a promis 600 000 tests hebdomadaires pour les élèves du premier degré. "Pas suffisant", selon Guislaine David, qui souligne que les tests aléatoires ne permettront pas de mettre en place un réel suivi épidémique. "En Autriche, tous les élèves sont testés deux fois par semaine" "Il faut tester tous les élèves car on sait que le variant Delta est beaucoup plus contaminant. C’est ce que préconisent les médecins du Conseil scientifique et c’est que font certains pays européens, poursuit-elle. En Autriche, tous les élèves étaient testés deux fois par semaine au printemps dernier et les cas positifs n'étaient pas admis dans leur établissement." Tous les élèves autrichiens seront à nouveau testés le jour de la rentrée scolaire puis le seront au rythme de trois fois par semaine lors des trois premières semaines de cours, qu'ils aient été vaccinés ou non. Les mesures seront ensuite adaptées en fonction du taux d'incidence de chaque région. Dernier point fondamental pour Guislaine David : la question du port du masque en extérieur. Il n’est pas requis dans le niveau 2 du protocole sanitaire, mais le Premier ministre, Jean Castex, a déclaré jeudi matin sur RTL qu’il serait maintenu "à l’intérieur et dans les cours de récréation". "Là encore, Jean-Michel Blanquer est resté flou. Pourtant, quand les élèves passent leur temps à jouer de façon très rapprochée, notamment les plus jeunes, on sait qu’il y a une promiscuité qui va permettre les contaminations", insiste la secrétaire générale du Snuipp-FSU. >> À lire aussi : "Vaccination, relance, sécurité : rentrée sur tous les fronts pour Emmanuel Macron" Pour autant, le ministre espère une rentrée "la plus normale possible" et se voulait confiant, prenant en exemple La Réunion et Mayotte, où la rentrée des classes a eu lieu les 16 et 24 août respectivement, sans flambée des contaminations jusqu’ici. Il a toutefois prévenu qu'il y aurait "forcément des nouvelles mesures dans les temps à venir en fonction de la situation". Ces évolutions pourront être locales. Aux Antilles et dans les zones rouges de Guyane, par exemple, la rentrée a été reportée du 2 au 13 septembre en raison de la situation sanitaire "grave" qui y sévit.

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