news-details
Actualités

Après les législatives, la Nupes rêve d'un avenir commun

DÉCRYPTAGE La Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) peaufine le fonctionnement de son intergroupe à l'Assemblée nationale. Ses dirigeants espèrent que l'alliance née pour les élections législatives se maintiendra jusqu'en 2027. Le groupe unique à l'Assemblée nationale appelé de ses vœux par Jean-Luc Mélenchon ne verra pas le jour, mais l'intergroupe Nupes est bien sur les rails. Décidés à prouver que leur alliance n'était pas qu'un accord électoral, La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), Europe Écologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste (PCF) peaufinent le fonctionnement de leur futur intergroupe. Ovni parlementaire, celui-ci doit permettre aux quatre partis membres de la Nouvelle union populaire écologique et sociale de travailler ensemble au Parlement, de se mettre d'accord sur leur stratégie et, surtout, de maintenir une dynamique d'union née durant la campagne des législatives. "On va avoir un intergroupe qui ne sera pas juste un lieu de coordination, mais un véritable lieu politique, explique le député LFI Éric Coquerel. Dans la précédente législature, on essayait d'avoir des accords ponctuels, mais nous ne travaillions pas ensemble. Là, l'intergroupe nous permettra de nous réunir de manière hebdomadaire pour avoir des positions communes sur tous les travaux de l'Assemblée. C'est un changement réel." >> À lire : Législatives : les femmes en recul "historique" à l'Assemblée nationale Un objectif politique partagé par Corinne Narassiguin, numéro 2 du Parti socialiste. "Contrairement à ce qu'on a pu entendre, non, la Nupes n'a pas explosé, elle existe toujours, assure-t-elle. Les socialistes ont toujours dit clairement que cette union n'était pas un choix tactique pour quelques semaines seulement, poursuit-elle. On a assumé un choix politique fort qui consiste à rompre avec la fragmentation de la gauche. Ce n'est pas pour se dédire auprès des électeurs maintenant que les élections sont passées." Les quatre formations vont donc poursuivre l'aventure au sein de leur intergroupe, mais garderont en parallèle leur propre autonomie. Si les insoumis préféraient constituer un groupe unique afin d'afficher clairement et sans possibilité d'être démentis que la gauche est le groupe d'opposition le plus nombreux devant celui du Rassemblement national, socialistes, écologistes et communistes ont jugé qu'il était préférable de ne pas se priver de ce qu'offre la présence de quatre groupes de gauche : davantage de droit de "tirage" pour créer des commissions d'enquête, davantage de temps de parole et davantage de moyens. Un rôle qui reste à définir pour Jean-Luc Mélenchon "Ce sont nos différences qui renforcent l'union, d'où l'existence de différents groupes, explique Corinne Narassiguin. Car en plus des avantages que cela nous offre en terme de fonctionnement, l'existence de quatre groupes va nous permettre de continuer à travailler sur nos idées et nos projets." La Nupes espère ainsi peser au sein d'une Assemblée nationale dont le rôle devrait être considérablement renforcé dans les semaines et les mois à venir en raison de la situation politique inédite issue des législatives. Elle entend conserver son programme commun comme base de son travail législatif. Smic à 1 500 euros, retraite à 60 ans, blocages des prix : toutes ces mesures seront portées sous la forme de propositions de loi. >> À lire : Législatives : la Nupes, première force d'opposition à l'Assemblée nationale Mais la Nupes compte également continuer d'exister au-delà du travail parlementaire, même si la question de la forme que cela prendra n'a pas encore été tranchée. Jean-Luc Mélenchon évoque dans L'Express de la création d'une "fédération" des partis de gauche, mais ses alliés n'y sont pas vraiment favorables. "L'idée, c'est de continuer de faire vivre le Parlement de la Nupes créé pour la campagne, avance Éric Coquerel. On peut imaginer une instance qui mixerait l'intergroupe avec une équipe d'animation du Parlement. Jean-Luc Mélenchon pourrait y avoir un rôle majeur. Mais tout ça reste à définir." Faire vivre l'union pour aboutir à une candidature commune en 2027 Ce qui est certain, en revanche, c'est qu'il y aura des discussions franches. Le secrétaire national d'EELV évoque auprès de l'AFP la nécessité de "débattre à huis clos, et aussi en public" de la stratégie de la Nupes. Même chose pour le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, pour qui "il va falloir qu'on se dise franchement ce qui n'a pas fonctionné". "Je veux que nous gagnions, je n'ai pas vocation à rester dans l'opposition", a-t-il déclaré à l'AFP, deux jours après avoir considéré sur France 3 que "l'alliance de gauche ne parle qu'à une partie de la France, celle des villes et non celle de la ruralité". Un avis partagé par le député insoumis François Ruffin. "On ne doit pas devenir la gauche des métropoles contre la droite et l'extrême droite des bourgs et des champs, qu'on leur laisserait", affirme-t-il, mercredi 22 juin, dans un entretien au Monde. "L'objectif principal de la Nupes, c'est de structurer cette alliance pour qu'elle puisse nous permettre de reconquérir le pouvoir en 2027, juge Corinne Narassiguin. La question majeure sera de savoir comment on s'assure qu'on ne recommence pas les mêmes erreurs qu'entre 2017 et 2022 pour parvenir à une candidature commune à la prochaine présidentielle en 2027. On a bien conscience que ce sera très difficile. Dès qu'on parle d'enjeux de pouvoirs, il y a toujours des vieux réflexes qui reviennent. Il y aura des couacs, des erreurs, de temps en temps ça ne va pas bien se passer, mais c'est normal, c'est une expérience inédite. Notre chance, c'est que le prochain scrutin n'est pas avant deux ans, ça nous laisse du temps pour mettre au point un mode de fonctionnement." >> À lire : Législatives : privé de majorité absolue, l'exécutif face à une Assemblée revigorée Que fera la Nupes lors des élections européennes de 2024 ? Les quatre partis ne partiront a priori pas unis. D'abord en raison du type de scrutin, à la proportionnelle intégrale, qui permettra à chacun d'avoir des élus, mais aussi afin d'exprimer leurs différences sur l'Europe, sujet clivant au sein de la coalition. En revanche, des alliances au cas par cas, en fonction des dynamiques locales, devraient pouvoir être mises en place pour les municipales en 2026. Il restera alors, si la Nupes perdure jusque-là, à trouver une façon de choisir un candidat unique pour 2027, en sachant que chaque parti de gauche voudra naturellement voir désigné l'un des siens. Une question à laquelle personne n'a de réponse à apporter aujourd'hui. Et pour cause, l'urgence de la Nupes, cette semaine, est d'abord de se mettre d'accord pour savoir qui sera son candidat à la présidence de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Un premier test pour l'avenir de l'union.

You can share this post!