Après un cafouillage, Ensemble! appelle à ne pas voter RN dans les 58 duels avec la Nupes
LÉGISLATIVES 2022
Le parti présidentiel a diffusé des consignes pour le vote au second tour des législatives, quand certains membres décident d'aller plus loin.
Secouée par la Nupes au premier tour des élections législatives, dimanche, la macronie a peiné à définir une consigne de vote claire en cas de duel entre la Nupes et le Rassemblement national. Après avoir dénoncé les deux extrêmes, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a appelé à ne pas voter pour le RN dans les 58 circonscriptions concernées.
Législatives 2022 © Studio graphique FMM
Elle a finalement tranché. Au lendemain du premier tour des législatives où la percée de la Nupes la place désormais au coude-à-coude avec la majorité présidentielle, Ensemble! a appelé à faire barrage au Rassemblement national dans les 58 duels entre la coalition de gauche et l'extrême droite.
"Dans ces cas précis, RN-Nupes, soyons très clairs : pas une seule voix pour le Rassemblement national. Nous n'avons jamais manqué de clarté à l'endroit de ce sujet (...), pas une voix pour un projet de fermeture, pour un projet que nous n'estimons pas bon pour le pays", a insisté lundi matin sur RTL la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire, qui avait pourtant botté en touche dimanche.
"Est-ce que pour autant nous appelons à soutenir les quelques candidats qui ont des positions antirépublicaines, les quelques candidats qui ont en suppléants des gens qui ont été condamnés pour avoir caillassé la police ? Non", a-t-elle précisé. "Donc quand on dit 'cas par cas', c'est effectivement sur très peu de cas – ça se compte sur moins d'une main –, nous nous en remettrons effectivement à la volonté des citoyens", a ajouté Olivia Grégoire.
Cette mise au point intervient après plusieurs heures de cafouillages au sein de la majorité. "C'est le Front Républicain, contre les extrêmes", a d'abord expliqué le parti présidentiel, en faisant valoir que "certains candidats de la Nupes sont extrêmes : ce sera en fonction de la personnalité de la Nupes qui est qualifiée, notamment si c'est quelqu'un qui a les valeurs de la République". "Mais nous ne soutiendrons aucun candidat RN", a ajouté LREM.
La Première ministre Élisabeth Borne a évité de donner toute consigne de vote dans son discours, dénonçant une "confusion inédite entre les extrêmes".
>> À voir en vidéo : les discours de la soirée électorale du premier tour des législatives
Le ministre du Budget, Gabriel Attal, a abondé en ce sens. "Il faut qu'on attende de voir les cas de figure qui vont se présenter ou pas (...) On a toujours été très clair sur notre opposition aux extrêmes et notamment au Rassemblement national. On verra les situations locales qui se présentent, quels sont les candidats qui sont en place et il y aura des positions qui seront prises", avait affirmé de son côté sur TF1 le ministre du Budget, Gabriel Attal.
Des prises de position qui n'ont pas fait l'unanimité dans les rangs du parti de la majorité. Ainsi, nombre de ses candidats et de ses membres ont décidé de faire entendre leurs voix.
Maud Bregeon, la porte-parole de Renaissance, à appelé sur BFMTV "à faire battre le Rassemblement national partout". Même son de cloche pour le ministre délégué aux Affaires européennes, Clément Beaune, qui a invité, à titre personnel, à voter pour les candidats de la Nupes en cas de duel au second tour avec des candidats du RN.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, s’est également exprimée sur ce sujet à titre personnel, au micro de RTL : "Ma position en tant que personne, ça a toujours été de protéger le front républicain."
La gauche scandalisée
L'absence d'appel à faire barrage à l'extrême droite de LREM a suscité l'ire à gauche. "Les écologistes se sont massivement mobilisés pour faire battre Le Pen à la présidentielle. Entendre Olivia Grégoire et Gabriel Attal refuser de donner une indication de vote en cas de duel #Nupes #RN est absolument scandaleux !", a tweeté l'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a jugé "scandaleuse" l'intervention d'Élisabteh Borne, "quand elle cherche maintenant à expliquer qu'il y aurait deux extrêmes contre lesquelles il faudrait se battre (...). Franchement ça sent beaucoup la panique", a-t-il dit sur France 2.
"J’entends qu’Élisabeth Borne refuserait d’appeler au barrage républicain face à l’extrême droite. Lorsque j’ai appelé à faire barrage au second tour de la présidentielle, je l’ai fait avec clarté. À vous d’avoir l’honneur d’en faire de même", a tweeté de son côté le communiste Fabien Roussel, candidat à sa réélection dans la 20e circonscription du Nord.
Ce début de polémique a poussé la Première ministre à revoir sa copie dans la soirée. "Face à l'extrême droite nous soutiendrons toujours les candidats qui respectent les valeurs républicaines", a tweeté Élisabeth Borne. "Notre ligne : ne jamais donner une voix à l'extrême droite".
Avec AFP