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Législatives : la Nupes espère mobiliser les jeunes et faire du scrutin un référendum anti-Macron

STRATÉGIE DE CAMPAGNE (2/2) Avant le second tour des législatives, l’union de la gauche fait campagne en insistant notamment sur les mesures phares à destination des jeunes, son principal réservoir de voix, et en tentant de mobiliser derrière elle l’ensemble des opposants à Emmanuel Macron. La Nupes cible pour cela le projet du président en matière de pouvoir d’achat. Législatives 2022 © Studio graphique FMM "Je veux juste dire aux jeunes qu'il faudrait quand même qu'ils se mêlent un peu de leurs affaires, parce que c'est pas la peine de venir râler sur Parcoursup si, après c'est pas pour voter pour ceux qui veulent l’abolir." Jean-Luc Mélenchon s’est permis de hausser le ton, lundi 13 juin, au 20 h de France 2, au moment de s’adresser aux jeunes. Et pour cause, le succès de sa coalition de gauche, la Nupes, au second tour des élections législatives, dimanche 19 juin, dépend en grande partie de la mobilisation de cet électorat. Au premier tour, dimanche 12 juin, sept électeurs sur dix âgés de 18 à 34 ans ont boudé les urnes, selon un sondage de notre partenaire Ipsos Sopra Steria, alors qu’ils sont les plus susceptibles de voter pour la Nupes. Par conséquent, cet électorat est particulièrement ciblé depuis lundi. "On va insister sur les jeunes, en leur disant : 'C'est à vous de déterminer votre avenir’ au moment où on débat de l'état de la planète dans 50 ans", explique à l’AFP Aurélie Trouvé, arrivée largement en tête (53,5 %) dans la 9e circonscription de Seine-Saint-Denis. En meeting à Toulouse, mardi soir, Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà appelé la jeunesse au soir du premier tour à "déferler" dans les bureaux de vote au second tour, s’est justement attardé sur cette question du réchauffement climatique, n’oubliant pas de la relier aux jeunes. "C'est la conscience écologique qui nous rassemble, le sens des biens communs, la jeunesse bascule en masse de ce côté, et c'est elle qui va porter la lumière du siècle", a scandé celui qui vise Matignon. Les mesures spécifiques à destination de la jeunesse – suppression de Parcoursup et allocation de 1 063 euros pour les étudiants notamment – sont également mises en avant sur les réseaux sociaux, où les jeunes sont très présents. Une campagne avec le hashtag #BougeToiMonPote a par ailleurs été lancée depuis la diffusion dans l'émission Quotidien d'une séquence de Jean-Luc Mélenchon enjoignant les jeunes à "se bouger" pour aller voter. Séduire les "fachés pas fachos" Au-delà de la jeunesse, Jean-Luc Mélenchon considère que la plus grande réserve de voix pour les candidats de la Nupes se trouvent chez les abstentionnistes. Au premier tour de l’élection présidentielle, le candidat insoumis avait réuni sur son nom 7,7 millions d’électeurs et, au total, 10,8 millions de Français avaient voté pour lui ou pour l’un des candidats des trois autres partis composant la Nupes – Europe Écologie-Les Verts, Parti socialiste, Parti communiste. Mais lors du premier tour des élections législatives, seuls 5,8 millions d’électeurs ont voté pour un candidat de l’union de la gauche, soit une déperdition de 5 millions d’électeurs partis dans la nature. >> Stratégie de campagne (1/2) : Ensemble ! s'applique à dénoncer le "danger" Nupes pour la République La Nupes aimerait également bénéficier d’un report de voix d’une partie des électeurs du Rassemblement national dont le candidat aurait été éliminé au premier tour. "Nous n'avons rien à voir avec le Rassemblement national. Par contre, ça nous intéresse que des gens qui s'égarent dans ce vote soient finalement convaincus de faire un autre choix", a affirmé, mardi matin, Adrien Quatennens, sur franceinfo, au sujet de ceux que la gauche appelle les "fachés pas fachos". "Je dis à toutes celles et ceux, d'où qu'ils viennent et qui ne veulent pas cinq ans de plus de la maltraitance sociale et de l'irresponsabilité écologique d'Emmanuel Macron, que quoi qu'ils en pensent et que ça leur plaise ou non, il y a un seul bulletin de vote qui permet de bâtir une autre majorité et de battre Emmanuel Macron" au second des législatives dimanche, "c'est le vote Nupes", a-t-il poursuivi. D’une manière générale, les candidats de la Nupes et Jean-Luc Mélenchon appellent les électeurs à transformer le second tour des législatives en un référendum contre la politique d’Emmanuel Macron en insistant sur leurs propres propositions. Retraite à 65 ans ou à 60 ans ? Smic inchangé ou augmenté à 1 500 euros net ? Fiscalité inchangée ou retour de l’ISF ? Etc. Une TVA aux airs de fake news Ayant constaté que cela n’avait pas suffi avant le premier tour, Jean-Luc Mélenchon s’est mis, dès dimanche soir, à accuser le gouvernement d’avoir un programme caché et de préparer une hausse de la TVA pour financer, comme promis par Emmanuel Macron à la Commission européenne, le retour sous la barre des 3 % de déficit du budget de l’État. Le budget actuel étant en déficit de 6,5 %, un retour à 3 % d’ici 2027 représenterait 80 milliards d’euros de coupes budgétaires et/ou de recettes supplémentaires, selon le chef de file des insoumis. Un montant confirmé, mercredi sur France Inter, par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. En revanche, ce dernier a tenu à "démentir avec la plus extrême fermeté cette invention [d’augmentation de la TVA], ce délire de nos adversaires". >> Législatives : Derrière le duel Nupes-Ensemble, une percée historique pour le Rassemblement national "Notre programme est clair : pas un impôt de plus. C'est ironique de la part de quelqu'un qui veut créer 30 nouvelles taxes et 35 nouveaux interdits", avait assuré de son côté la Première ministre, Élisabeth Borne, lundi, en visioconférence devant des candidats du camp présidentiel. Pour le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, "cela ne se fonde sur absolument rien". "On a toujours été très clairs sur le fait que, non, on ne veut pas augmenter les impôts", a-t-il martelé lundi sur France Inter. Jean-Luc Mélenchon a sans doute en tête l’épisode de la TVA sociale, qui avait coûté plusieurs dizaines de sièges de députés à l’UMP en 2007. Alors ministre de l’Économie du président Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo avait été piégé par le socialiste Laurent Fabius qui lui demandait, lors d’un débat télévisé dans l’entre-deux-tours des élections législatives, de promettre qu’il n’y aurait pas d’augmentation de la TVA après les élections. Sa réponse avait été confuse, mais le Premier ministre, François Fillon, avait reconnu deux jours plus tard au 20 h de France 2 que le sujet était sur la table, évoquant même une hausse possible de 5 %. Malheureusement pour le leader de la Nupes, Bruno Le Maire et Élisabeth Borne ont eux aussi de la mémoire et ont probablement vu le coup venir. Pire, Jean-Luc Mélenchon se retrouve désormais accusé de colporter des "fake news", ses propos sur une future hausse de la TVA ne reposant sur aucun élément de programme concret. >> Législatives : Le retour du clivage gauche-droite dans le paysage politique français ? Cet exemple montre en tout cas la volonté de la Nupes d’attaquer plus précisément le projet d’Emmanuel Macron sur la question du pouvoir d’achat. Lors d’une conférence de presse organisée mercredi après-midi, Jean-Luc Mélenchon et ses alliés ont interpellé le gouvernement sur plusieurs points spécifiques : comment financer les 80 milliards d'économies pour revenir aux 3 % ? Y aura-t-il des retraites inférieures à 1 100 euros pour les carrières incomplètes ? Qu’est-il prévu pour aider la jeunesse à sortir de la précarité ? Y aura-t-il une nouvelle réduction de l’indemnisation des chômeurs ?... Autant de questions lancées comme des bouteilles à la mer dans le but de mettre en difficulté les candidats Ensemble ! d’ici dimanche.

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