Après la gifle aux législatives, Emmanuel Macron reçoit plusieurs responsables politiques
Le chef de l'État reçoit mardi et mercredi à l'Élysée les représentants des forces politiques présentes dans la nouvelle Assemblée nationale, après des élections législatives qui l'ont vu perdre sa majorité absolue. Une tentative de dialogue à l'issue incertaine.
Emmanuel Macron va tenter de reprendre la main en conviant successivement à l'Élysée mardi 21 et mercredi 22 juin les représentants des forces politiques présentes dans la nouvelle Assemblée, où l'absence de majorité absolue menace de rendre le pays ingouvernable.
Resté silencieux depuis l'annonce des résultats des législatives, le chef de l'État a proposé de "dialoguer et échanger pour l'intérêt supérieur de la Nation" avec ces responsables politiques afin de "bâtir des solutions au service des Français", selon son entourage.
Six d'entre eux seront successivement reçus mardi à l'Élysée: Christian Jacob (LR), Olivier Faure (PS), François Bayrou (Modem), Stanilas Guerini (LREM), Marine Le Pen (RN) et Fabien Roussel (PCF), avant d'autres mercredi.
Emmanuel Macron a "pris cette initiative en tant que garant des institutions et de leur fonctionnement, pas de leur dysfonctionnement et de leur blocage", a expliqué Clément Beaune, le ministre des Affaires européennes, sur LCI.
Tirer les leçons
Présenté comme le grand perdant du scrutin, le chef de l'État doit rapidement tirer les leçons du scrutin avant d'être happé dans un tunnel d'obligations internationales (Conseil européen, G7, sommet de l'Otan) à partir de jeudi. Il a discuté lundi de la stratégie à adopter au cours d'un déjeuner avec la Première ministre Élisabeth Borne et les ténors d'Ensemble !, Édouard Philippe et François Bayrou.
Le Conseil des ministres prévu mardi a été repoussé, de même que le lancement, mercredi, du Conseil national de la refondation, outil de la "nouvelle méthode" de concertation prôné par le président.
Un remaniement est inévitable pour remplacer les trois ministres battues dimanche : Amélie de Montchalin à la Transition écologique, Brigitte Bourguignon à la Santé et Justine Benin à la Mer.
"Blocage des réformes"
Deux mois seulement après sa réélection, le chef de l'État est déjà au pied du mur: doit-il garder Élisabeth Borne après quelques semaines à Matignon ? Et comment peut-il réorienter politiquement le gouvernement pour tenter d'atteindre une majorité absolue à l'Assemblée ?
"Ma hantise, c'est que le pays soit bloqué", a reconnu la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire. "Il va falloir de l'imagination, de l'audace, de l'ouverture", a-t-elle estimé, réitérant l'idée d'une main tendue à destination de "tous ceux qui veulent faire avancer le pays".
Mais cet appel à "une majorité d'action", lancé dès dimanche soir par Élisabeth Borne, a été fermement rejeté par les oppositions, à l'exception de quelques élus de droite ou de centre-gauche. Lundi le président par intérim du RN Jordan Bardella a estimé qu'Élisabeth Borne devait "rendre son tablier". L'Insoumis Adrien Quatennens a également appelé la Première ministre à "s'en aller" car elle "n'est pas en mesure de gouverner le pays après avoir pris une telle défaite dans les urnes".
Pour le LR Christian Jacob, "pas question de pacte, de coalition ou d'accord de quelque nature" avec les macronistes. Mais Catherine Vautrin, la présidente ex-LR du Grand Reims et un temps pressentie pour Matignon, a appelé dans un entretien à Libération la droite à prendre ses "responsabilités" autour d'un accord programmatique et de gouvernement avec le camp Macron.
De son côté, Marine Le Pen a prévenu qu'elle allait "mettre en œuvre le blocage de toutes les réformes (...) nocives, au premier rang desquelles la retraite à 65 ans".
Avec AFP