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AFFAIRES OUBLIÉES. Les disparus de Mourmelon, ces soldats fantômes pour qui justice reste à faire

Inoubliable pour les proches des victimes, l'affaire Pierre Chanal, aussi appelée l'affaire des disparus de Mourmelon, ne fait plus la Une mais a marqué les esprits dans les années 1980. Closer revient sur ce dossier hors norme. Hiver 1980. En Mourmelonnie, dans la Marne, les parents de Patrick Dubois, jeune soldat affecté au 4e régiment de chars de combat de Mourmelon, signalent la disparition de leur fils. C'est la première d'une longue liste. Entre 1980 et 1987, huit hommes, dont six soldats et deux civils, vont disparaître autour du camp militaire marnais. Embarrassée par ce qui ressemble à une vague de désertions, l'armée condamne les disparus et cherche à étouffer l'affaire. Personne ne veut croire en ces disparitions inquiétantes. Pourtant, un criminel sévit bien autour de Mourmelon-le-Grand... Le 9 août 1988, des gendarmes de Saône-et-Loire contrôlent le propriétaire d'un camping-car Volkswagen Combi II suspect. L'homme, un certain Pierre Chanal, affirme être un sous-officier en vacances, mais ses papiers indiquent que de 1977 à 1986, celui-ci était affecté au 4e régiment de dragons à Mourmelon. Suspicieux, un agent fait le tour du véhicule et découvre, par la fenêtre, qu'un homme est ligoté à l'arrière. Palázs Falvay, auto-stoppeur hongrois âgé de 20 ans, révèle avoir été séquestré et violé après être monté de son plein gré dans le véhicule de son ravisseur. S'ouvre alors l'un des dossiers les plus médiatisés des années 1980... Les disparus de Mourmelon, laissés-pour-compte par tous Condamné le 23 octobre 1990 à dix ans de réclusion criminelle pour viol et séquestration, Pierre Chanal est alors soupçonné d'avoir joué un rôle dans les disparitions de Patrick Dubois, Serge Havet, Manuel Carvalho, Pascal Sergent, Patrice Denis et Patrick Gache, tous disparus à l'époque où il était au 4e régiment de dragons à Mourmelon. Une avancée encourageante pour les familles des victimes, qui vont toutefois rapidement déchanter. Au fil des reports, des erreurs et des négligences de la justice, les noms des soldats disparus finissent eux aussi par disparaître. Au début des années 2000, les progrès de la police scientifique permettent aux enquêteurs d'isoler trois ADN différents. Mais avant d'assumer la responsabilité de ses actes, Pierre Chanal se sectionne l'artère fémorale et meurt le 15 octobre 2003. Sa mort met définitivement un terme au procès. Des années plus tard, Gisèle Cache, sœur de l'un des disparus, publiera Les disparus de Mourmelon, un livre mettant en lumière les dysfonctionnements de la justice et le comportement irresponsable de l'armée, qui a préféré soigner les apparences plutôt que protéger les siens. Une indifférence impardonnable pour les familles endeuillées. "Gisèle avait sept ans lors de la disparition de son frère, douze lorsque son père est mort de chagrin et vingt et un quand sa mère s'est éteinte, vaincue par la dépression. La douleur n'a pas trouvé son terme, hélas...", peut-on lire sur la sinistre quatrième de couverture du témoignage de cette sœur au cœur brisé. Quarante ans après la disparition de Patrick Dubois, justice reste encore à faire. Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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