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Arts et People

AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Méchinaud, cinquante ans de mystère abyssal

Inoubliable pour les proches des disparus, l'affaire Méchinaud ne fait plus la Une mais a marqué les années 1970 par son caractère éternellement irrésolvable. Retour sur une affaire de disparition comme la justice française n'en a connue aucune autre... Noël 1972. Dans la petite ville de Cognac, en Nouvelle-Aquitaine, la famille Méchinaud célèbre le réveillon de Noël en compagnie de leurs amis, les Fontanillas. Vers une heure du matin, Jacques Méchinaud, 31 ans, sa femme Pierrette, 29 ans et leurs enfants, Éric, 7 ans, et Bruno, 4 ans, grimpent dans la voiture familiale, une Simca 1100 de couleur rouge grenat. Le moteur gronde, le véhicule disparaît dans le brouillard de la nuit, pour ne plus jamais réapparaître. Quelques jours plus tard, sans nouvelle de leur fils et du reste de la famille, les parents de Jacques Méchinaud contactent la police de Boutiers-Saint-Trojan. Au domicile des disparus, situé au 14, route de Saint-Trojean, les enquêteurs font la découverte d'un triste sapin de Noël, au pied duquel patientent encore les cadeaux emballés des deux enfants. Dans le réfrigérateur, une dinde avariée et des huitres, également passé date. La maison a été abandonnée. La première piste étudiée par la police est celle d'un accident. Moins de cinq kilomètres séparent Cognac de Boutiers, mais la route longe la Charente ; il n'est pas impossible que la famille y soit tombée. De nombreux dispositifs sont alors mis en place, mais les Méchinaud restent introuvables. Un secret de famille déterré La piste du suicide collectif est envisagée, d'autant que la police est mise sur la piste d'un élément susceptible de provoquer la rupture chez les Méchinaud. Depuis plusieurs mois, Pierrette avait un amant. Jacques Méchinaud l'avait découvert, et le couple était, selon certains témoins, au bord du divorce. Néanmoins, la relation extra-conjugale de la jeune femme avec Maurice Blanchon, un ouvrier viticole de deux ans son cadet, ne permet pas à la police de relancer l'enquête. Selon ce dernier, la famille aurait fui en Australie. Lors de son interrogatoire, il explique : "Le mari était allé passer deux jours en Vendée juste avant la disparition chez un camarade d'armée. Il doit savoir des choses." Mais en Océanie comme ailleurs, la police ne retrouve ni la trace de Jacques Méchinaud, ni celle d'aucun membre de sa famille. Cinquante ans après, l'affaire des disparus de Boutiers demeure ouverte sous le nom de code Bruneri 47, en référence aux prénoms des deux enfants Méchinaud, Bruno et Eric. En 2011, 2012 et 2013, la police locale relance des fouilles dans une grande partie de la région et fouille chaque recoin de la Charente. En juillet 2020, l'amant de Pierrette Méchinaud fait l'objet de nouvelles recherches. "Deux gendarmes sont venus chez moi pour me dire que j'étais convoqué le lendemain. J'ai été interrogé sur les disparus, ma maison perquisitionnée à la recherche d'une lettre, un de mes terrains passé à la moulinette... On m'a encore demandé si je savais quelque chose...", raconte-t-il alors au quotidien départemental Charente libre. En vain. "Aucune piste, pas un seul foutu indice" A ce jour, l'affaire Méchinaud demeure la seule affaire en France où, suite à la disparition d'une famille, aucun des corps n'a été retrouvé. Un cas unique dans les annales de la justice française, qui continue à en passionner certains, tout en en frustrant bien d'autres. "Il n'y a aucune piste, pas un seul foutu indice", s'indigne Serge Mazeau, ancien garde champêtre de Boutiers reconverti radiesthésiste après la disparition des Méchinaud. Cinquante ans après, l'homme continue de croire qu'il pourra trouver le fin mot de l'histoire. Mais comme l'écrivait le journaliste Paul Boujut en mars 1973, "seul le hasard permettra un jour peut-être d'élucider cette mystérieuse disparition". Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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