AFFAIRES OUBLIÉES. L'affaire Valentin Crémault, ce petit garçon tué parce qu'il était "l'Élu"
Valentin Crémault, 11 ans, a été tué dans la nuit du 28 au 29 juillet 2008 à Lagnieu (Ain). Retour sur cette sinistre affaire.
Le soir du 28 juillet 2008, le petit Valentin Crémault, 11 ans, sort faire du vélo à Lagnieu, non loin de la maison où il passe ses vacances. Sans nouvelle de lui, un ami de ses parents, Véronique et Jean-Pierre Crémault, sort dans la rue. Le spectacle qu'il découvre le plonge dans l'horreur. Mort, le petit Valentin gît dans une mare de sang, juste à côté de son petit vélo qu'il aimait tant. Les blessures du garçonnet sont telles que dans un premier temps, les enquêteurs croient en l'attaque d'un chien errant. Mais l'autopsie soulève une vérité bien pire : Valentin a succombé à 44 coups de couteau.
Rapidement, les gendarmes s'activent et découvrent, dans les rues adjacentes de celle où Valentin a été tué, de sinistres traînées de sang traçant le parcours du meurtrier après le crime. Des analyses permettent d'isoler un ADN, mais celui-ci n'est pas inscrit au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Heureusement, ce petit échantillon d'ADN n'est pas la seule arme dont disposent les enquêteurs. Grâce aux témoignages de plusieurs voisins et à l'enregistrement d'une caméra de vidéosurveillance, le portrait-robot non pas d'un mais de deux suspects est dressé. Le 3 août 2008 au Cheylard (Ardèche), les gendarmes interpellent Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo, un couple de marginaux dont le physique se rapproche des portraits robots.
"Le Secrétaire soumis" et "Sa Majesté" à la recherche de "l'Élu"
Stéphane Moitoiret se fait appeler "Le Secrétaire soumis". Elle, c'est "Sa Majesté", ou "Son Excellence". En quelques heures d'interrogatoire, les deux routards sidèrent les enquêteurs, qui comprennent qu'ils ont affaire à deux personnalités à part, délirantes. Dans un premier temps, Stéphane Moitoiret nie avoir tué Valentin. Mais confondu par son ADN, l'homme finit par rejeter la faute sur l'un de ses "sosies". Noëlla Hégo, elle, explique que le soir du meurtre, son compagnon est parti avec un couteau pour réaliser "un retour en arrière" dans le temps, une théorie de son invention qui demande de tuer volontairement quelqu'un. En octobre 2009, Moitoiret et Hégo sont mis en examen.
Pendant le procès, la défense tente de faire valoir l'irresponsabilité pénale, estimant qu'étant atteint de troubles psychologiques, leur responsabilité était mise en cause. En effet, un compte-rendu psychiatrique établit que Moitoiret est schizophrène paranoïde. Il souffre également de psychose dissociative. Hégo, elle, est atteinte de psychose de type paraphrénique. Ces diagnostiques ne les empêchent néanmoins pas d'être jugés aux assises et le 15 décembre 2011, Stéphane Moitoiret est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, une peine réduite à 30 ans de prison en appel. Noëlla Hégo, elle, est acquittée.
Pourtant, le couple n'en était pas à son coup d'essai. En août 2006, deux ans avant le meurtre du petit Valentin, un autre garçonnet également prénommé Valentin, âgé de 5 ans, avait était pris pour cible par les deux marginaux. Plus tard, Moitoiret et Hégo justifieront cette tentative d'enlèvement en expliquant que le petit garçon était "l'Élu". Il devait partir avec eux sous peine que de grands malheurs ne s'abattent sur le monde. Malheureusement, le véritable "Élu" était Valentin Crémault, et le malheur s'est bien abattu sur le monde. Jean-Pierre Crémault, le père de Valentin, est décédé en décembre 2017 d'une crise cardiaque. Il ne s'est jamais remis de la mort de son fils.
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