Addictions, immaturité, égocentrisme... Les conclusions de l'expertise psychologique de Cédric Jubillar
Près d'un an après son placement en détention provisoire, franceinfo a pris connaissance de l'expertise psychologique de Cédric Jubillar, accusé d'avoir tué sa femme Delphine en décembre 2020 dans le Tarn.
Qui est vraiment Cédric Jubillar ? La question est sans doute l'une des clés de la résolution de l'affaire Delphine Jubillar, disparue depuis décembre 2020 sans laisser de trace. Jeudi 26 mai 2022, franceinfo a pu avoir accès à l'expertise psychiatrique réalisée sur l'artisan de 34 ans.
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L'homme, placé en détention provisoire depuis juin 2021, est accusé d'avoir tué sa femme dans leur maison de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn. Depuis, le corps de l'infirmière est introuvable, et Cédric Jubillar clame son innocence.
Une forte dépendance au cannabis
Cette expertise psychologique a été versée le mois dernier au dossier d'instruction. Le psychiatre désigné par les juges a rencontré Cédric Jubillar à deux reprises, en juillet 2021 puis au mois d'octobre dernier. La première fois, Cédric Jubillar vient d'être placé en détention. Il explique qu'il n'a rien fait, qu'il est un très grand consommateur de cannabis, entre 10 et 25 joints par jour. Il consomme aussi de l'alcool régulièrement, "le Ricard du soir", selon ses mots.
Lors de ce premier entretien, il s'en prend aussi aux surveillants et affirme qu'ils vont le pousser au suicide. Dans une formule troublante, Cédric Jubillar envisage sa sortie de prison et lance au psychiatre: "Si je suis le meurtrier, il vaut mieux que je quitte le Tarn." Cédric Jubillar sera donc entendu une seconde fois, au mois d'octobre 2021, par ce même médecin psychiatre. À ce moment-là, il se plaint d'être à l'isolement. "Je ne suis pas un violeur, ni une balance, dit-il, je suis un criminel comme les autres." Pour autant, il continue de clamer son innocence. L'artisan-plaquiste ajoute : "On me considère comme le coupable parfait".
Arrogant, égocentrique, immature...
Tout au long de cet entretien, l'expert relève qu'il ne prononce jamais le prénom de son épouse, qu'il appelle "madame" et non Delphine. "On s'engueulait tout le temps", concède t-il. Cédric Jubillar reconnaît aussi l'avoir attrapé par les épaules trois mois avant sa disparition. Il pense que sa femme a pu partir en Espagne, et laisser leurs deux enfants.
L'expert psychiatre, dans ce rapport psychologique, rappelle que Cédric Jubillar a connu une enfance difficile, avec un beau-père très violent, des placements en foyer, où il dit être devenu un vrai délinquant. Il souligne aussi sa dépendance au cannabis, son côté immature, égocentrique, parfois arrogant et très sûr de lui.
Dans l'hypothèse où il serait l'auteur du meurtre, le psychiatre tente d'expliquer son passage à l'acte. Le divorce pouvait constituer une rencontre avec une réalité peut-être insupportable et Cédric Jubillar aurait pu agir dans un moment de colère, refusant ce sentiment d'échec lié à la fin de cette vie de famille à laquelle il tenait beaucoup.
Une remise en liberté en juin ?
Une audience importante attend Cédric Jubillar le 9 juin prochain devant le Juge des libertés et de la détention (JLD), un an après son placement en détention provisoire. Les avocats de Cédric Jubillar vont demander sa libération.
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Le juge des libertés va donc examiner les charges qui pèsent contre lui, l'avancée de l'enquête, les risques de trouble à l'ordre publique et dire s'il estime que la détention doit se poursuivre. Jusqu'à maintenant, ses demandes de mises en liberté ont toute été refusées. Les gendarmes poursuivent quant à eux leurs investigations, à la recherche du corps de l'infirmière, disparue il y a bientôt un an et demi.