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Arts et People

TÉMOIGNAGE. “A cause du Grand Paris, à 80 ans, nous sommes expropriés de notre maison”

La maison de Roger et Nicole, et 25 propriétaires, sera rasée pour permettre la construction de la ligne de métro 15. Inenvisageable pour ces retraités qui vivent là depuis soixante ans. "On se battra jusqu'au bout !", annonce Roger, 81 ans. Pour ce retraité, ancien chef d'atelier de fonderie, le courrier envoyé par la Société du Grand Paris en juillet 2020 a fait l'effet d'une bombe. "Vous vous rendez compte, déménager toute une vie ? Et pour aller où ? En maison de retraite ? Je suis encore actif, je fais mon jardin et le ménage, mais ma femme et moi, on n'aura pas l'énergie de reprendre une maison. D'ailleurs, elle est hospitalisée depuis quelque temps. Toute cette histoire a joué sur notre santé. On se réveille la nuit, on cogite", déplore Roger. Dans la lettre en question, la Société du Grand Paris annonçait en effet que la future ligne 15 du métro qui doit relier Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, à Champigny, dans le Val-de-Marne, en passant, donc, par Rosny-sous-Bois nécessite de raser vingt-cinq habitations. Une trajectoire qui, d'après les futurs expropriés, semble avoir évolué depuis la validation du projet en 2017. "Au début, les travaux concernaient le secteur de la gare, justement parce que cela n'avait aucun impact sur l'immobilier et puis, après les élections municipales, on apprend qu'ils vont devoir creuser dans notre rue." Les prix ont flambé et ils craignent de ne pouvoir se reloger dans le secteur Avec les autres membres des vingt-cinq foyers concernés, une pétition a été lancée et des réunions ont eu lieu pour tenter de trouver une issue favorable. Mais la Société du Grand Paris ne compte pas modifier son projet. Elle affirme toutefois souhaiter proposer "des accords amiables et des solutions personnalisées qui conviendront à chacun" d'ici à la fin 2022, échéance à laquelle il faudra quitter les logements à détruire. "Si j'avais été jeune, j'aurais pu concevoir de vendre et de partir m'installer ailleurs." A ce jour, une dizaine de propriétaires semblent avoir trouvé un terrain d'entente financier pour céder leur maison. Mais pour les plus âgés, la situation est complexe. Nicole, ancienne infirmière, et son mari vivent à Rosny depuis les années 1960. "Cette maison, je l'ai bâtie de mes mains avec mon père et mes frères il y a plus de soixante ans. Et pendant tout ce temps on l'a entretenue pour y vivre paisiblement nos vieux jours. Et là, avant de mourir, il faut dégager, c'est affreux !", déplore Roger. D'autant que les prix de l'immobilier dans la petite couronne ont flambé et que le couple craint de ne pouvoir se reloger dans le même secteur que ses proches. "Ici, on a tous nos repères. Nous sommes tout près des magasins d'alimentation, du centre commercial et de notre famille. Toute notre vie est là." Une enquête préalable d'intérêt public va être soumise au préfet, qui tranchera Un crève-cœur aussi pour leurs enfants et petits-enfants, qui ont grandi dans ce pavillon et y ont tous des souvenirs précieux. "Ils s'occupent des démarches administratives et défendent nos intérêts", explique Roger, qui peut compter sur les siens. Dernière avancée en date : "une enquête préalable d'intérêt public effectuée en mairie et transmise au préfet qui doit soit autoriser l'expropriation, soit décider de revenir au projet initial dans le quartier de la gare et épargner ces vingt-cinq maisons". Loading widget Inscrivez-vous à la Newsletter de Closermag.fr pour recevoir gratuitement les dernières actualités

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