Suppression de postes chez SFR : les employés manifestent et dénoncent les 'faux arguments" de la direction
Les salariés étaient appelés à se rassembler jeudi à Paris devant le siège de SFR pour protester contre la suppression de 2 000 postes. Selon eux, le secteur des télécoms se porte bien malgré la crise.
"Le plan social est injustifé, il n'y a aucune raison opérationnelle ni industrielle, il n'y a qu'une raison, celle des suppressions de poste pour des raisons purement financières. Et ça ne passe pas !", dénonce jeudi 24 juin Abdelkader Choukrane, élu du syndicat Unsa, alors que les salariés SFR manifestent ce même jour à Paris. Les salariés de l'opérateur téléphonique étaient invités à faire grève à l'appel d'une intersyndicale ( (CFDT, CFTC, Unsa) ). Ils protestent contre les 2 000 suppressions de postes voulues par la direction dans son plan stratégique sur 2021 alors que l'entreprise a fait des bénéfices pendant la crise sanitaire. Les employés dénoncent donc une logique financière.
"Un vrai carton rouge"
Sur le trottoir devant le siège parisien de SFR, les salariés en grève mobilisés par les syndicats ont affiché une banderole : "Carton rouge pour Drahi" en référence à Patrick Drahi, le milliardaire propriétaire du groupe Altice, maison mère de SFR. Pour Abdelkader Choukrane, cette situation est inacceptable : "Lorsqu'on est dans une entreprise qui gagne beaucoup d'argent, plus de 4 milliards d'euros de marge brute, et qu'on est dans un secteur porteur malgré la crise du Covid, oser supprimer 20% des effectifs du pôle télécoms, c'est un vrai carton rouge."
Avec un bénéfice avant impôts en hausse de 3% cette année à plus de 4 milliards d'euros, la crise sanitaire a effectivement été porteuse pour SFR. Abdelkader Choukrane se souvient d'ailleurs que fin 2020, l'entreprise se voulait rassurante sur l'avenir : "Ils nous ont présenté des orientations stratégiques où ils nous disaient que tout allait bien. Le chiffre d'affaires de 2020 était bon et les perspectives excellentes. Ils nous ont dit que l'emploi était stable sur les deux ans."
Un discours rapidement contrasté puisque "trois mois après ils sont revenus avec un projet de suppression en nous parlant de la crise du Covid, qui ne touche pas les télécoms. Ils ont ensuite invoqué qu'il y avait de la concurrence dans les télécoms." Des arguments qui ne convainquent pas Abdelkader Choukrane : "Ce sont de faux arguments. Je pense que Patrick Drahi surfe sur la crise du Covid."
"Nos actionnaires font du 'dumping social' à l'intérieur du groupe"
Sur les 2 000 postes supprimés, au moins 1 700 sont présentés comme des départs volontaires. Selon Antonello Pancetti, délégué CFDT, le groupe Altice a trouvé moyen de les remplacer : "Beaucoup d'activités vont être resserrées sur des prestataires qui sont dans le groupe Altice, ce qui veut dire qu'on supprime des activités chez SFR qu'on recréé chez un prestataire interne qui, au niveau social, est sans doute en-deça de SFR. Nos actionnaires font du 'dumping social' à l'intérieur même du groupe."
Sollicitée, la direction de SFR n'a pas souhaité prendre la parole. Dans un communiqué, elle souligne que la crise sanitaire oblige l'entreprise à accélerer sa transformation numérique, notamment dans les boutiques, dont la fréquentation a chuté.