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Économie et marchés

Sommet de l'Asean : la Chine, les États-Unis et la Russie mis en garde contre toute discorde

Joko Widodo, le dirigeant de l'Indonésie qui préside le sommet de l'Asean, a mis en garde, jeudi, contre les rivalités qui divisent les responsables américain, chinois et russe réunis à Jakarta.  Le président indonésien, Joko Widodo, lors de la session plénière du sommet de l'Asean à Jakarta, le 5 septembre 2023. Un sommet sous tensions. La vice-présidente américaine, Kamala Harris, le Premier ministre chinois, Li Qiang, et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ont participé, jeudi 7 septembre, au sommet de l'Asie de l'Est, lors duquel le dirigeant indonésien, leur hôte, a mis en garde contre les rivalités croissantes entre puissances. La réunion de 18 pays organisée dans la capitale indonésienne Jakarta a mis autour de la même table les hauts responsables de Washington et Pékin, un jour après que le Premier ministre chinois a averti que les grandes puissances devaient contenir leurs différends pour éviter une "nouvelle guerre froide". Les échanges entre les responsables des deux plus grandes économies mondiales étaient scrutés dans un contexte de tensions sur des questions allant de Taïwan aux relations avec Moscou en passant par la rivalité dans le Pacifique, quelques jours avant le sommet du G20 à New Delhi. De possibles "affrontements" "Je demande (...) aux leaders du sommet de l'Asie de l'Est de faire (de cette rencontre) un forum pour renforcer la coopération et non pour aiguiser les rivalités", a déclaré le président indonésien Joko Widodo. Kamala Harris et Li Qiang ont tenu des entretiens séparés avec les dirigeants de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), la responsable américaine insistant sur "l'importance de faire respecter le droit international en mer de Chine méridionale", selon un communiqué. Le sommet de jeudi est aussi la première occasion pour de hauts responsables américain et russe de se rencontrer, près de deux mois après une précédente réunion de l'Asean tendue en juillet à Jakarta lors de laquelle les Occidentaux avaient demandé des comptes à Sergueï Lavrov sur l'invasion de l'Ukraine. Sergueï Lavrov a dénoncé, jeudi, le risque d'une militarisation de l'Asie orientale, accusant l'Otan d'avoir la volonté de pénétrer dans la région. Il a aussi mis en garde contre l'alliance militaire Aukus entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, décrite comme "pouvant causer des affrontements", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères russe. La mer de Chine en question Le Premier ministre indien, Narendra Modi, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et le Premier ministre australien, Anthony Albanese, assistaient au sommet aux côtés des responsables de l'Asean. Le dirigeant sud-coréen a déclaré que toute tentative unilatérale de changer le statu quo en mer de Chine méridionale était "inacceptable" et réclamé "un ordre maritime basé sur le droit" pour réguler cette zone stratégique pour les échanges mondiaux. Le président philippin, Ferdinand Marcos, a appelé ses partenaires à s'opposer à "l'utilisation dangereuse des garde-côtes" et de tous navires utilisés par les autorités chinoises, après plusieurs incidents avec des bateaux chinois ces derniers mois, selon un discours publié par le palais. Mais le communiqué conjoint du sommet de l'Asie de l'Est, vu par l'AFP, a omis toute mention de la mer de Chine méridionale, revendiquée en grande partie par la Chine, au grand dam de ses voisins, ou de la guerre en Ukraine. En marge du sommet, le Premier ministre australien a rencontré son homologue chinois et confirmé qu'il se rendrait en visite officielle en Chine "plus tard cette année", alors que Canberra travaille à un réchauffement des relations avec Pékin. Li Qiang a indiqué que Pékin était prêt à relancer les échanges bilatéraux, après plusieurs années de gel, selon l'agence étatique Xinhua. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, s'est adressé à ses partenaires du sommet, indiquant qu'il était essentiel de "construire un ordre mondial post-Covid fondé sur le droit" et a appelé à des efforts collectifs en faveur d'un espace "Indo-Pacifique libre et ouvert". "La répression systématique" dénoncée Même si la réunion de jeudi a une portée plus géopolitique, les grandes puissances ont aussi profité des sommets précédents à Jakarta pour consolider leurs alliances et faire pression sur le bloc d'Asie du Sud-Est. Kamala Harris a eu des entretiens successifs avec le président indonésien, Joko Widodo, et le président philippin, Ferdinand Marcos, tous deux membres de l'Asean, en marge du sommet. "La vice-présidente a réaffirmé l'engagement à toute épreuve des États-Unis envers les Philippines et a souligné le rôle que joue l'alliance américano-philippine pour garantir un Indo-Pacifique libre, ouvert et prospère", selon un communiqué. Au cours du sommet de l'Asean, organisé en début de semaine et dominé par la crise en Birmanie, les dirigeants avaient dénoncé les attaques de la junte contre les civils. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé, jeudi, "la répression systématique" qui sape les espoirs de retour de la démocratie en Birmanie, représentée par une chaise vide au sommet. "La violence brutale, la pauvreté qui s'accroît et la répression systématique brisent les espoirs d'un retour à la démocratie", a déclaré Antonio Guterres. Avec AFP

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