Rachat de Twitter par Elon Musk : "Il faut s'attendre à une réduction drastique du personnel", prédit un spécialiste
Rachat de Twitter par Elon Musk : "Il faut s'attendre à une réduction drastique du personnel", prédit un spécialiste
Selon Fabrice Epelboin, ce rachat pourrait aussi radicalement transformer la modération des propos avec une application "de la législation locale" sur le réseau social.
"Il faut s'attendre à une réduction drastique du personnel de Twitter", a indiqué vendredi 28 octobre sur franceinfo Fabrice Epelboin, enseignant à Science Po Paris, spécialiste des réseaux sociaux, après le rachat du réseau social par le milliardaire Elon Musk. Très rapidement, selon lui, "une modération des propos conformes à la législation locale" de chaque pays devra se mettre en place, une promesse du nouveau patron.
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Par ailleurs, l'enseignant, estime que les résultats catastrophiques de Facebook annoncées jeudi 27 octobre sonnent comme "la fin de la toute splendeur et la toute-puissance de Meta". Selon Fabrice Epelboin, c’est "une excellente nouvelle".
franceinfo : Ce rachat de Twitter par Elon Musk n’est pas une surprise ?
Fabrice Epelboin : Un peu quand même. Beaucoup de gens avaient perdu de vue qu'Elon Musk avait l'intention de racheter Twitter. Il vient de définitivement le confirmer après un long feuilleton et de nombreux rebondissements. Il est très clairement en train de s'installer aux commandes de l'entreprise, à commencer par le licenciement d'une partie de la direction. On attend de voir comment il va dérouler les différentes promesses qu'il a faites au fil du temps concernant la réforme future de Twitter. C’est une période plutôt intéressante pour Twitter, qui connaît de réels problèmes en ce moment.
Qu’est-ce que cela va changer pour les utilisateurs ?
La première promesse d’Elon Musk consiste à faire une modération des propos qui soient conformes à la législation locale. Ça va dépendre de votre législation, évidemment. Pour ce qui est de la France, on devrait voir se mettre en place un système de gouvernance locale des contenus dans lequel l'État, peut-être, aura à participer. Cela peut être à travers la justice, ce qui permettra d'avoir une modération qui soit conforme à la loi française, ce qui est loin, très loin d'être le cas aujourd'hui.
Il a licencié une partie des dirigeants. À quoi faut-il s’attendre ?
Il faut s'attendre à une réduction drastique du personnel de Twitter. On a été jusqu'à parler d'une réduction des deux tiers du personnel et à un changement vraiment profond dans la gouvernance globale de Twitter, notamment dans son rapport avec les différents États qui, chacun, ont maille à partir avec les contenus qu'ils peuvent trouver de la part de leur population locale sur Twitter et qui ont une législation différente. C'est très différent de modérer des contenus au Maroc, en Tunisie, en France, en Hollande, en Hongrie, en Pologne. Dans chacune de ces législations, on a des cultures spécifiques, des règles de modération spécifiques, une loi spécifique et Twitter va devoir s'attaquer à ce problème qui, jusqu'ici, a été un obstacle majeur non seulement pour lui, mais bien évidemment pour Facebook et tous les réseaux sociaux.
Par ailleurs, Facebook est en grande difficulté financière. L'entreprise a dévoilé des résultats assez inquiétants. Des profits divisés par deux, une action qui dévisse. Faut-il s’inquiéter pour Facebook ?
Pas encore, mais il est raisonnablement permis de s'inquiéter pour Meta qui est quand même l'entreprise derrière Facebook, une entreprise dévastatrice en terme social. L’impact sociétal de Facebook est considérable. On tape beaucoup sur Twitter, essentiellement parce que c'est l'outil star de tous les influenceurs du monde des médias et de la politique, mais Facebook a un impact sociétal considérable. On le sait depuis l'affaire Cambridge Analytica, Facebook est très, très néfaste sur les sociétés. Donc, ce n’est probablement pas la fin de Méta, mais en tout cas, c'est la fin de la toute splendeur et de la toute-puissance de Meta. Pour nous tous, c'est une excellente nouvelle.
Ce sont les investissements dans le métavers qui plombent Méta ?
Oui, très clairement. C’est l’annonce précoce du passage d'une stratégie de réseau social à une stratégie de métavers de la part de Mark Zuckerberg. Une précocité qui avait été forcée par les multiples scandales qui ont touché la marque Facebook et qui imposait de passer à une autre marque, celle de Meta. Le problème, c'est que le métavers est loin d'être prêt. Il est loin d’attirer les foules et que ces différentes technologies ne verront leur maturité que dans quelques années. Et ça pourrait être bien trop tard pour Facebook.