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En rachetant Twitter, "Elon Musk a un projet politique derrière la tête", estime un journaliste spécialiste

Elon Musk a créé la surprise en annonçant le rachat de Twitter, un réseau social à peine rentable. Mais ce faisant, il s'offre en réalité "un instrument d'influence", explique Olivier Lascar, auteur d'un livre qui sera publié en juin, "Enquête sur Elon Musk : L'homme qui défie la science". En concluant un accord pour racheter le réseau social Twitter pour 44 milliards de dollars, "Elon Musk a un projet politique derrière la tête", estime mardi 26 avril sur franceinfo Olivier Lascar, rédacteur en chef du pôle digital de Sciences et Avenir-La Recherche et auteur d'un livre qui sera publié en juin, Enquête sur Elon Musk : L'homme qui défie la science (éditions Alisio Science). Pour ce journaliste, avec Twitter, Elon Musk s'achète en réalité "un instrument d'influence", qui lui permet d'"avoir l'oreille des politiques et peut-être trouver les amitiés" nécessaires pour son développement. >> Trois questions sur le rachat de Twitter par le milliardaire Elon Musk franceinfo : Pourquoi Elon Musk achète-t-il un réseau social à peine rentable ? Olivier Lascar : Ça peut paraître surprenant au premier regard car Elon Musk est connu pour ses activités en dur, des machines bien réelles. On est un peu étonné de le voir dans l'univers des Gafa, dans l'univers du numérique. Mais Elon Musk est un enfant du numérique. Il y a une vingtaine d'années, il était à l'initiative de la création d'une banque en ligne, X.com, laquelle a fusionné pour devenir le fameux service de paiement dématérialisé Paypal. Et c'est en vendant Paypal qu'il a dégagé les premiers millions [de dollars] qui lui ont permis d'acheter SpaceX. C'est donc un retour à ses premières amours. Que s'achète-t-il avec Twitter, un outil d'influence ? Absolument oui. Elon Musk a un projet politique derrière la tête. Il est à la tête d'entreprises technologiquement à la pointe de ce qu'on peut faire. Je vais citer par exemple Neuralink qui consiste à faire des implants cérébraux qui permettront demain de commander par la pensée des ordinateurs. Or le cadre légal ne permet pas de travailler comme cela sur des cerveaux sains. Et peut-être trouver les amitiés qui lui permettront de se développer comme il le souhaite aux États-Unis. Elon Musk se présente comme un grand défenseur des libertés. Est-ce vraiment le cas ? Je pense à la fable de Jean de la Fontaine, du loup qui veut devenir berger parce que dans le passé Elon Musk a déjà démontré que la liberté d'expression avait ses limites dans sa conception. Chez SpaceX, il n'y a que lui qui a le droit de parler, ou son numéro 2. Un internaute s'était amusé à référencer les vols de son jet privé et à les publier en commentaire des propres tweets d'Elon Musk pour montrer qu'il avait un comportement pas très vertueux en termes de dégagement de gaz à effet de serre. Elon Musk l'a bloqué [sur le réseau social]. Le voir aujourd'hui prendre la position du défenseur de la liberté d'expression, ça paraît un peu excessif. On a l'impression que ce qu'il veut c'est la liberté de dire à peu près n'importe quoi. Elon Musk est aussi soupçonné de vouloir autoriser tous les contenus sur Twitter ainsi que les comptes bannis, comme celui de l'ancien président américain Donald Trump. Y a-t-il des éléments qui laissent penser cela ? Il y a eu des compagnonnages entre Donald Trump et Elon Musk. Quand Donald Trump était président des États-Unis, la Nasa avait programmé la construction d'une station spatiale en orbite de la Lune. Mais Donald Trump a dit que cela ne l'intéressait pas et qu'il souhaitait plutôt que des astronautes remettent le pied sur la Lune. Ce faisant, il a servi les projets personnels d'Elon Musk. Alors qu'il avait déjà développé des fusées réutilisables pour envoyer des satellites dans l'espace, Elon Musk poursuit le projet de construire un vaisseau spatial qui demain permettra aux humains d'aller sur la Lune et sur Mars.

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