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Insolite et Faits divers

Procès Troadec : les jurés ont su faire "la part de la folie dans ce crime manifestement psychotique", estime un psychiatre

Procès Troadec : les jurés ont su faire "la part de la folie dans ce crime manifestement psychotique", estime un psychiatre "Le délire paranoïaque a cette particularité d'être particulièrement étanche aux procès, aux psychothérapies, et aux médicaments. Personne ne peut convaincre un paranoïaque du fait qu'il a déliré", explique le Dr Benssussan. Les jurés du procès Troadec ont su faire "la part de la folie dans ce crime manifestement psychotique", analyse un psychiatre, expert agréé par la Cour de cassation jeudi 8 juillet sur franceinfo. Il réagissait à la condamnation d'Hubert Caouissin mercredi soir par la cour d'assises de Loire-Atlantique à 30 ans de réclusion criminelle pour le quadruple meurtre de la famille Troadec en février 2017. Le docteur Paul Bensussan a évoqué un verdict "équilibré" avant de rappeler la "contagiosité du délire" sur la compagne d'Hubert Caouissin, Lydie Troadec, condamnée à trois ans de prison dont un an avec sursis pour "recel de cadavres et modification des preuves d'un crime". > RECIT. Affaire Troadec : comment un "délire paranoïaque" a conduit au quadruple homicide d'une famille. franceinfo : Il est toujours utile, précieux, que des psychiatres expliquent devant les jurés ce qui a pu se passer. Particulièrement dans un procès comme celui-là ? Paul Bensussan : Oui. Ce procès a été tout à fait passionnant psychiatriquement. C'est un cas digne d'un manuel scolaire tellement il est caricatural. C'est ce qu'on appelle un "délire de préjudice" : Hubert Caouissin était persuadé de l'existence de ce trésor. Comme l'a dit Maître Fillion [l'un des avocats d'Hubert Caouissin], il ne peut pas encore aujourd'hui admettre que ce trésor n'a pas existé. La particularité des délires paranoïaques, c'est qu'ils sont plausibles. Personne ne pourra jamais démontrer que ce trésor n'a pas existé et Hubert Caouissin ne pourra lui-même jamais prendre conscience de cela. Le procès, ce qu'il s'est dit pendant ces trois semaines, a-t-il pu faire évoluer, cheminer, Hubert Caouissin ? Non. Le délire paranoïaque a cette particularité d'être particulièrement étanche aux procès, aux psychothérapies, et aux médicaments. Personne ne peut convaincre un paranoïaque du fait qu'il a déliré. Il faudrait pour cela lui faire la démonstration que ce trésor n'a pas existé, ce qu'évidemment personne ne pourra jamais faire, tous les protagonistes étant morts. Le fait que l'altération du discernement ait été retenue, cela vous paraît-il logique ? Oui, je qualifierais ce verdict d'équilibré. Là, je crois qu'ils ont su faire la part de la folie, de l'empreinte de la pathologie dans ce crime manifestement psychotique. Pour autant, il n'était pas question de parler d'abolition du discernement puisqu'il y avait quand même une cohérence entre cette impression d'être spolié et le ressentiment envers un beau-frère. Je crois que c'est un verdict équilibré. Ce qui est aussi extrêmement troublant dans ce dossier, c'est la paranoïa d'un homme qui rejaillit sur un couple. Tout cela va évidemment avec un isolement progressif qui devient total à un moment ? Absolument. Ce qu'il y a de plus intéressant, c'est le cas de Lydie Troadec, même si sa participation était bien moindre que celle de son conjoint. Psychiatriquement c'est beaucoup plus passionnant : ça illustre la folie à deux, autrement dit la contagiosité du délire. Dans un délire à deux, l'élément le plus suggestible est en quelque sorte le réceptacle du délire, et la séparation provoque la prise de conscience de la réalité. Lydie Troadec s'est effondrée devant nous parce qu'elle a pris conscience du fait que son mari délirait. C'est à ce moment-là seulement qu'elle a mesuré l'absurdité de ce crime. C'est l'un des paramètres nécessaires pour qu'éclose cette folie à deux.

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