DIRECT. Affaire Troadec à Nantes : Hubert Caouissin affirme avoir tué la famille Troadec par accident
DIRECT. Affaire Troadec à Nantes : Hubert Caouissin affirme avoir tué la famille Troadec par accident
La deuxième semaine du procès de Hubert Caouissin et Lydie Troadec a débuté ce lundi 28 juin 2021 aux assises de Loire-Atlantique à Nantes.
Ce lundi 28 juin, le procès d'Hubert Caouissin et Lydie Troadec se poursuit à Nantes aux assises de Loire-Atlantique. Cette journée sera consacrée aux interrogatoires des deux co-accusés.
9h09. Reprise de l’audience. La matinée sera consacrée à l’interrogatoire de Hubert Caouissin.
La présidente souhaite recueillir ses déclarations spontanées sur ce qui s’est passé à Orvault. Puis ce qui s’est passé par la suite, notamment à Pont-de-Buis.
"Il y a des choses que je n’opposerai pas, ce qui ressort des expertises. Les experts seront entendus au cours de la semaine. Vous avez bien compris Mr Caouissin ?". "Oui", répond l'accusé.
Il fait alors le récit de cette soirée du 16 février 2017, son arrivée au domicile des Troadcec à Orvault, "vers 22h, j’espère voir les voitures, j’espère avec le stéthoscope entendre les conversations. La semaine dernière j’avais entendu les téléphones. Il y trop de lumière sur la porte d’entrée. Au moindre bruissement je bouge, je suis énervé. Ma femme m’a fait trop de café !", se met-il à raconter.
Il raconte ensuite comment il est entré dans la maison.
"Je l’attrape, lui rend son coup"
"Vers 23h15, j’ai peur, j’attends. Brigitte appelle le chat Ulysse, il est devant moi. Il ne bouge pas. Elle laisse le chat. Vers 1 heure du matin la lumière s’éteint, poursuit Hubert Caoussin, je m’approche de la maison, il y a toujours du bruit. Je m’assois dans le garage. Vers 3h du matin, je coupe le compteur pour voir si ça réagit, les bruits continuent".
"Vers 3h, je veux recopier les clés. Je commence à avoir des palpitations, je tremble je ne peux plus avancer, je ne peux reculer les clés sont tout près de moi. Je claque des dents. C’est à ce moment que j’entends Brigitte dire "mais qu’est ce qui se passe ici ?".
Il dit alors s'être dirigé vers la porte du garage, "ils sont derrière moi. J’entends Pascal qui crie : je vais te tuer. Je suis frappé avec quelque chose. J’ai un peu mal avec le coup, je l’attrape, lui rend son coup".
Des échanges de coups ont alors lieu, selon le récit d'Hubert Caouissin, entre lui et la famille Troadec.
Hubert Caouissin raconte dans les détails cette nuit d'horreur à Orvault, jusqu'à son départ au petit matin.
"Il est 6h15. Je pars, dans un virage je fonce, mais j’ai un flash, je pense à mon petit garçon, il y avait un refrain apaisant à la radio, j’ai freiné".
La présidente lui propose un verre d’eau. Il renifle à plusieurs reprises.
La présidente revient sur de nombreux déplacements de Caouissin au domicile des Troadec, les années précédant les faits : "en février 2017, deux fois, novembre 2016, 2014, et entre ces dates ? On voit qu’il y a quelque chose d’extrêmement présent dans votre esprit dans cette histoire avec Pascal". "Non".
Puis de nouveau sur la nuit où Hubert Caouissin a tué les quatre membres de la famille Troadec.
La présidente : "Le motif d’origine de votre déplacement n’est pas d’entrer dans la maison dites-vous. Mais à un moment vous entrez, vous avez peur, vous déverrouillez le garage, vous remettez votre matériel dans la voiture. Vous y retournez". "Oui, je voulais attendre que la maison soit éteinte pour faire le dessin de la clé, faire les photos de voitures"."Vous vouliez faire un double ? Pourquoi ?" "Pour revenir quand ils ne sont pas là, pour inspecter les papiers". "Ça s’appelle comment " dit la présidente. "De l’espionnage, une violation de domicile" tente de répondre Hubert Caouissin.
La présidente poursuit. "Dans toutes vos déclarations vous dites être entré par la porte de la buanderie, vous nous dites maintenant être entré par la porte du garage. C’est un fait nouveau ?" "Quand Brigitte a laissé la porte ouverte pour le chat. La première fois. La seconde non".
"Vous avez donc essayé d’entrer en 2016"
"Monsieur l’huissier pouvez-vous montrer les outils, sans briser les scellés ?" demande la présidente. La pochette est transparente. Hubert Caouissin, ce n’est pas un kit de crochetage, mais un kit de serrurier. "Je l’avais acheté pour un souci à la maison. Je n’avais essayé en 2016, ça n’avait pas marché".
"Mais c’est un fait nouveau, vous avez donc essayé d’entrer en 2016, rebondit-elle, compte tenu de votre volonté de monter un dossier, de dénoncer des faits. Vous allez essayer d’entrer en 2017… "" Non puisque ça ne marche pas"
"Vous voulez entrer pourquoi ?", "Faire des photos des papiers, des relevés de comptes".
La présidente. "À quel moment faut-il vous croire dans vos déclarations ? Vous indiquez avoir coupé le courant ici, vous donnez un ordre différent dans vos déclarations aux enquêteurs, vous ne dites pas que les faits se passent dans l’obscurité. Mr Caouissin, il fait noir quand ils descendent. Vous ne l’avez pas dit. Pourquoi avoir coupé le courant ?"."Pour voir s’ils réagissent"."Je me dis que s’il n’y a plus de courant ça va les inciter à s’endormir, qu’ils vont regarder ça le lendemain"."Je me dis que l’heure avance".
"Mr Caouissin, des gens qui sont réveillés chez eux en pleine nuit, sans courant, vous croyez qu’ils ne vont pas s’inquiéter ?", "Il faut que j’avance, il va être 4 heures du matin".
S’en suivent de nombreuses questions relatives à l’altercation au rez de chaussée de la maison. Les réponses sont contradictoires parfois entre première déclaration, reconstitution et récit donné ce matin.
"Personne ne peut contredire vos déclarations, vous seul pouvez dire ce qui s’est passé. J’essaye de comprendre. Il y a des contradictions. Vous nous dites avoir une excellente mémoire". "Je n’ai pas dit ça. Avant mon burnout oui", il ajoutera plus tard. "Il y a eu beaucoup de confusion. Je ne ressens pas les choses de la même façon. J’y ai repensé en détention ".
"Vous n’aviez pas l’intention de donner la mort ?", "Non"
Hubert Caouissin, finit par affirmer avoir tué les quatre personnes de la famille Troadec "par accident". Il réfute toute préméditation.
"C’est un accident ?", demande la présidente, Hubert Caouissin répond, "je ne m’attendais pas à ça", "Vous n’aviez pas l’intention de donner la mort ?", "Non".
Décrivez nous l’arme "Je ne sais pas, je ne l’ai pas beaucoup vue", "Ah non Mr, vous l’avez utilisée, transportée, jetée". Il donne des détails de diamètre. La présidente tente de lui faire donner sa conception d’un pied de biche. Lui montre trois photos de pieds de biche. "Il ne ressemble à aucun des trois. Peut-être plus celui du milieu". "Vous êtes venu sans outils sans arme". "Non, mon stéthoscope".
"Je ne lui ai pas dit en petits morceaux, je lui ai dit en pièces"
La présidente : "Votre fils dit que "ce n’était pas une barre à mine, une petite barre qui ne faisait qu’assommer, il a tapé fort il ne voulait pas les tuer". L’enfant décrit des mini-bouts de corps, montre entre son pouce et l’index".
Hubert Caouissin : "Jean interprète ce qu’il ne comprend pas, il pose des questions sans arrêt. Je ne lui ai pas dit ni l’ordre, ni comment ça s’est passé… Je ne lui ai pas dit en petits morceaux, je lui ai dit en pièces".
La présidente aborde ensuite les recherches d'Hubert Caouissinvsur le net à propos d'un silencieux, "le téléchargement de la revue la science contre le crime, l’ADN, les nouvelles armes infaillibles…", "Je n‘ai pas internet à Pont-de-Buis, je passe à Plouguerneau, je charge tout, je dois avoir 200 revues, je les relis ensuite, je me projette comme étant possiblement attaqué".
"Oui, j’ai dit la vérité"
La présidente revient sur le déroulé des faits. "Vous enlevez les draps…", "Pour faire croire à un départ en vacances", " Ah oui ! Pas pour dissimuler des faits…".
Elle revient sur la question du "planté de pied de biche". "Comment c’est planté ce pied de biche ? Au point de l’enfoncer dans le crâne ?", "Ça s’est fait comme ça". "Pardon pour les parties civiles, comment peut-on enfoncer ainsi un pied de biche qui reste enfoncé dans le crâne ?", "J’ai été surpris moi-même". "Vous êtes certain Mr Caouissin que ce soir-là vous êtes entrés dans les chambres, que vous les avez frappés, que les bruits ont alerté les parents ? Ça s’est passé comme vous le dites ?", "Oui, j’ai dit la vérité".
"Oui vous avez même déscolarisé Jean. On peut imaginer que vous les avez tués pour mettre fin à vos souffrances", "Non mon obsession était de récupérer des informations".
"Pourquoi n’a-t-on pas retrouvé l’arme ?", le questionne la présidente, "Lydie n’arrivait pas à la jeter du pont de l’Iroise, quand on allait en garde à vue, je l’ai fait".
"On ne retrouve pas l’arme, on ne retrouve pas les crânes, vous imaginez bien qu’on essaye de comprendre ce qui s’est passé". " Je ne sais pas pourquoi on n’a pas cherché".
"À votre domicile on a retrouvé un portable qu’il dit avoir perdu le 26 février sur l’ancien pont de Plougastel Daoulas…", "C’est n’importe quoi, je n’ai pas de portable !". Il s’agace.
Dans toutes ses descriptions, Hubert Caouissin donne toujours de nombreux détails, il déroule une logique dans ces choix, donne une explication à tout. "Si je jette l’arme sur la route, les gars qui font le bord des routes vont le trouver. Le pont de l’Iroise s’est mieux".
L'audience est suspendue avant une reprise en début d'après-midi avec les questions des parties civiles.
"J’étais déterminé, mais il a préféré un papa vivant"
Me Méchineau, avocat du fils de Hubert Caoussin, demande à celui-ci, "Votre enfant indique que vous lui avez relaté les faits le 4 mars". "Jean à une mémoire académique, pas une mémoire d’adulte", répond l'accusé.
"Vous ne pensez pas qu’il était jeune pour lui parler des faits". "J’aurais préféré qu’il soit plus âgé".
"Vous lui avez demandé si vous deviez vivre ou mourir ?". "Je lui ai dit que ce que j’avais fait allait lui pourrir la vie. J’étais déterminé, mais il a préféré un papa vivant".
Me Pacheu : "Pascal n’a jamais été violent envers vous". " En 2013, il m’a bousculé, mais je ne sais pas si c’était intentionnel". "Et Sébastien, non jamais".
Me de Oliveira : "Dans quel ordre sont morts Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte ?"." Je ne sais pas".
"L’or qui en parle le premier ?", "C’est Renée (Troadec, la mère de Pascal et Lydie, moi je parle de magot". "Vous croyez que Tracfin va être intéressé par cette histoire ?" "Non, mes recherches portaient sur leurs voitures, je voulais savoir qui nous poursuivait".
"Vos théories survivalistes ne vous empêchent pas de disposer d’argent, 100 00 euros d’épargne des biens…", " Tout le monde danse en sachant que la salle de bal va s’effondrer, mais tout le monde reste parce que c’est sympa". Me de Oliveira marque un silence. Il ajoute : "je peux vous expliquer si vous voulez". "Non merci ça ira !" lui répond-elle.
L’avocate générale, à propos de pascal troadec, "Vous pensez qu’il avait un autre domicile ?", "Du côté de Perpignan. Il avait parlé d’un bien dans le sud-ouest, il parlé à Renée d’inondations près de chez lui". "Vous aviez peur qu’il vous tue". "Pas lui mais des gens". " Avez-vous remarqué que vous prêtiez à Pascal des traits qui sont les vôtres, maison cachée, maladie, arrêt maladie… ", "Je ne comprends pas la question".
"J’ai sauvé ma vie"
Le procureur : "Vous dites que vous avez mis des petits coups, mais un pied de biche qui rentre dans la boite crânienne ce n’est pas un petit coup". "Je suis d’accord". "Vous nous dites avoir mis le pied pour le retirer". "Je l’ai dit, je ne l‘ai pas fait", la salle murmure.
Me Larvor, avocat d'Hubert Caoussin. "Vous dites que Pascal dit dans le garage : je vais te tuer". "Oui j’ai sauvé ma vie".
Me Fillon, l'autre avocat d'Hubert Caoussin. "Est-ce que ce récit long que vous faites sans questions, c’est pour éviter que l’enquêteur ne vous en pose". "Je vide mon sac, un grand déversoir, y a quelque chose qui ne va pas, tout un ensemble qui me perturbe. C’est le chaos. Je ne sais pas tout. A ce moment-là". "Pourquoi vous mettez vous à pleurer devant l’enquêteur ?"."J’ai vu Sébastien, tout ça".
Question d’un juré : "Le sang apparait massif, malgré un nettoyage, comment expliquez-vous, alors que vous avez utilisé un objet contondant, il y a eu autant d’extériorisation de sang, au point d’être couvert de sang, d’un nettoyage qui a duré 24 heures…", "Pour Sébastien, il y a eu une perforation, pour Pascal il y a eu plusieurs coups dans la maison, pour Brigitte, elle saignait abondamment de la tête". "Et pour Charlotte ?", "Il n’y a eu qu’un coup".
La présidente : "Vous n’avez pas appelé les secours, vous n’avez rien dit lors de la première garde à vue…", "Je refoule". "Est-ce que, aujourd’hui, vous nous avez dit la vérité, ou y a-t-il encore des zones d’ombres que vous dissimulez". "Je dis ce que je voyais".
"Ma question, je vous dis les choses très clairement je ne parle pas de préméditation, la question est de savoir si vous n’avez pas été animé d’une très forte colère, un moment de forte tension psychique, donner la mort pour sauver votre peau?", "Pas la colère, la peur".
"Pour Pascal je suis resté debout, je lui ai demandé pardon, je n’ai pas pleuré"
Hubert Caouissin revient longuement sur la manière dont il sort les corps de la maison. Comment il cache les visages, à l’aide de sacs plastiques, de foulards, qui ne tiennent pas, quand il les charge dans la voiture.
Raconte d’un ton monocorde et bas, comment il leurs demande pardon. Comment il pleure en s’allongeant à côté d’eux, en commençant par Sébastien, puis Charlotte. "Pour Pascal je suis resté debout, je lui ai demandé pardon, je n’ai pas pleuré".
La présidente : "Vous dites que vous avez parlé à Brigitte, que lui dites-vous ?", "Elle m’a parlé. Je lui ai dit que c’est eux qui avaient commencé. Je lui ai demandé pardon". "Elle vous parle ?". "Je sais bien que ce n’est pas possible".
Hubert Caouissin raconte comment il a chargé les corps dans la 308. Brigitte, puis Sébastien, puis Pascal dans le coffre. Charlotte sur la banquette arrière. Lydie attend plusieurs heures dans le quartier.
La présidente : "Le pardon semble moins fort pour Pascal…", "J’avais tellement pleuré pour Sébastien et Brigitte… j’étais sec". "Pour Charlotte vous pleurez à nouveau". "Oui mais j’ai demandé pardon à Pascal".
"Je ne savais pas où les mettre"
Hubert Caoussin est arrivé à Pont-de-Buis, dans les Finistère, le 18 dans la matinée. Il explique avoir zfait des manœuvres avec les véhicules pour éviter qu’on nous voie du village". "Si votre idée est de les cacher, pourquoi les ramener sur votre propriété, comment expliquez-vous ça ?" lui demande la présidente. "En revenant à Orvault je voulais tout cacher. Il ne s’est rien passé, il ne pouvait pas rester chez eux. Je ne savais pas où les mettre". "Vous auriez pu les mettre à la mer…", "Je ne pense pas comme ça".
Me de Oliveira le questionne.
"Quand vous rentrez à Pont-de-Buis, Lydie ne vous demande rien ?", "Je ne sais plus. Je voulais tout effacer, je ne voulais pas que ça se réalise. Je pense qu’elle devait-être choquée", dit Hubert Caouissin.
"Le trou noir c’est quand vous rentrez à Pont-de-Buis ? De 8h du matin à 23h il y a un tour noir", "Oui sans doute". "Mais vous lui demandez d’aller acheter les sacs les plus grands possibles, de laver votre veste". "Je ne sais pas". "C’est un trou noir dans lequel vous avez de bonnes idées !". "Non c’est dément !", "Ce n’est pas dément Mr Caouissin, c’est parfaitement intelligent ".
Hubert Caouissin est accusé de "meurtre précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime" et "atteinte à l'intégrité de cadavres". Lydie Troadec, son ex compagne, comparaît pour "recel de cadavres" et "modification des preuves d'un crime".
Au premier jour du procès, mardi 22 juin, Lydie Troadec a décrit à la barre le contexte d'une haine familiale ancienne et mystérieuse entre elle et son frère Pascal, au premier jour du procès du quadruple meurtre de la famille.
Mercredi 23 juin, c'est la vie d'Hubert Caouissin qui a été examinée. "Compulsif", "obsessionnel" et volontiers paranoïaque, Caouissin, toujours "ancré dans le passé" et convaincu de l'existence du "magot" qui l'a conduit au quadruple meurtre de la famille Troadec.
Jeudi 24 juin, la personnalité des quatre victimes a été évoqué. Une journée riche en émotions.
Vendredi 25 juin, la journée a été consacrée aux témoignages des enquêteurs.
Le procès des deux accusés se tient aux assises de Loire-Atlantique à Nantes jusqu'au 9 juillet prochain.
Hubert Caouissin, 50 ans, comparaît depuis le mardi 22 juin et pendant trois semaines devant la cour d'assises de Loire-Atlantique. L'ancien ouvrier chaudronnier de l'arsenal de Brest encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Lydie Troadec, 51 ans, comparaît libre. Elle encourt trois ans de prison et 45 000 euros d'amende pour modification de scène de crimes et recel de cadavres.