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Présidentielle : qui vote pour Éric Zemmour ? Cinq portraits d'électeurs

ÉLYSÉE 2022 Rassemblés dimanche sur la place du Trocadéro de Paris pour tenter de relancer une candidature qui s'essouffle, à deux semaines du premier tour, plusieurs dizaines de milliers de sympathisants ont répondu à l'appel d'Éric Zemmour. Qui sont-ils ? Portraits d'électeurs.   Anciens fillonistes, déserteurs du Rassemblement national, soutiens de la Manif pour tous, plusieurs milliers de personnes – 100 000 selon Éric Zemmour – étaient rassemblés, dimanche 27 mars, place du Trocadéro à Paris. Ils sont venus soutenir le candidat d'extrême droite, à la peine dans les sondages avec 10 % des intentions de vote. Qui sont les électeurs de Reconquête !, le tout nouveau parti fondé par le désormais ex-journaliste ? France 24 est allé à la rencontre de certains de ses indéfectibles soutiens.   Casquette "Zemmour 2022" vissée sur la tête et médaille de baptême en exergue, Eugénie, 18 ans, étudiante en philosophie à Paris, avait déjà battu le pavé dans la capitale lors de la Manif pour tous en janvier 2013 pour s'opposer à la loi en faveur du mariage homosexuel en France. Dimanche, la jeune femme est de nouveau descendue dans la rue à l'appel du candidat de Reconquête !, car "c'est important de montrer qu'il n'est pas seul, comme les médias peuvent le laisser entendre. Il est au contraire soutenu par de nombreux Français. Les gens y croient", s'enthousiasme celle qui votera pour la première fois. "Jamais je n'aurais pensé que je soutiendrai un jour un candidat avec autant de ferveur", se réjouit la future électrice, enchantée à l'idée de se rendre pour la première fois dans un isoloir. "C'est une chance de pouvoir voter pour la première fois pour un candidat qu'on aime vraiment". Sincère, juste, honnête, patriote, les épithètes dithyrambiques n'en finissent plus dès qu'il s'agit d'évoquer l'ex-pamphlétaire. Mais ce qu'Eugénie aime par-dessus tout chez Éric Zemmour, c'est son amour de la France. "Et le fait qu'il soit le seul à défendre les valeurs chrétiennes". Catholique pratiquante, l'étudiante en sciences humaines estime qu'il est "le seul à clairement remettre en cause le mouvement transhumaniste. Or aujourd'hui, les questions bioéthiques participent en large partie de la déconstruction de la société." Même si Eugénie le reconnaît, ces questions ne sont pas le cœur de son programme. Il y a aussi et surtout l'immigration. Mais là aussi, la jeune fille souscrit à toutes les mesures. "C'est bien d'accueillir les étrangers, on doit avoir une part d'humanité. Mais quand il n'y a pas d'assimilation, on ne peut pas non plus abandonner notre culture". L'ardente supportrice sait tout de même que son candidat n'est pas le favori pour le second tour. S'il échoue, elle votera pour Marine Le Pen.   Cigarette aux lèvres, veste en cuir, Marc scrute la foule. "J'habite pas loin, il fait beau, je suis venu prendre la température", commence par dire celui qui a déjà participé à plusieurs manifestations de Florian Philippot (ex-Front national, fondateur du parti Les Patriotes). Anti-passe sanitaire et anti-vaccin [contre le Covid-19], le quinquagénaire se présente comme le "canard boiteux de la famille". "Je ne me suis pas fait vacciner, contrairement à ma mère et mon frère qui sont vendus à Macron". Né d'un père yougoslave et d'une mère française, il se reconnaît dans le parcours familial d'Éric Zemmour, dont les parents qui sont des immigrés d'Algérie. "D'ailleurs, il y a beaucoup de personnes issues de l'immigration et d'étrangers qui se retrouvent en lui", assure-t-il. Étrange paradoxe : ce fils d'immigré redoute pourtant par-dessus tout le "grand remplacement", dont Éric Zemmour s'est fait le chantre. L'ancien étudiant en classe préparatoire de mathématiques, aujourd'hui auto-entrepreneur à mi-temps dans le BTP affirme le constater chaque jour à travers ses déplacements dans certains quartiers de la capitale et en banlieue. "En cinquante ans, j'ai vu le nombre de femmes voilées augmenter, ça n'est pas qu'une théorie, on le voit partout, ça crève les yeux". Outre ses positions sur l'immigration et le renvoi des étrangers dans leur pays, ce Parisien est aussi sensible au discours d'Éric Zemmour sur la sortie de l'Otan, la ruralité, l'éducation ou encore le "wokisme". "Enfin un candidat qui s'en prend au discours anti-raciste, féministe, LGBT, qu'on rabâche partout dans les médias".   Ana, 53, est portugaise, "mais très bien assimilée, comme veut Zemmour", confie dans un grand sourire cette mère de quatre enfants. "D'ailleurs, tous mes enfants portent des prénoms français, c'est important pour bien s'intégrer", poursuit la quinquagénaire qui n'aurait raté ce grand raout politique pour rien au monde. Venue spécialement de Bellême (dans l'Orne en Normandie), elle n'a dormi que quelques heures pour écouter une nouvelle fois son candidat. Car Ana n'en est pas à son premier meeting. Admiratrice de la première heure, elle a d'abord été séduite par ses prestations télévisées comme chroniqueur dans les années 1990, et elle a lu tous ses livres. C'est donc naturellement qu'elle se rend à ses meetings quand elle n'est pas devant les fourneaux du restaurant où elle officie comme cheffe. Catholique pratiquante, cette ancienne supportrice de François Fillon en 2017 ne voit aujourd'hui qu'Éric Zemmour pour défendre les valeurs chrétiennes. "Il est le seul à proposer un projet pour sauver notre civilisation du grand remplacement. Nous sommes un peuple de fin de race qui court à sa perte. Heureusement qu'il mobilise les forces vives du pays. Il est une chance." Ana est convaincue qu'avec Éric Zemmour à la tête de la France, la guerre en Ukraine n'aurait pas eu lieu. "Il aurait su négocier avec Poutine, car c'est un homme qui veut la paix".   "Je le soutiens depuis le premier jour, j'ai pris ma carte d'adhésion au parti Reconquête ! dès que j'ai pu", raconte Florent, 40 ans, polo violet et pull sur les épaules. "J'aime à la fois ses idées, sa personnalité, mais aussi son parcours familial et personnel. Il est le seul à porter un regard lucide sur la situation, notamment sur l'immigration." Marié, sans enfant, Florent s'inquiète aussi du "grand remplacement […] qui est déjà en action", selon lui. "J'ai grandi dans les Hauts-de-Seine, et j'ai pu voir le phénomène grandir au fil des années. Si je peux constater qu'il y a une augmentation du nombre de femmes voilées dans une ville chic comme Saint-Cloud où j'habite, c'est que l'immigration est partout. Que deviendra le pays dans vingt ans ?  Il y a urgence à agir". Conseiller principal d'éducation, il est aussi sensible au discours du candidat sur l'Éducation nationale. "Je fais chaque jour l'expérience du grand décrochage scolaire. Il faut aussi remettre de l'ordre dans un système devenu défaillant". Persuadé il y a encore quelques semaines que son candidat allait remporter la présidentielle, il est de plus en plus pessimiste devant les derniers sondages. Si Éric Zemmour n'était pas qualifié au premier tour ? "Sans aucune hésitation, je voterai pour Marine Le Pen", assène celui qui votait déjà auparavant pour la candidate du Rassemblement national. "Tout doit être fait pour dégager Emmanuel Macron".    Adjointe administrative à la préfecture du Val-de-Marne, Séverine, 42 ans, est venue d'Orly, en région parisienne, pour soutenir son candidat. "Mais s'il avait fallu venir de plus loin, j'aurais aussi fait le déplacement", précise la quadragénaire venue au meeting avec son compagnon. Adhérente au parti Reconquête ! depuis décembre, elle a définitivement délaissé Marine Le Pen, qu'elle soutenait auparavant. "Je n'ai pas apprécié qu'elle qualifie Zemmour 'd'extrême droite'. Et puis sa sortie sur les nazis de son parti alors qu'elle est confrontée au même problème, c'est quand même absurde, estime celle qui ne se sent "ni de droite ni de gauche". Sous le charme des idées portées par l'ancien journaliste, elle ne tarit pas d'éloges : "Il incarne la simplicité, la droiture, la franchise. Ce n'est pas un homme politique, c'est un homme du peuple, il est comme un ami de la famille." Elle va plus loin : "Moi qui n'ai pas eu de père, c'est simple, j'aurais aimé qu'il soit le mien quand je vois l'attention qu'il porte à ses enfants." Séverine assure qu'elle n'a aucun intérêt personnel à le soutenir. "Je ne vis pas à la campagne, mais je trouve juste l'aide de 10 000 euros qu'il propose aux familles rurales. Je ne suis pas mariée, mais je trouve aussi bien qu'il aide les femmes veuves." Mère de deux filles, elle aimerait tout de même que son leader vienne à bout "du déclin de l'Éducation nationale". "Ma fille de 12 ans a constaté qu'elle avait le même programme d'Histoire que sa petite sœur qui est en CE1. Il y a quand même un problème", soulève la mère inquiète pour l'avenir de ses enfants. Quant aux accusations de misogynie faites contre son candidat, elle les balaye d'un revers de main. "Ces accusations sont portées par la propagande adverse. Elles sont totalement infondées. J'ai même l'impression qu'il y a plus de femmes que d'hommes dans ses meetings", estime la militante qui, à chaque salve d'applaudissements, brandit sa pancarte "Les femmes avec Zemmour" et son drapeau français.  

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