Présidentielle : François Bayrou veut aider Le Pen, Mélenchon et Zemmour à obtenir leurs parrainages
Le président du MoDem, François Bayrou, a annoncé la création d'une "banque de parrainages" pour les candidats importants ayant du mal à recueillir les 500 signatures d'élus nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle.
Le président du MoDem François Bayrou a annoncé jeudi matin la création d’une "banque de parrainages" pour aider les candidats bien placés dans les sondages mais qui peinent à recueillir leurs 500 signatures.
François Bayrou, sauveur de la démocratie ? Le président du MoDem a annoncé, jeudi 10 février, la création d'un site qui propose aux maires de parrainer les candidats qui "atteignent 10 % dans les sondages" mais n'ont pas obtenu les 500 signatures nécessaires, pour éviter selon lui une situation qui représente "un risque immense" pour la démocratie.
"C'est une banque de parrainages démocratiques", pour que "les maires se regroupent et se répartissent les signatures nécessaires", a expliqué le leader centriste sur BFMTV et RMC, précisant qu’un site dédié était déjà lancé : notredémocratie.fr.
Il permettra aux maires, qui "ont le sentiment que la publicité qui va être faite à leur signature va être interprétée comme un soutien à des candidats", de parrainer des candidats, avec comme condition "un critère simple : atteindre 10 % dans les sondages", soit "4 millions d'intentions de vote", a-t-il indiqué.
L’offre de François Bayrou ne concerne donc pas des candidats comme Christiane Taubira (Indépendante), Philippe Poutou (NPA), François Asselineau (UPR), Hélène Thouy (Parti animaliste) ou encore Anasse Kazib (Révolution permanente), tous en peine pour collecter leurs 500 parrainages, mais également très loin des 10 % d’intentions de vote dans les sondages.
"Je trouverais anormal, et même scandaleux, qu'ils ne puissent pas se présenter"
En revanche, Marine Le Pen (RN), Éric Zemmour (Reconquête!) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) sont directement concernés. Hauts dans les sondages, ils reconnaissent tous les trois avoir des difficultés à obtenir leurs 500 signatures. "Est-ce que des candidats qui sont à ce niveau-là peuvent être écartés de l'élection par le mécanisme des parrainages ?", a interrogé François Bayrou.
Les candidats ont jusqu'au 4 mars pour collecter ces signatures. Dans la toute dernière publication des décomptes faite par le Conseil constitutionnel, jeudi 10 février à 17 h, Marine Le Pen en était à 274, Jean-Luc Mélenchon à 258 et Éric Zemmour à 181.
L’éphémère ministre de la Justice d’Emmanuel Macron a surtout insisté sur le côté "transpartisan" de son initiative : "C'est une démarche qui consiste à dire ‘nous sommes les garants de la démocratie’", a-t-il souligné, face à un "risque de déstabilisation, de perte de confiance, de sentiment que l'élection ne sera pas sincère", selon lui.
Ce n'est "pas pour dire que nous sommes d'accord avec" ces candidats "de premier plan", mais c'est "pour qu'(ils) puissent se présenter". "Je ne suis pas de l'avis politique de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Éric Zemmour, mais je trouverais anormal, et même scandaleux, qu'ils ne puissent pas se présenter", a-t-il affirmé.
"Un exercice de communication"
Du côté des principaux intéressés, on souffle le chaud et le froid. La proposition de François Bayrou est accueillie avec beaucoup de scepticisme du côté de La France insoumise. "On souhaite faire en sorte que la candidature de Jean-Luc Mélenchon soit le résultat de notre travail", a ainsi réagi le directeur de campagne du candidat LFI, Manuel Bompard, contacté par France 24.
Pour ce dernier, il y a "une forme de duplicité assez déplaisante" dans l’annonce du président du MoDem. "Cette proposition donne le sentiment que M. Bayrou veut se donner une image de sauveur de la démocratie alors que quand des propositions législatives ont été émises par des députés LFI pour réformer ce système des 500 parrainages, les députés MoDem ont voté contre. On aurait bien aimé avoir le soutien de M. Bayrou à l’époque. Il y avait mieux à faire qu’un exercice de communication dans la dernière ligne droite."
Du côté du Rassemblement national, en revanche, l’initiative est saluée. "Je n’ai jamais voté François Bayrou mais je reconnais que c’est un homme qui a une éthique et une droiture. Il considère que le système de parrainages est grippé aujourd’hui. (…) Il va permettre à des gens qui représentent des millions d’électeurs de se présenter à l’élection présidentielle", a affirmé Sébastien Chenu, porte-parole de Marine Le Pen, sur franceinfo.
L’équipe d’Éric Zemmour, elle, n’a pas réagi à l’annonce de François Bayrou et n’a pas donné suite aux sollicitations de France 24.
Avec AFP